Boa Bonzou (Homme politique et Opérateur agricole) « La Filière agricole se porte mieux aujourd’hui »

Interview réalisée par Nando Dapa et l’Upl-ci

Il est l’un des grands producteurs du binôme café-cacao dans la région de l’Ingénié. Boua Bonzou, natif d’Abengourou, et défenseur indécrottable du monde paysan, il avait eu maille à partir avec certains barrons de la filière sous le régime FPI à cause de leur gestion opaque et méprisante du secteur. Aujourd’hui  cet  opérateur agricole représente les producteurs au sein du conseil café cacao. Dans cet entretien, il explique les avancées que le monde paysan à connu sous l’impulsion du Président Alassane Ouattara dont il était le porte-parole pour le compte des producteurs lors de la campagne présidentielle de 2010.

Monsieur Boa Bonzou, il y a un peu plus de dix (10) ans on vous connaissait comme un militant actif du Pdci-Rda, comment êtes-vous devenu Rdr et aujourd’hui membre du Rhdp ?

J’ai reçu le Président de la République le 25 juillet 2010  lors de sa tournée de précampagne. Je l’ai reçu chez moi à Abengourou et c’est depuis ce jour que j’ai décidé de militer au Rdr. Il ne me l’a pas demandé mais quand je l’ai écouté, il m’a séduit et il m’a convaincu. J’ai compris tout de suite que c’était un homme compétent et de conviction. C’est pourquoi j’ai décidé de le suivre en y adhérant. Il m’a tellement charmé et il m’a épaté sur tous les plans. Après 40 mn d’entretien avec lui, j’ai décidé de militer dans cette formation politique sans que lui-même ne me le demande. Même jusqu’à ce jour, je me demande s’il sait que je milite au Rdr.

Qu’est-ce que le Président a pu bien vous dire pour que vous tombiez aussi vite sous son charme ?

Ecoutez, un entretien c’est autour de plusieurs sujets à la fois. Entre autre le cas de nous les paysans, producteurs de café cacao notamment. Quand, je l’ai écouté, je me suis dit que voilà quelqu’un qui est sincère et concret qui pourras aider les paysans à sortir de leurs difficulté. Et il m’a désigné comme son porte-parole auprès du monde paysan pendant la campagne de 2010.

Croyez-vous avoir réussi votre mission en tant que porte-parole du monde paysan pour le compte du Président Alassane Ouattara et du Rdr ?

Oui je crois avoir réussi, toute modestie mise à part. Car vous savez, j’ai conduit une caravane nationale du monde paysan et nous sommes allés dans des contrées où il était difficile d’accès pour le Rdrà l’époque mais j’ai fait de mon mieux pour que nous soyons acceptés. Et je pense que nos efforts ont porté.

En tant qu’un des acteurs clés de la filière café -cacao, dites-nous comment se porte la filière aujourd’hui

J’ai eu à faire beaucoup de tournées, j’ai visité plusieurs régions et échangé avec beaucoup de collègues. Il est vrai que les moyens ne m’ont pas permis de boucler toute la boucle. Mais ce que je puis vous dire c’est qu’aujourd’hui au moment où nous parlons, nous pouvons dire que la filière se porte très bien.

Qu’est-ce qui vous faire dire cela ?

Oui je le dit parce qu’aujourd’hui, nous assistons le monde paysan. D’ailleurs, au moment où vous me poser cette question je vous informe qu’une réunion du conseil café cacao se tient en ce moment (Ndlr : samedi 19 janvier 2019) à Yamoussoukro pour envisager la lutte contre les braquages des paysans, les coupeurs de route etc. Vous voyez, aujourd’hui, le paysan se sent assisté et considéré.

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Vous vous êtes décliné comme un exploitant agricole, quels sont les plantes que vous cultivez dans vos plantations ?

Je cultive du cacao, du café et  de l’hévéa.

Comment peut-on évaluer la superficie de ces plantations ?

Modestement tout tourne autour de 80 ha

Depuis quelques années le gouvernement a investi dans les infrastructures socio-économiques notamment les routes, les ponts et biens d’autres. Quelles est votre appréciation au regard de ce qui est réel.  En clair, ce réel peut-il contribuer au développement de votre secteur à savoir le monde rural ?

