Artistes comédiens Ivoiriens/Admirés, acclamés…mais au bout la désolation
Enquête réalisée par Haidmond Kaunan/afriquematin.net
Eveilleurs de conscience, ils apparaissent aux yeux du public comme des modèles. Ils dénoncent les tares de la société à travers des pièces de théâtre, des films. Le goût et l’envie de défendre des grandes idées ou même la société les habitent. En ces sens que sur les planches l’artiste comédien doit se départir de sa personnalité pour interpréter le rôle d’un personnage qu’il joue. Il est amené à penser et marcher comme lui. Voire faire siens ses idées et ses émotions. Voici entre autres le rôle du comédien.
Ce comédien qu’on admire, acclame devient souvent une idole pour le pour chacun d’entre nous. Parce que pour son admirateur le comédien est un homme parfait. Un modèle qui ne doit ni vieillir ni tomber malade .Mais à la vérité l’artiste comédien tant admiré parce que, éveilleur de conscience à l’écran, est-il le même hors de la scène ? Combien sont-ils ceux qui réussissent à créer des téléfilms ? Et combien sont ceux qui réussissent à vivre de ce métier ?
Le quotidien de ces artistes comédiens est triste. Malades, ils sont obligés de tendre la main pour se soigner. Vieux foulard, Wintin Wintin Pierre, Koffi Dens, Gazekagnon, Sawadogo, Ayatollah, Tatiana de Makensira et bien d’autres sont morts dans le dénuement le plus complet. Aujourd’hui Guéhi Vêh et autres sont malades et attendent que des âmes généreuses leur viennent en aide. Pourtant ces hommes et femmes ont procuré du plaisir aux spectateurs et téléspectateurs. Une situation qui nous amène à nous demander si ceux qui les sollicitent pour égayer le public payent correctement leur cachet. Ce qui est certain c’est que chez nous le cachet n’est pas fixé et déterminé à l’avance comme c’est le cas dans les pays occidentaux. Là-bas, même quand même l’artiste ne joue pas il bénéficie d’une subvention pour assurer son quotidien. Tout cela dépend d’une volonté politique. Cependant parmi ces artistes comédiens il y en a qui arrondissent leur fin de mois en faisant autres choses. Feu Marie Louise Asseu donnait des cours de théâtre dans une école française. Suzanne Kouamé fait ses propres affaires et tient un salon de coiffure. « Personnellement ce n’est pas mon métier. Il m’arrive de faire autres choses. Je me consacre à des projets, car ce métier est très ingrat », confie une comédienne qui a requis l’anonymat. A côté de cette catégorie de comédiens il y a ceux qui vivent pleinement de leur art. Akissi Delta, Adaman Dahico, Gohou Michel, Andrienne Koutouan… Les deux derniers qui bénéficient de grands marchés de publicité pour avoir été révélés sur le petit écran mais surtout pour leur esprit de créativité. En fait on constate que ce métier peut faire vivre son homme si l’on sait s’organiser
L’actuel département ministériel en charge de la culture qui avait constaté une véritable inorganisation au niveau des artistes en général entend les réorganiser pour l’amélioration de leurs conditions de vie. Ainsi soit-il !
Des exceptions
La majorité des artistes ivoiriens, toutes tendances confondues, est misérable à la retraite. Parce que, ne pouvant pas véritablement vivre de son art. Et ce, à cause des nombreux prédateurs qui minent ce milieu. Dans ces conditions, ces hommes et femmes talentueux et valeureux ne peuvent qu’être réduits à la misère. Au point où quand ils sont malades ils ne peuvent se soigner. Et les exemples sont légion. Cependant il y en a qui s’en sortent. Dans cette catégorie on peut citer entre autres Léonard Groguhet, Bity Moro, Bienvenue Néba et les autres comédiens des années 60 qui avaient bénéficié d’une bourse d’études, sous Félix Houphouët-Boigny, en vue de parfaire leurs connaissances à l’étranger. Revenus au pays ils avaient été engagés comme enseignants à l’INA actuel INSAC (institut national supérieur des arts et l’action culturel) Privilège qui les ont permis de vivre décemment.
Beaucoup de comédiens à l’écran, donnent l’image des personnes vivant à l’aise. Mais la réalité est tout autre. Selon nos sources les cachets des comédiens sont dérisoires et cela dépend du promoteur de spectacle. Il leur arrive même de jouer pour des miettes ou d’être doublé.
On comprend donc pour quoi ceux qui sont malades ou convalescents manquent cruellement de moyens pour se soigner. Certains sont, à l’image de Guéhi Vêh, actuellement malades. Si rien n’est fait pour assainir le milieu et garantir une meilleure condition de vie pour eux, demain nos rires risquent de se transformer en pleurs.