Côte d’ivoire : la crise du discours de l’opposition politique

La chronique de Christiane Djahuié – Afrique Matin.Net 

En Côte d’Ivoire, depuis bien des années, surtout à partir de 2011, le discours politique, motivé par le positionnement idéologique s’est amolli. L’opposition n’a de cesse d’étaler sa rhétorique appauvrie par sept années d’indifférence aux réalités économiques et sociales. Elle se trouve ainsi affectée dans son idéal et dans son programme.

Les causes

La violence de la crise postélectorale est l’un des facteurs clés qui expliquent la posture actuelle du Fpi, principale force politique de l’opposition, avant bien entendu, le retrait du Pdci de la coalition avec laquelle ce parti a partagé pendant 7 ans le pouvoir d’Etat. Si le Fpi est victime d’un séisme juridico-politique qui le contraint à se replier sur lui-même, oubliant de facto ses grands projets socialistes, le Pdci quant à lui, fait à son tour face à la machine répressive de son ancien allié, en raison de sa récente défection. Ici encore, pas de vision idéologique qui pourrait soutenir un discours politique limpide et ambitieux. Pour leur propre survie, les deux partis représentatifs de l’opposition politique ont opté pour une lutte conjoncturelle, comme choix stratégique. S’inscrivant de ce fait dans une dynamique statique. Force est de constater que ces difficultés freinent leurs efforts à s’imposer. Cela s’en ressent par les discours respectifs qui s’articulent autour de deux thèmes récurrents : la présidentielle (de 2015 pour ce qui est du Fpi), puis celle de 2020 et la réforme de la Cei.

Les conséquences sur la cité

Il est clair que l’amoindrissement et l’affadissement de la parole politique en Côte d’Ivoire, notamment dans l’opposition, a de graves répercussions sur les questions politiques aussi bien qu’économiques et sociales. A titre d’exemple : l’hyper-concentration du pouvoir présidentiel, la subordination parlementaire à l’exécutif ; le renoncement de l’Etat à poursuivre la politique de la solidarité institutionnelle en vigueur dans la 1ère république; l’accentuation plus forte que jamais des clivages sociaux (notamment entre riches et pauvres), etc. On peut dire sans risque de se tromper, que l’absence du discours politique fondé sur l’idéologie profite à bien des égards, au pouvoir libéral d’Alassane Ouattara, qui se retrouve du coup le maitre incontestable de l’arène politique ivoirienne.

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