Ces infrastructures ne concernent pas seulement le monde rural, ce sont des investissements au profit de tous même ceux qui ne sont pas paysans. Le chef de l’Etat a fait instaurer un fonds au sein du conseil café cacao .Ce fonds contribue énormément à l’amélioration des conditions de vie et de travail du monde rural tels, la construction des routes, des écoles, des centres de santé, des ponts, la lutte contre les pathologies agricoles, l’adduction en eau potable, l’appui aux paysans dans divers secteurs etc. Tout ceci ajouté aux efforts que l’Etat lui-même fait au plan national, nous pensons qu’il y a quand même de quoi à reconnaître les améliorations apportées dans le secteur agricole. Il est vrai qu’il existe encore d’énormes besoins mais force est de reconnaître qu’il y a eu du progrès.

Parlant justement de progrès comme vous le dites si bien, quand vous jetez un regard rétrospectif sur dix(10) ans écoulés comparativement à aujourd’hui quelle analyse faites-vous de la situation des planteurs en Côte d’Ivoire ?

Il ne faut pas comparer ce qui n’est pas comparable. Il y a 10 ans, le binôme café cacao était libéralisé. Donc nos barrons qui étaient t à la tête nous fixaient un prix en début de campagne mais le lendemain quand on arrive sur le terrain le prix changeait et l’on achetait à un prix moins que celui qui avait été annoncé la veille. Les prix étaient donc fixés au gré des décideurs. Mais depuis que le Président Alassane et son gouvernement se sont installés, nous sommes allés à la stabilisation. Cela à permis de connaître une amélioration très significative de la situation. N’eut été la chute des cours à l’international, le paysan serait beaucoup envié. C’est en cela je loue l’initiative pris par le Président Alassane Ouattara en collaboration avec son homologue du Ghana pace que ce sont les deux géants du Cacaco. Donc les deux réunis, ils pourront faire fléchir certaines choses à l’international. Regardez par exemple, depuis la stabilisation, quand on fixe un prix le 1er octobre, ce prix est maintenu jusqu’au 31 mars. Or ce n’était pas le cas, il y a 10 ans. C’est ce que je m’évertue à faire comprendre à mes collègues producteurs. Et l’intermédiaire qui n’a pas le même poids que la grande campagne, ça part du 1er avril  jusqu’au 30 septembre. Beaucoup ne comprennent pas or ce sont des choses qu’il faut expliquer continuellement aux paysans.

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A cet effet, que proposez-vous pour le monde paysan ?

Le monde paysan a besoin qu’on soit continuellement à ses côtés pour lui porter le message, il ne faut pas attendre qu’il ait problème. Je me souviens qu’en 2016 quand il y a eu l’engorgement des deux ports, j’ai pris mon bâton de pèlerin avec la Directrice du Conseil café cacao d’alors Madame Massandjé, nous avons fait le tour des producteurs. Moi, ce qui fait ma force c’est que quand les producteurs me voient, ils savent qu’ils ont à faire à l’un des leurs, leur collègue et ils savent que je ne viens pas pour les trahir. Et donc ils m’écoutent par ce qu’ils se sentent rassurés. Ainsi, quand je leur explique, ils comprennent mieux et c’est comme ça, nous avons pu baisser la tension au sein des producteurs qui étaient au départ désemparés.

De par votre position, quelle leçon tirez-vous ?

Nous avons assisté à des conférences à Londres au niveau de l’ICCO, où à cette  occasion j’ai eu à poser des questions à des chocolatiers sur le mécanisme de fixation de la tablette de chocolat qui est  toujours fixe  par rapport au prix du kg du cacao qui varie. Ils ont essayé à leur manière de me donner des réponses. Si je n’avais pas participé à cette mission je n’aurais jamais su comment les choses se passaient à, Londres. Et cela m’a permis d’avoir des arguments pour expliquer et convaincre mes collègues ici au pays.

Quel message à l’endroit des autorités notamment au Président de la République et aux acteurs du monde rural ?

