Procès Putsch : « On me qualifie de monstre » (Fatoumata Thérèse Diawara)

Les auditions se poursuivent au Tribunal militaire de Ouagadougou, mais ne se ressemblent pas forcément. C’est la belle-fille du Général Gilbert Diendéré, au moment des faits, qui était à la barre ce vendredi 26 octobre 2018. Accusée de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat et de trahison pour tentative de faire infiltrer des éléments extérieurs au RSP dans le but de consolider le coup d’Etat, Fatoumata Thérèse Diawara plaide non coupable dans cette affaire de putsch manqué.

Fatoumata Thérèse Diawara est née en 1986. Gérante d’entreprise, la jeune dame est célibataire, mère d’un enfant. Elle était d’ailleurs enceinte au moment des évènements du 16 septembre 2015 et jours suivants. Elle se dit jamais condamnée, ni décorée. Le fils du Général Diendéré était son compagnon, toujours au moment des faits. La prévenue est par ailleurs Secrétaire générale d’une association dénommée « Femme et Prison en Afrique ».

Dans ce procès, elle est défendue par la SCPA Mathieu Somé, Maître Dabo et Maître Yamba. Il lui est reproché deux griefs, à savoir complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat et trahison. Dame Diawara nie les faits retenus contre elle. « Je ne sais vraiment pas ce qu’on me reproche si ce n’est des supposés appels téléphoniques avec les Généraux Diendéré et Bassolé et avec des personnalités ivoiriennes notamment le Colonel Zakaria Koné », entame-t-elle.

« J’ai connu le Général Bassolé depuis ma tendre enfance »

Elle dit avoir connu l’Officier ivoirien, Zakaria Koné, depuis 2004. « Quand il a appris qu’il y avait coup d’Etat au Burkina, il m’appelait pour prendre des nouvelles. Quant au Général Bassolé, il était l’un des meilleurs amis de ma mère. Je l’ai connu depuis ma tendre enfance. Je l’appelle Tonton », relate Fatoumata Thérèse Diawara. Le discours liminaire de l’accusée a été l’un des plus brefs depuis le début de ce procès.

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Le Parquet prend la parole pour ses questions et observations. Le Procureur commence par la substance des échanges entre l’inculpée et le Général Bassolé. « J’ai contacté le Général Bassolé le 29 septembre 2015 pour parler d’argent. Cela n’avait rien à voir avec les évènements en cours. C’était pour soutenir des éléments du RSP qui avait déjà été désarmé et dissout. Leurs comptes avaient été bloqués », explique la mise en cause.

Selon le Ministère public, le Général Bassolé a indiqué dans sa déposition qu’il ne prenait pas au sérieux cette sollicitation de dame Diawara et n’a pas donné suite à sa requête. Mais, lorsque le Parquet expose des pièces du dossier faisant mention d’une transcription d’appels téléphoniques, le débat change de nature. L’un des avocats de l’accusée, Maître Dabo soulève une objection. Il demande et obtient la parole.

« C’est du copier-coller qu’on a fait avec ma voix »

« Monsieur le Président, on ne sait pas qui a transcrit ce document et c’était dans quelles conditions », déclare-t-il, tout en contestant l’authenticité et l’intégrité dudit document. Il réclame le retrait pur et simple de la pièce du dossier. Pour le Parquet, la Défense agit à hue et à dia. Mais, l’heure n’est plus, insistera un Parquetier, aux démonstrations procédurales.

« Après avoir lu la transcription et écouté l’élément sonore, j’ai eu froid au dos. Je comprends pourquoi la Défense ne veut pas entendre parler de ces écoutes », assène Maître Kam. Le Tribunal donnera raison à la partie accusatrice puisqu’elle a décidé que la pièce soit jointe au dossier. Le Parquet est autorisé à poursuivre avec ses questions et observations.

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« On me qualifie de monstre. Je ne sais pas qui a fait ces écoutes, mais c’est dans l’intention de me nuire. Quand j’ai lu également la transcription de l’élément sonore, ça m’a choquée. J’ai eu plus froid au dos plus que Me Kam. C’est du copier-coller qu’on a fait avec ma voix. On peut le faire avec la voix de tout le monde. Je ne reconnais pas le numéro de téléphone encore moins le contenu de ces appels », nie Fatoumata Thérèse Diawara.

La bru du Général Diendéré, pendant les faits, reconnaît avoir échangé avec le Général Bassolé, mais réfute une bonne partie du contenu sonore brandi par le Parquet militaire. L’audience du jour a été suspendue aux environs de 14h, pour cause de décès du frère de Maître Awa Sawadogo. La belle-fille de Diendéré revient à la barre le lundi 29 octobre 2018 à partir de 9h.

Noufou KINDO

Burkina 24