Énergies renouvelables/Développer les réseaux de chaleur pour mieux les intégrer dans nos modes de consommation

La chaleur, premier poste de consommation énergétique national, est produite, dans son ensemble, à partir de 85% d’énergies non renouvelables dont 73% d’énergies fortement émettrices de gaz à effet de serre. A l’heure de la transition énergétique, produire de la chaleur renouvelable apparaît comme un enjeu énergétique majeur. Grâce au développement de nouvelles technologies, à la mutualisation des moyens de production, à l’utilisation d’énergies renouvelables ou à l’emploi d’une main d’œuvre et de ressources énergétiques locales, le développement des réseaux de chaleur devient une alternative envisageable pour un nombre croissant d’usagers. Depuis l’été 2015 et la loi de transition énergétique, la France a passé un cap en termes de modèle énergétique. Le pays se met au vert, la société évolue et les mentalités aussi. Concernant les réseaux de chaleur, ils devront livrer cinq fois plus de chaleur et de froid renouvelables pour atteindre d’ici 2030 les objectifs réglementaires. Ces objectifs ambitieux suffiront-ils à révolutionner le secteur ? Ce n’est pas encore certain. Ce qui bloque : les investissementsMême si l’engagement évoqué par Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle était de doubler le fonds chaleur pour atteindre environ 500 millions d’euros par an (actuellement aux alentours de 250 millions €/an), de nombreux acteurs privés de premier plan soucieux des retours réels sur investissement long, ne suivent pas l’engouement du gouvernement.

Autre problème de taille freinant l’essor de ce phénomène : l’acceptabilité des populations. 

Les installations de chaufferie biomasse émettent des fumées dans l’atmosphère et de la pollution sonore. En outre, les travaux sous-jacents et la proximité nouvelle d’un site industriel peuvent entraîner des pertes de valeur pour les terrains annexes. De ce fait, l’installation d’un réseau de chaleur peut être mal acceptée par des populations réfractaires au changement et qui souhaiteraient conserver leurs modes de fonctionnement autonome avec des chauffages individuels. Pour améliorer leur rentabilité, les réseaux de chaleur doivent axer leur développement sur l’innovation. Dans ce sens, trois objectifs clés doivent être remplis pour que l’industrie décolle. A savoir ; l’augmentation des sources de revenus des réseaux de chaleur en développant de nouveaux produits et en captant de nouveaux clients, la réduction des coûts d’exploitation, par exemple, en réutilisant la chaleur résiduelle provenant des industries et des entrepôts frigorifiques et la  pratique du  Smart Asset Management, c’est-à-dire utiliser intelligemment les actifs des réseaux de chaleur comme, par exemple, mettre en place des programmes de maintenance prédictive afin de prolonger la durée de vie des réseaux de chaleur et cibler les interventions nécessaires. Au mois d’octobre dernier, l’association Consommation Logement Cadre de Vie (CLCV) a interpellé les pouvoirs publics et les parlementaires en leur demandant publiquement d’introduire de nouvelles mesures permettant d’éviter les dérives de certains systèmes de chauffage urbain jugés trop coûteux. Exemple à l’appui : à Clermont Ferrand, un réseau de chaleur flambant neuf est utilisé aux deux tiers seulement de ses capacités. Il n’y a pas eu suffisamment de candidats à s’y raccorder. Résultat : la facture des locataires, modestes le plus souvent, a grimpé de 10%. A quoi pouvons-nous donc nous attendre dans les prochaines années pour cette filière en développement ? Avec une croissance continue de +70% du nombre de réseaux de chaleur en 10 ans, les experts se montrent assez confiants. Si cette alternative énergétique trouvait un moyen d’afficher des tarifs plus compétitifs, le secteur devrait connaître un vrai boom très rapidement.

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