Une nouvelle Constitution, la Côte d’Ivoire en aura besoin après la défaite électorale du Rhdp en 2020 (Alain Lobognon)

Je voterai NON à une modification constitutionnelle…

Dans ma vie politique, j’ai connu et vécu trois périodes de l’histoire tumultueuse des Changements Constitutionnels en Côte d’Ivoire.
Les deux premières fois, j’avais dénoncé des intentions inavoués des hommes forts au pouvoir d’écarter de la course au pouvoir, un adversaire gênant. Alassane Ouattara était le choix d’une partie de la classe politique et d’une partie du Peuple, qui rêvaient d’élections justes et démocratiques en Côte d’Ivoire pour porter sur lui leurs voix. Au sein du Gouvernement, l’on ne voyait pas les choses sous cet angle. Et malgré les moyens légaux utilisés pour modifier la Constitution ivoirienne, je n’avais point renoncé à incarner l’une des voix publiques qui dénonçaient une Constitution taillée sur mesure pour écarter un adversaire que l’on refusait de croiser à la régulière, par crainte de perdre le pouvoir d’Etat.
Ainsi en 1998, lorsque plusieurs articles de la Constitution de 1960 fut modifiée par une large majorité de l’Assemblée, mon parti d’alors, le RDR fut le premier à crier au tripatouillage constitutionnel. Première période.
En juillet 2000, malgré un appel officiel du RDR à voter OUI au référendum Constitutionnel, c’est encore au sein du RDR, que nous dénoncions le plus une Loi taillée sur mesure pour empêcher notre champion à devenir Président en Côte d’Ivoire. Deuxième période.
C’est conscient de tous les drames nés de nos colères à cause des manipulations constitutionnelles, que membre du Gouvernement en février 2014, j’ai ouvertement exprimé mon opposition à toute modification de l’article 35 de la Constitution. Je l’avais fait au nom et pour la mémoire de ces vies innocentes brutalement perdues à cause de la Constitution. Nombreux sont ceux qui avaient été séduits par mon argumentaire. Je tiens à leur faire un clin d’œil. Ils se reconnaîtront.
C’est encore au nom d’intentions inavoués qu’en octobre 2016, je me suis abstenu de soutenir le projet de Constitution de la Troisième République en Côte d’Ivoire. J’avais relevé plusieurs points dont l’adoption prouve aujourd’hui ce recul démocratique que les défenseurs d’une modification en 2019, avaient balayé de la main. Même l’introduction d’une simple virgule fut impossible en octobre 2016. Troisième période.
Je ne regrette pas aujourd’hui d’avoir dit NON à cette Constitution que le Président de la République, à la veille du 59ème anniversaire des festivités de notre accession à l’Indépendance, entend modifier.
En tant qu’élu de la Nation, je voterai NON à toute modification de notre Constitution, qui en 2016, a été présentée par certains juristes et constitutionnalistes comme la plus moderne et achevée jamais instituée dans un pays démocratique.
Je voterai NON à toute modification de la Constitution de 2016 à l’instar de la majorité des Députés de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire.
Une nouvelle Constitution, la Côte d’Ivoire en aura besoin après la défaite électorale du Rhdp en 2020. Et cette Constitution sera une Constitution consensuelle qui sera appelée à survivre au temps et aux générations citoyennes qui se succèderont dans la future Nation ivoirienne. C’est ce que m’inspire ce 59ème anniversaire de l’Indépendance de notre pays.
Pensées émues pour ces soldats de la République, qui répondant aux consignes des institutions incarnant la République, croulent ce 7 Août 2019, derrière les barreaux des prisons. J’avais tant rêvé les voir enfin libres. Que le Seigneur les assiste!

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Alain LOBOGNON,
Député de la Nation,
Vice-président du MVCI