Okossissi Babanico Lo : «Le président Henri Konan Bédié est un grand homme d’Etat, un homme de paix »

Okossissi Babanico Lo fait partie de la diaspora ivoirienne très active sur les réseaux sociaux depuis l’éviction du régime de Laurent Gbagbo en avril 2011 en Côte d’Ivoire.  Il partage son point de vue sur le dernier développement de l’actualité ivoirienne avec des questions portant notamment sur l’acquittement de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, la nouvelle plateforme esquissée par Henri Konan Bédié et la trajectoire de Guillaume Soro depuis sa démission de la présence du parlement ivoirien. 

Qu’entendez-vous mener comme actions pour faire revenir vos « champions », Laurent Gabgbo et Blé Goudé, en Côte d’Ivoire avant les échéances électorales de 2020 ?

L’acquittement de nos leaders dont le président Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé mué en libération conditionnelle par l’impérialisme que le rastafarisme a baptisé  »Babylone » est un coup de force pour démontrer encore une fois la suprématie du système occidental sur nous Africains. La leçon qu’ils veulent nous amener à tirer est que nous sommes et nous resterons faibles face à leur rouleau compresseur politico-diplomatique.

Nous nous réjouissons au prime abord de la qualité du verdict rendu par la Cour Pénale Internationale le 15 janvier 2019 sur l’acquittement de nos deux leaders. Nous n’en sommes d’ailleurs pas surpris pour avoir été des témoins de l’actualité très récente de la Côte d’Ivoire depuis le déclenchement de la crise en 2002 avec la partition de notre pays en deux sous l’action de la rébellion conduite par Guillaume Soro et le Mouvement Patriotique de Côte d’Ivoire et qui est devenu par la suite les Forces Nouvelles.

Quelle est aujourd’hui, selon vous,  la préoccupation première de la jeunesse ivoirienne que vous représentée ?

Nous le pensions et nous le disions, la justice internationale l’a confirmé, Laurent Gbagbo et Blé Goudé sont bel et bien innocents de tous les crimes qui leur ont été attribués par le pouvoir d’Abidjan. Nous, jeunes Ivoiriens, notre première préoccupation est la réconciliation entre tous les fils et toutes les filles de la Côte d’Ivoire et garder notre tradition de pays hospitalier. Pour revenir à votre question, deux tableaux se présentent à nous afin de définitivement couronner notre victoire avec le retour de nos leaders en Côte d’ivoire.

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Lesquels ?

Le premier se résume à l’usage efficace des réseaux sociaux par la diaspora dont j’en suis personnellement membre pour dénoncer les frasques anti-démocratiques, les propensions autoritaires et dictatoriales du régime d’Alassane Ouattara ainsi que les manigances de son réseau à l’international. Le second tableau dans lequel nous nous inscrivons est celui déjà initié par le Président du PDCI-RDA, Henri Konan Bédié c’est-à-dire faire bloc autour de la Côte d’Ivoire afin de la sauver avec à l’esprit les paroles de l’Abidjanaise, de notre hymne nationale qui nous rappelle notamment que « Fiers ivoiriens le pays nous appelle. Si nous avons, dans la paix, ramené la liberté, Notre devoir sera d’être un modèle. De l’espérance promise à l’humanité. En forgeant, unis dans la foi nouvelle. » Nous nous inscrivons dans cette voie qu’il nous montre car nous sommes conscients de la justesse de cette cause qui, fort heureusement, (…),  met la nation ivoirienne au cœur des préoccupations. Nous n’avons pas d’appréhension et nous sommes d’ailleurs heureux que le Président Bédié soit sorti de son long sommeil. Il n’est jamais tard pour mieux faire…

Donc vous accueillez favorablement cette plateforme initiée par le président du Pdci-Rda, Henri Konan Bédié qui devrait mettre dans un même moule son parti en plus du Fpi de Laurent Gbagbo, Guillaume Soro et bien d’autres ?

Le président Henri Konan Bédié est un grand homme d’Etat, un homme de paix qui par le fait de la manipulation, d’injonction et de chantage a joué le jeu des ennemis de l’Afrique. Nous devons l’aider à unifier les cœurs et les esprits autour de la Côte d’Ivoire et j’y adhère. Son initiative de créer une plateforme réunissant lui et Laurent Gbagbo en l’occurrence est une initiative salutaire et la porte de sortie définitive de la crise qui secoue la Côte d’Ivoire 2002. A ce jour en Côte d’Ivoire, seule une plateforme politique incluant Laurent Gbagbo peut dérouter la machine impérialiste avec comme pivot le président Ouattara. Et cela doit servir d’exemple pour le reste de l’Afrique.

