Etats-Unis/Un constructeur automobile met Trump en difficulté

Par Iris Fabiola Yaëlle/afriquematin.net avec rfi.fr

C’est un coup porté à l’illusion protectionniste.  Au mois de  janvier dernier, quand Ford annonce qu’il renonce à délocaliser la production de la Focus au Mexique, Donald Trump exulte. Les vœux du nouveau président semblent être entendus comme des ordres par les chefs d’entreprise. Mais en coulisses, c’est une autre histoire qui se trame, celle d’un industriel cherchant à rationaliser ses coûts. Loin de faire une croix sur la mondialisation, le constructeur a cherché au contraire hors des Etats-Unis la meilleure solution pour résoudre son gros problème américain.

Ce n’est pas nouveau, mais cela s’est aggravé avec l’évolution de la demande. Le pétrole étant bon marché, les Américains ont repris goût aux modèles consommant beaucoup de carburant, de type 4×4 et Ford a donc décidé de reconvertir son usine du Michigan d’où sortent les Focus dans la production des véhicules haut de gamme.

Fiat Chrysler a pour les mêmes raisons abandonner la fabrication de ses berlines sur le sol américain poursuit Georges Dieng. Ce raisonnement a aussi motivé Renault. La nouvelle Clio est bien produite en France mais l’ancien modèle est assemblé en Turquie. Le facteur Trump continue à être pris en compte dans leurs décisions stratégiques mais pas forcément là où on pense. Si Ford a renoncé au Mexique, ce n’est pas pour faire plaisir au chantre du « Made America great again », mais parce que Donald Trump veut renégocier l’Alena, le traité de libre-échange nord-américain qui a profité aux délocalisations vers le Mexique.

Cette renégociation va surenchérir le coût des exportations vers les Etats-Unis et donc pénaliser les voitures fabriquées spécialement pour le marché américain. Ford a vu en revanche que l’administration américaine abandonnait l’idée de fortes taxes sur les produits chinois, il a donc opté pour la Chine. Il dispose déjà à Chongkinq d’une usine fabriquant des Focus, l’investissement est donc beaucoup plus faible. La logique industrielle a prévalu.

D‘autres constructeurs américains fabriquent déjà en Chine des modèles destinés à leur marché national. Mais en petite quantité. Avec la décision de fabriquer 170 000 véhicules dans des usines chinoises, Ford change d’échelle. C’est un processus nouveau qui va être suivi avec beaucoup d’intérêt par les concurrents occidentaux. Jusqu’à maintenant ils sont venus en Chine pour desservir ce fabuleux marché chinois.

Mais ce marché est entré dans une phase de consolidation et certaines usines pourraient être en surcapacité. Si l’expérience menée par Ford est concluante pourquoi pas adapter les usines et leurs modèles pour les expédier vers l’Occident ?