Le Conseil de sécurité de l’ONU va voter le soutien à la force africaine anti-jihadiste du G5 Sahel
Le Conseil de sécurité des Nations unies doit se prononcer ce mercredi 21 juin sur un projet de résolution qui facilitera la mise en place d’une force militaire africaine dans le Sahel. Le texte ne prévoit cependant pas de mandat de l’ONU. Les pays formant le G5 Sahel (Mali, Mauritanie, Niger, Tchad et Burkina Faso) comptent déployer une force anti-jihadiste de 5 000 hommes.
Après plusieurs jours de négociations, la France et les États-Unis sont finalement parvenus à trouver un accord sur la formulation de la résolution qui doit être présentée ce mercredi 21 juin devant le Conseil de sécurité des nations unies. Le texte, porté par la France, salue le déploiement de la force africaine anti-jihadiste des pays du G5 Sahel (Mali, Mauritanie, Niger, Tchad et Burkina Faso), mais ne prévoit pas que lui soit délivré un mandat de l’ONU.
Imaginée d’abord en 2015, la « force conjointe du G5 Sahel » a réellement été lancée le 6 février dernier, lors du sommet de Bamako. « Nous avons décidé de rendre effective la création d’une force G5 pour lutter contre le terrorisme », avait alors annoncé le président du Niger, Mahamadou Issoufou, qui avait immédiatement insisté sur la volonté du G5 Sahel de « demander une résolution des Nations unies et du Conseil de sécurité pour appuyer la création de cette force. » Une force « dont le mandat régional est de lutter contre le terrorisme, la criminalité transnationale organisée et l’immigration irrégulière ».
Pas de mandat de l’ONU pour le G5 Sahel
La résolution qui doit être présentée ce mercredi 21 juin devant le Conseil de sécurité (à 14h GMT) est donc particulièrement attendue. Il y a deux semaines, un premier projet de résolution, déjà porté par la France, avait été présenté au Conseil de sécurité. Le texte prévoyait alors que le Conseil de sécurité autorise le déploiement de la force africaine sous mandat des Nations unies, lui permettant « d’utiliser tous les moyens nécessaires » pour « combattre le terrorisme, le trafic de drogue et le trafic de personnes ».
Les États-Unis avaient à l’époque posé leur veto. Pour Washington, le projet de résolution était trop imprécis. Surtout, les États-Unis estimaient qu’une simple déclaration du Conseil de sécurité était suffisante. Paris, de son côté, estimait au contraire nécessaire que le soutien du Conseil de sécurité passe par l’adoption d’une résolution, se faisant l’écho de la demande du G5 Sahel et de l’Union africaine.
Le projet de résolution présenté ce mercredi « salue le déploiement » de la force africaine « en vue de ramener la paix et la sécurité dans la région du Sahel ». Mais cette fois, le texte n’évoque pas le Chapitre 7 de la charte des Nations unies, qui autorise l’utilisation de la force.
La voie ouverte à un éventuel financement
Dans la première version du texte retoquée par le Conseil de sécurité, la France demandait également à ce qu’Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, soit chargé d’un rapport sur le soutien logistique et financier à apporter. Une demande qui a finalement été abandonnée. Dans le nouveau texte, le Conseil de sécurité demande au secrétaire général de l’ONU de rendre compte des « défis rencontrés et de possibles mesures à prendre en considération ». Une formulation qui ouvre la voie à un éventuel financement de la force conjointe africaine.
« Nous sommes satisfaits d’être parvenus à un accord avec nos amis français », a déclaré à l’Agence France-Presse un porte-parole de la mission américaine à l’ONU. « Le résultat est une résolution saluant le déploiement de troupes venant de cinq pays pour combattre le terrorisme qui a causé tant de souffrances dans la région », a-t-il précisé.
Du côté de la diplomatie française, également, on se félicite d’un texte présenté comme « plus fort en matière de soutien politique », essentiellement du fait de l’adhésion des États-Unis. « Cette résolution enverra le message fort, très fort, que le Conseil de sécurité est uni et ferme face au terrorisme dans le Sahel. Je pense que tout le monde est conscient qu’une telle mission est plus que jamais nécessaire dans cette région », a insisté François Delattre, ambassadeur français aux Nations unies.
Le vote – a priori acquis – du projet de résolution intervient à quelques jours du prochain sommet du G5 Sahel, qui doit se tenir le 2 juillet à Bamako. Il coïncide également avec l’annonce, lundi, d’une participation de l’Union européenne au financement de la force africaine anti-jihadiste au Sahel.
Jeune Afrique