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Le Président Bédié n’a jamais dormi. Il se trouvait à mon avis pris dans un imbroglio dont les instigateurs étaient ceux que j’appelle les gardiens de ses biens, c’est-à-dire l’occident. Les donnes ont changé et aujourd’hui il a tout intérêt de faire pour son pays ce qu’il aurait dû faire depuis. Je ne dirais pas que c’est un réveil tardif  mais plutôt d’un réveil qui tombe à pic. Maintenant est-ce qu’il est prêt à aller jusqu’au bout, nous nous en tenons désormais à ses actions par lesquelles il devrait continuer de nous le démontrer.

Récemment, le président de l’Assemblée Nationale de la Côte d’Ivoire Guillaume Soro, dans son discours annonçant sa démission le vendredi 8 février 2019 disait « J’ai décidé de sacrifier mon poste pour la paix et pour la réconciliation comme je l’ai fait par le passé ». Que vous inspire cette déclaration?

L’ex-président de l’Assemblée nationale Soro Kigbafory Guillaume fait partie de ces jeunes Africains qui, pour moi, font la honte de notre génération ; car c’est bien lui qui a tenté de donner une connotation civile à cette guerre menée par la France contre la Côte d’Ivoire.
Je le considère personnellement comme un agent de l’Occident. Pareil pour ses alliés d’hier. A travers cette phrase, -, j’en perçois tout l’égocentrisme du monde réuni en une seule personne. Le pronom personnel « Je » qu’il utilise à profusion a achevé de me convaincre de sa priorité qui est lui-même et non la Côte d’Ivoire.
Sa démission ne lui redonne une virginité donc nous ne saurions compter sur lui dans notre lutte pour l’émancipation totale et complète de l’Afrique. L’Afrique a besoin de modèle

 Vous ne cachez pas votre suspicion et vous êtes de ceux qui doutent de la bonne foi et de la sincérité de Guillaume Soro lorsque qu’il parle de paix et de réconciliation des Ivoiriens. Quelles sont les motivations qui vous inspirent autant de méfiance quant à sa nouvelle posture d’opposant à Alassane Ouattara ?

Le mot suspicion serait trop faible pour décrire ce que je perçois lorsqu’il s’agit de l’ancien président du parlement ivoirien. Je lui accorderai un commencement de confiance lorsqu’il se repentira. J’estime que si aujourd’hui Guillaume Soro est autant « déchaîné », c’est tout simplement parce qu’il se sent trahi par ses partenaires d’hier avec qui il a œuvré-. L’Afrique devrait en avoir honte et son passé le disqualifie très largement de toute ambition présidentielle comme il ne s’en cache d’ailleurs plus en disant clairement qu’il a « rendu le tabouret pour aller chercher le fauteuil».

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Pour conclure, au regard de tout ceci, comment entrevoyez-vous les échéances électorales de 2020 en Côte d’Ivoire ?

Pour être franc avec vous, j’estime que la priorité des priorités en Côte d’Ivoire est la réconciliation de tous ses fils et de toutes ses filles. Les élections de 2020 peuvent être remises à plus tard. Elections d’accord, mais la réconciliation d’abord ; car ces prochaines élections de 2020 peuvent davantage creuser le fossé de celle de 2010 et de la plus récente, à savoir les dernières élections locales de fin 2018. Les Ivoiriens du moins les partisans du Front Populaire Ivoirien ont besoin de leurs leaders Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé. Il faut donc les rassurer en permettant que ceux-ci retournent chez eux. Il ne faut pas se leurrer, la tension est palpable entre les Ivoiriens et les débats restent passionnés et passionnels  et 2020 risque de mettre le feu à la poudre si la présidentielle reste la priorité de nos gouvernants.

Au terme de notre entretien et en guise de conclusion, je dirais que je suis  un Ivoirien qui a mal de voir son peuple dans le désarroi, de voir nos Etats africains dirigés par des délégués de l’occident et j’estime que le Président Alassane Ouattara en est la meilleure illustration.
A cet effet, j’invite les peuples ivoiriens et burkinabè à garder leur unité et leur cohésion qui traversent le temps et l’espace. Que nos deux jeunesses se parlent et s’échangent les expériences pour un meilleur avenir de nos deux peuples. L’Afrique est trop riche pour que les Africains meurent de faim, meurent d’absence de soins de santé et de sécurité sociale.

Source : Burkina 24.