Politique : « Guillaume Soro, quel avenir politique pour 2020 » ? Les ivoiriens se prononcent.

Par Modestine D. Djédjéh-Afriquematin.net

Collaboration Fatime Souamée

L’interrogation est de taille. Le Rassemblement pour la paix (Raci) a fait le plein ce dimanche 18 novembre 2018, lors du 5è conclave à la patinoire de l’Hôtel Ivoire. Il a demandé officiellement en présence de nombreux invités. « Qu’il (ndlr : Guillaume Soro), pourra compter sur lui (Raci), jours et nuits (…) Il urge que vous posiez dans les meilleurs délais, un acte fort et sans équivoque en vous portant candidat à l’élection présidentielle de 2020 ».  Mais beaucoup d’ivoiriens s’interrogent : « Guillaume Soro, quel avenir politique pour 2020 » ?

C’est lors des négociations entre le gouvernement Laurent Gbagbo et les insurgés à la suite d’un coup d’Etat manqué en 2002, que Guillaume Soro, l’ex- fesciste, s’est proclamé secrétaire général du Mouvement Patriotique de Côte d’Ivoire (Mpci). Le mouvement qui venait de revendiquer le coup d’état manqué en Côte d’Ivoire. Une rébellion qui aura défiguré la Côte d’Ivoire économiquement, socialement, politiquement et même culturellement.

Trois milles morts, des orphelins, des veuves, des invalides, des chômeurs etc. Tout y passe.  Et Seize ans après, les soroïstes parlent de : « Côte d’Ivoire : Construire un Etat de droit avec Soro Kigbafori Guillaume pour une paix durable en Côte d’Ivoire ». Un thème autour duquel s’est déroulé le 5è conclave du Raci. Cet homme n’est personne d’autre que le Président Guillaume Soro… Cet homme s’impose comme le leader naturel d’une nouvelle génération qui va écrire les pages de la Côte d’Ivoire nouvelle en 2020. Cet homme n’est personne d’autre que le Président Guillaume Soro », ont déclaré les organisateurs de ce conclave.

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Pour beaucoup d’ivoiriens, Guillaume Soro traine des casseroles. « N’y avait-il pas la possibilité d’avoir un Etat de droit en 2002 » ? S’interroge Zié César. Et il poursuit : « Nous avons été chassés de Korhogo par ce que nous ne supportions pas ce coup d’Etat », insiste-t-il. Quand Kouadio Eric affirme : « J’étais en classe de quatrième au Lycée Houphouët Boigny de Korhogo. Aujourd’hui professeur de lettres. Nous avons vécu cette histoire et c’est nous qui votons », affirme-t-il.

Pour Kra Justin, si les Soroïstes parlent de bilan, il y a lieu de le faire. « Les gendarmes assassinés à Bouaké, les femmes d’Adjanou à Sakassou, Soro doit nous expliquer les véritables raisons car on ne peut prendre les armes pour des boubous ». affirme-t-il. « Si pour Coulibaly Zié, coordonateur des mouvements et associations soroïstes, l’Etat de droit repose sur trois principes. Le respect de la hiérarchie, de l’égalité devant la loi et de l’indépendance de la justice, est-ce aujourd’hui ? Si oui ? Qu’en était-il en 2002 » ? Se demande Kouassi Guy Raphaël.

Au Burkina également, depuis le coup d’Etat manqué du Général Diendéré contre la transition burkinabé, les réseaux sociaux ont diffusé plusieurs conversations téléphoniques qui auraient eu lieu, entre Guillaume Soro et le Général Djibril Bassolé.  Selon deux sources proches de Zida Premier Ministre de la transition du Brukina Fasso, Guillaume Soro aurait offert un appui financier à Djibrill Bassolé pour soutenir les putschistes.

Il lui aurait proposé de l’argent pour « remotiver » les putschistes et financer des attaques sporadiques de mercenaires contre des casernes burkinabè, situées notamment près de la frontière ivoirienne, pour forcer les militaires loyalistes à desserrer leur étau autour de Naaba Koom. Djibril Bassolé a été arrêté au Burkina Fasso pendant que Guillaume Soro et son entourage nient en bloc ces enregistrements et soutiennent qu’ils n’ont pas été authentifiés. Alors que cette affaire « d’écoutes téléphoniques » n’a pas encore été élucidée et qu’elle occupe l’actualité internationale, des policiers français s’étaient présentés lors de la Cop 21 à Paris, au domicile de Guillaume Soro, sis dans une localité de la région parisienne (95) afin de l’appréhender à son domicile.

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Et pour cause, Sabine Kheris, la doyenne des juges d’instruction du Tribunal de grande instance de Paris avait adressé plusieurs convocations à Guillaume Soro. Selon plusieurs sources judiciaires dignes de foi, l’actuel chef du Parlement ivoirien, devait être auditionné. Face au refus de Guillaume Soro de répondre à ses convocations, alors qu’il séjournait encore en France, la juge a dû lui délivrer un mandat d’amener dans l’affaire « Michel Gbagbo, fils de l’ex-président Laurent Gbagbo ».

En effet, le fils de l’ex-Président avait déposé une plainte le lundi 25 juin 2012 via son avocate Maître Habiba Toure à Paris, avec constitution de partie civile, pour « enlèvement, séquestration, traitements inhumains et dégradants « . Michel Gbagbo, qui possède aussi la nationalité française, avait été arrêté avec son père le 11 avril à Abidjan et détenu jusqu’en août 2013 à Bouna, au moment où Guillaume Soro était le ministre de la défense de Alassane Ouattara.

Guillaume Soro est « malin et ambitieux », selon les milieux politiques. Son entourage est convaincu qu’il est déterminé à se présenter à la présidentielle en 2020. Il est à l’origine d’une manœuvre politique qui a ramené Alassane Ouattara sur la scène politique tout en lui permettant d’occuper la magistrature suprême de la Côte d’Ivoire. Aujourd’hui l’étudiant d’hier « Homme de mission » et non de « démission », pense que son heure d’occuper la haute magistrature est enfin arrivée. Et depuis, entre lui et le Président Alassane Ouattara, c’est le divorce.

Avec lui, plusieurs chefs de guerre et non des moindres. Mais également des hommes politiques qui ont mené la rébellion depuis 2002. Pour son entourage, il serait bien heureux d’être l’héritier de son « parrain » Alassane Ouattara. Pour eux, Guillaume Soro est l’homme qu’il faut, vu son parcours. Mais son rôle dans les différentes crises en Côte d’Ivoire comme ailleurs, ne constitue t-il pas un frein pour son avenir politique ?  Attendons de voir.

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