Vous savez depuis 2011, j’ai sollicité une audience auprès du Président de la République  qui m’a promis me recevoir. Jusqu’à présent j’attends cette audience. Donc je profite de votre canal pour réitérer ce désir  ardent de rencontrer le Chef de l’Etat afin de lui parler. Car il y a beaucoup de choses à dire au sujet du monde paysan que je ne saurais dire dans la presse. S’agissant  le monde paysan à proprement parlé, je tiens à dire à mes collègues  paysans de garder espoir. Aujourd’hui avec l’alliance Ghana Côte d’Ivoire  signé entre le Président Alassane et son homologue Nanan  Akouffu Addo,  le cacao va mieux se porter dans les années à venir  car ce sont les deux géants mondiaux  du cacao qui vont se mettre ensemble pour défendre les intérêts des paysans que nous sommes. Aussi, il y a beaucoup de projets initiés par le Président et son gouvernement au profit du monde paysans. C’est pourquoi nous devons garder espoir car le meilleur est à venir.

Sans faire de la politique, le Rhdp a fait son congrès le 26 janvier 2019 dernier, l’objectif selon les organisateurs de cette plate-forme était d’unir les Ivoiriens, de garantir la paix et le développement durable. Alors votre impression et qu’est-ce que cela vous a  inspiré en tant que leader dans le secteur agricole?

Je dirais que c’est un bébé qui vient de  naître depuis le  26 janvier 2019. Cet enfant qui est né, je dis il faut qu’il soit un esprit. S’il devient un esprit pour tout le monde on aura tout gagné. Un bébé esprit, ça veut dire quoi ? Cela veut dire tout simplement qu’il faut le nourrir, l’entretenir pour qu’il grandisse et surtout que tout le peuple se reconnaisse en lui, que l’on soit de l’Est, du Nord, du sud et de l’Ouest en passant par le centre. Voyez-vous, avant il y avait le Pdci-Rda mais comment se fait-il que le Fpi a pu s’implanter partout où il existait le Pdci-Rda ? C’est par ce que le Président Gbagbo a su inculquer l’esprit Fpi en son temps. Alors, nous devons faire les mêmes choses pour le Rhdp, si nous voulons conserver le pouvoir et le gérer longtemps. Il y a beaucoup à dire à ce sujet mais le lieu n’est pas indiqué. Je souhaite rencontrer le Président pour lui révéler certaines choses. Moi par exemple, je suis Akan mais c’est avec conviction que je suis allé au RDR puis aujourd’hui au RHDP. Il faut donner de la considération au militant de base et ne pas se contenter des cadres dits leaders qui sont toujours basés à Abidjan et qui viennent en flash au village. Ceux-là ne peuvent pas avoir la maîtrise du terrain. C’est en cela  je dis qu’il faut faire comme le FPI dont les fédéraux ne sont pas seulement des cadres. Le bébé qui est né ce samedi 26 janvier 2019, on  doit le présenter partout et le confier à la base pour responsabiliser des leaders dans toutes les contrées du pays. Interrogez le Ministre Abinan Pascal, il sait de quoi je parle. Nous devons nous mobiliser autour de ce bébé pour qu’il grandisse rapidement car nous n’avons plus le temps alors qu’il doit être en maturité le plus rapidement possible. C’est en cela je parle d’esprit. Je souhaite bon vent au RHDP et plein succès au Président Ouattara.

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Au terme de notre entretien, un appel à lancer ?

Je demande au chef de l’Etat et à la Grande chancelière de songer à décorer les acteurs du monde paysans à l’occasion de la fête de l’indépendance. C’est vrais que pendant le SARA (Ndlr : Salon régional de l’agriculture) certaines distinctions sont attribuées à des paysans, mais l’indépendance étant la fête nationale, il serait bon qu’à cette occasion la nation reconnaisse publiquement le mérite de certains paysans et planteurs. Car ne dit-on pas que l’économie de ce pays repose sur l’agriculture. S’agissant de l’hévéa don le prix du latex à drastiquement chuté, je sais personnellement que la responsabilité n’incombe pas au gouvernement. Mais c’est ce que je vous disais un peu plus haut, nous les planteurs, nous avons besoin d’être constamment sensibilisés. Donc je demande au gouvernement d’engager une campagne d’explication et de sensibilisation auprès des producteurs d’hévéa car beaucoup de choses se racontent qui n’est pas forcément vraies. Pour terminer, retenez que je suis toujours au service’ de mon parti et de mon pays. Toute tâche que voudra me confier le Président de la République, je suis prêt à l’exécuter comme je l’avais fait en 2010 face à tous les risques.