Dr Arsène Nénéby (Président de l’APDH) : « Il faut maintenant une CEI apolitique, impartiale et surtout indépendante »

Par Hervé Gobou – Afrique Matin.Net 

Le président de l’ONG Actions pour la Protection des Droits de l’Homme (APDH), le Dr Arsène Nénéby, a animé une conférence de presse le jeudi 9 août 2018  au siège de l’Organisation pour réagir au discours du 6 aout 2018 du chef de l’Etat Alassane Ouattara.

Trois sujets abordés par le chef de l’Exécutif ivoirien ont suscité la réaction de l’APDH. Il s’agit de l’annonce d’une amnistie par voie d’ordonnance, le transfert du pouvoir à une nouvelle génération et enfin l’engagement à reformer la Commission électorale indépendante (CEI) conformément à l’arrêt de la Cour africaine des Droits de l’Homme et des Peuples du 18 novembre 2018.

Concernant le premier point, le Dr Nénéby Arsène constate que « les libérations interviennent par voie d’amnistie. La prise de cette ordonnance montre la prééminence de l’Exécutif sur les deux autres pouvoirs ». « Au plan purement judiciaire, l’amnistie est du ressort du parlement », a-t-il précisé, tout en souhaitant par la même occasion qu’une loi soit adoptée dans ce sens parlementaire, quand bien même, déplore-t-il, que les lois d’amnistie ne soient pas la panacée contre les infractions et les crimes.

En ce qui concerne la volonté du chef de l’Etat de travailler pour transférer le pouvoir à une nouvelle génération, l’APDH prend acte de cette déclaration parce que « l’alternance au pouvoir est une des mesures de la vitalité de la démocratie dans un pays ». « Cependant, poursuit le conférencier, la compétition doit être ouverte, transparente et ne doit pas ressembler à une dévolution monarchique du pouvoir » ; « il n’appartient pas au régnant de choisir son successeur dans la République, le pouvoir appartient au peuple », note-t-il.

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Evoquant la décision présidentielle de la reforme de la CEI,  l’APDH (organisation qui a introduit un recours à la Cour Africaine des Droits de l’Homme en vue de cette reforme), estime que « cette décision reconnait enfin la victoire du Droit sur la politique politicienne ». « Cette décision doit permettra à la CEI de sortir de l’illégalité internationale et de se parer du cachet de la légalité internationale », indique-t-il par ailleurs.  Avant de souhaiter que la nouvelle composition de l’institution électorale soit « apolitique, impartiale et surtout indépendante ». Tout en se réjouissant de cette décision, l’orateur a toutefois regretté que les autorités ivoiriennes n’aient pas fait droit aux requêtes des ivoiriens sur la question, avant de se plier à la pression de la communauté internationale, en particulier l’Union européenne, dont un rapport confidentiel très critique sur la gouvernance du régime Ouattara a été ébruité par les médias. « L’Union Européenne a contribué à ce que la démocratie ivoirienne fasse un pas en avant », s’est-il félicité.

Le Dr Nénéby, pour terminer, a vivement souhaité que les gouvernants mettent l’intérêt général de la population au centre de leurs actions, « en faisant de la Côte d’Ivoire, un véritable Etat de droit ».