Affaire Nayanka Bell: le film du litige selon les deux parties.
Par Justin Kassy – Afrique Matin.Net
La Chambre correctionnelle de la Cour d’Appel d’Abidjan a confirmé dans son délibéré du 16 mai 2018 dernier, le jugement du Tribunal Correctionnel d’Agboville. Pour des faits de dégradation volontaire de plants, portant sur une superficie de plus de 80 ha. Elle a condamné Nayanka Bell, à 3 ans fermes, avec une amende de 70.000.000 fcfa. C’est la peine requise contre l’icône de la musique ivoirienne et africaine dans l’affaire de terres d’ANOH (Agboville-Côte d’Ivoire), qui l’oppose à des villageois dans le Département d’Agboville. Nayanka Bell, on le sait tous, est cette artiste émérite qui a animé des grands concerts auxquels a assisté, feu le Président, Félix Houphouët-Boigny.
Elle fait partie de ces artistes Ivoiriens qui ont permis à la musique ivoirienne d’écrire ses lettres de noblesse. Nous ne comprenons pas ce qui lui arrive aujourd’hui, avec cette affaire de plantations et de terres qui perdure. Au point qu’elle ne sait plus à quel Saint se vouer. Au sortir de l’audience du 16 mai dernier, nous avons rencontré l’artiste qui nous a dit ceci : « Il paraît que ce serait moi qui ai détruit des champs appartenant à autrui sur mes terres. Ensuite, on m’a vue avec une tronçonneuse à la main, et une machette, en train de couper et de découper des plants, en compagnie des gens. Donc, je serai l’auteur de ces dégradations-là.
Même s’il n’a pas eu de preuves palpables et valables, j’ai les Avocats généraux qui ont même dit que je n’avais commis aucune infraction. A cet effet, ils ne voyaient pas comment, je pouvais être condamnée. Avec mon petit niveau scolaire, j’ai quand même compris les questions qu’ils ont posées à la partie adverse. Les Avocats généraux ont posé la question à un seul de la partie adverse qui s’est présenté depuis le début du procès de cette affaire. Ils lui ont demandé ceci :
« Vous dites qu’elle aurait détruit vos plantations. Mais, c’est depuis quand ?» Il a dit qu’il était là en 2012.
Ils lui ont demandé : « Vous aviez acheté la terre avec qui ? » Il dit avec la famille Abéhouchi.
Ils lui ont encore posé la question suivante : « Avec quoi aviez-vous acheté la terre ? » Il dit que c’est avec la Grosse.
Et l’Avocat général de lui dire : « Avec une Grosse ! Donc vous êtes un Juge ! Pour avoir acheté la terre avec une Grosse ! Vous saviez alors que dans la Grosse, il y avait un litige entre les personnes! S’il y a un litige. Pourquoi vous aviez acheté la terre ? Il dit : « Parce que la Justice m’a condamné à quitter les lieux. »
Donc, revient encore à la charge l’Avocat : « Vous avez compris ce que la Justice fait. La Justice condamne un propriétaire sur ses propres terres».
Nayanka Bell: « A la Justice, chaque fois que j’ai fait des référées pour dénoncer les dévastations de ces gens-là, depuis 2008 jusqu’en 2018, ou que j’allais porter plainte, ou on partait en Justice, on me mettait sur le même pied d’égalité que ces personnes-là, en me disant que je devais arrêter de travailler. Parce que, selon des papiers, il y a déjà un procès à la Cour Suprême, donc, s’il y a un procès à la Cour Suprême, il faut que j’attende la réponse de la Cour Suprême avant d’y mettre les pieds. Mais pendant ce temps, il s’ensuivait. Je suis donc victime de qui ? De la Justice ? Ou bien de ces gens-là ? Il faut dire que mon accident leur a permis de dévaster mes terres. Quand je suis revenue sur mon état, et qu’on est venu me saisir ici en disant que j’ai été condamnée en 2009 pendant mon accident, donc je dois payer 6.600.000 fcfa à ceux qui ont dévasté mes terres. Je me suis exécutée en payant cette somme à ces mêmes personnes, pour lesquelles la Justice vient de me condamner à payer 70.000.000 fcfa. Je pense qu’en me condamnant à payer cette amende, la Justice veut leur permettre de revendiquer les terres et des droits de mes plantations. Je ne comprends pas la Justice. Je paye mes Impôts. Je n’ai détruit aucune plante appartenant à autrui. J’ai des droits de jouissance sur mes propres terres. Je suis surprise et découragée. Car, j’ai toujours cru à la Justice de mon pays. Mais je ne me décourage pas pour autant. Parce que, je sais que je tomberai un jour sur des Juges qui diront le Droit. Je continue avec mes Avocats le combat pour la justice. Et personne, ne me prendra les terres que j’ai légalement acquises. J’exploite mes terres, à la suite d’arrêté de concession non annulée, non abrogée à ce jour. Je demande à la Justice ivoirienne de me rendre justice. Car j’ai confiance ! »