Il filme son meurtre pour le revoir chez lui
Dans sa petite ville de Malines, au nord de Bruxelles, les habitants le surnommaient Renaud le Fou. Ils étaient encore loin du compte. Depuis une semaine, cet homme de 52 ans au profil pour le moins atypique dort en prison. Initialement, les policiers le soupçonnaient d’être le meurtrier d’une de ses ex-petites amies, Linda Doms. Ils ont depuis acquis la certitude d’avoir affaire à un tueur en série.
A Malines, Renaud Hardy est connu pour son excentricité un brin inquiétante. Officiellement surveillant dans une salle de sport, le quinquagénaire, en arrêt maladie depuis plus de dix ans, ne se sépare jamais de son appareil photo Canon. Il prétexte des séances de shooting pour tenter de faire venir femmes ou enfants à son domicile. De longue date, il est persona non grata dans son bar de quartier, où il était entré à plusieurs reprises avec une immense photo imprimée de la femme du patron, prise contre son gré et qu’il avait au préalable diffusée sur Facebook. D’autres riverains se plaignaient qu’il les importune avec son drone ou sa voiture télécommandée. Le 9 septembre, il avait par ailleurs comparu devant la justice pour avoir tiré sans raison sur un cycliste avec un pistolet à plomb.
Son ADN le lie à l’homicide d’une vieille dame de 82 ans
Lorsque le corps de Linda Doms est retrouvé, il y a dix jours, dans son lit, portant de nombreuses traces de coups, Hardy est logiquement interrogé. Faute de preuve, il est brièvement relâché. Mais cet homme atteint par la maladie de Parkinson se vante auprès de plusieurs connaissances d’avoir tué Linda de sang-froid. A son domicile, une carte mémoire est retrouvée lors d’une perquisition : Renaud Hardy a filmé avec une caméra GoPro la mise à mort à coups de bâton, afin de pouvoir revisionner la scène.
Dès lors, les enquêteurs sont convaincus que l’auteur présumé du crime est encore très loin d’avoir livré tous ses mystères. Son ADN est passé dans les différents fichiers, et ressort dans l’affaire Maria Walschaerts, une vieille dame de 82 ans retrouvée morte chez elle près de Malines en mai 2014, le crâne défoncé. « L’enquête ADN a permis de lier le suspect au meurtre », a assuré Nele Poelmans, le porte-parole du parquet local.
Dans le même temps, son tir au pistolet à plomb incite les policiers à se pencher de nouveau sur d’autres dossiers au mode opératoire similaire. C’est ainsi qu’ils ont exhumé la mort, jusqu’à ce jour inexpliquée, d’Ann Bourgoin, une mère de famille de 38 ans abattue d’une balle de petit calibre en 2006, alors qu’elle circulait à vélo. De même, Hardy pourrait être l’auteur d’une tentative de meurtre lorsqu’il a essayé, sans succès, de s’introduire dans le domicile d’une femme de 69 ans, en septembre. Le parquet de Hal-Vilvorde, chargé des investigations, se demande enfin s’il ne serait pas l’auteur de la violente agression subie en février par l’actrice flamande Veerle Eyckermans. Connue en Belgique pour avoir incarné la reine Paola dans une série, la comédienne avait été frappée à coups de bâton par un inconnu qui s’était introduit dans sa maison.
S’il reconnaît pour l’instant le meurtre de Linda Doms, Renaud Hardy nie l’intégralité des autres faits. « J’ai du mal à accepter ma maladie de Parkinson, et j’ai agi par frustration », s’est défendu le suspect en garde à vue.