Interview Douho Donald (DG du Groupe Céleste Ingénierie (GCI): « Le secteur du bâtiment est en effervescence parce que le pays est en construction »
Jeune entrepreneur et Directeur Général du Groupe Céleste Ingénierie (GCI), entreprise basée à Bingerville et spécialisée dans les études topographiques, la construction et la gestion immobilière, qui a, entre autres, bâti l’école maternelle d’Akradio et la villa-témoin du programme « un planteur, un toit », Douho Donald s’est ouvert à nous. Il explique, dans cet entretien, ce que sa société peut apporter à la réalisation du programme de développement des Conseils Régionaux et des Communes de Côte d’Ivoire. Entretien.
Pouvez-vous dire un mot sur vous-même ?
Je suis Douho Donald, Directeur Général du Groupe Céleste Ingénierie (GCI). J’ai étudié à l’INP (promotion 2007) et j’ai fait mon stage de fin de cycle à Orange Côte d’Ivoire en 2008. Mon premier emploi a consisté à l’installation de cameras pour la sécurisation de l’aéroport Félix Houphouët Boigny où j’étais chef d’équipe. Nous travaillions dans l’entreprise Solen où nous avons fait un an. Par la suite, j’ai effectué un deuxième stage dans une entreprise de la place, dans le domaine de l’étude topographique. A travers cette expérience, nous avons pu remarquer nos capacités propres à nous installer afin de faire non seulement des études sur les parcelles, mais aussi construire des maisons. Nous avons aujourd’hui, depuis 2010, mis en place progressivement, l’entreprise GCI. Elle est constituée de jeunes cadres, certains sortent des universités, d’autres continuent les cours. Nous mettons ensemble nos compétences pour réaliser ce travail et servir le peuple ivoirien.
Pouvez-vous faire l’historique de votre partenariat avec la chefferie d’AKRADIO?
Avant la localité d’Akradio, nous étions sur un projet dénommé ‘’Hollywood’’, qui nous permettait de construire des villas de haut standing sur une surface de 30 ha et que nous avions soumis à nos partenaires basés à Paris. Nous attendions leur réponse quand un de nos partenaires nous a approchés pour dire qu’il a un projet à Dabou (Akradio) et qu’il cherchait des partenaires pour le réaliser. Etant donné que nous, nous avons assez d’équipes au plan technique pour construire des maisons, nous nous sommes alors intéressés au projet. Nous nous sommes rendus sur les lieux pour voir la faisabilité du projet. Et après cela, il nous a été demandé d’apporter une aide au financement dudit projet parce qu’il ne pouvait pas le faire seul. La villa-témoin était le coup de pouce, le début du projet. C’était la garantie que les parents demandaient avant de s’engager dans le projet (…) Nous avons fait le prêt à notre partenaire et une semaine après le prêt, malheureusement, il est décédé. Ses employés sont venus nous voir pour dire le projet pour lequel vous avez un partenariat avec notre patron est toujours-là, nous ne pouvons pas l’achever, que faisons-nous ? Il y a deux choses, soit vous nous aidez à l’achever, soit on le laisse tomber et il tombe à l’eau. Dans l’urgence, nous avons donné notre accord pour la finition du projet. C’est en cela que nous avons réalisé la villa-témoin. Après la construction de cette villa-témoin, les parents ont eu confiance en nous et ont bien voulu que nous nous associons à la construction de l’école maternelle d’Akradio…
Quels sont les travaux que vous avez réalisés ailleurs ?
Au-delà d’Akradio, nous avons aussi des partenariats avec d’autres structures, c’est le cas du Groupe Lauriers pour lequel nous construisons en ce moment sept villas duplex, précisément à Lauriers 17 à Bingerville. Nous avons un partenariat avec l’école GENIE 2000 à Faya (Cocody) que nous avons réhabilitée sur financement de la SIR (Société Ivoirienne de Raffinage) qui a bien voulu nous faire confiance. Aujourd’hui, nous sommes en train de préparer la construction d’une cité ; nous sommes en train de goupiller le projet ; le terrain est déjà prêt. Nous attendons les partenaires pour nous accompagner…
Avez-vous d’autres projets dans la région des Grands-Ponts au-delà d’Akradio ?
Oui, nous avons échangé pour ce faire avec un collaborateur du président du Conseil Régional. A travers cet entretien, nous nous sommes rendus compte que le président Gabriel Yacé a une grande vision quant à la scolarisation, la santé et d’autres activités. Nous voulons toujours l’accompagner ainsi que le Conseil Régional, en réhabilitant les écoles, en en construisant d’autres. Nous sommes en train de faire l’étude dans les villages qui ont besoin d’écoles et autres infrastructures pour que nous puissions réaliser ces écoles. Et puis, au-delà du partenariat avec le Conseil Régional des Grands Ponts, nous avons eu une rencontre avec l’ancien ministre René Diby, qui a bien voulu que nous venions à Lopou en vue de la réalisation, dans cette localité, du projet, « un planteur, un toit ». Nous sommes en train de monter le projet…Nous allons faire bientôt la villa-témoin. Et nous sollicitons aussi l’aval de notre banque…Donc au-delà de Akradio, voici les deux projets sur lesquels nous sommes dans la région. Mais par ailleurs, des particuliers nous contactent pour la réalisation de leurs maisons, des duplex etc …Nous sommes donc disposés à accompagner la réalisation des projets de développement des Grands Ponts et d’autres régions de la Côte d’Ivoire.
Comment se porte aujourd’hui le secteur du bâtiment?
Il faut dire que le secteur du bâtiment, aujourd’hui, a pris de l’ampleur, étant donné que la Côte d’Ivoire est en construction. Au sortir de la guerre, il y a eu beaucoup de dégâts, donc le pays est en reconstruction. Et quand un pays est en construction, le secteur du bâtiment est en pleine émergence. Il importe que tous les jeunes ivoiriens qui ont des diplômes dans ce sens, se lancent dans la construction, parce qu’actuellement, la Côte d’Ivoire investit énormément dans la construction. Nous sommes en train de nous organiser pour amorcer le développement. Donc le secteur est en effervescence, mais il faut l’organiser. Il ne s’agit pas aujourd’hui de construire simplement des maisons, il faut innover. Il ne faut pas faire du surplace. Il faut apporter de nouvelles technologies aux ivoiriens, ce que nous faisons en ce moment. Nous avons des partenaires en provenance de l’Italie qui apportent d’autres technologies, notamment la construction des cités avec l’énergie solaire. Nous avons un partenariat dans ce sens avec COLAS, qui veut bien nous accompagner dans la construction d’une cité avec de l’énergie solaire. C’est ce que nous goupillons en ce moment avec une mutuelle à Bouaké. C’est un site de 40 ha. L’étude est en cours, l’approbation se trouve au niveau du ministère de la construction. Nous attendons l’approbation du ministère avant de lancer le projet.
Quelles sont les difficultés et autres contraintes du secteur aujourd’hui ?
Les difficultés, c’est surtout au niveau des finances. Le véritable problème que nous avons, c’est que les banques ne nous accompagnent pas assez. Il faut noter aussi que les banques ont eu beaucoup de problèmes. Elles ont fait des prêts que certains n’ont pas remboursés. Donc, les banques qui n’accompagnent pas, les moyens financiers qui sont limités et puis, le prix du matériel qui au fur et à mesure, augmente. Nous sommes en ce moment entre 100 000 et 120 000f la tonne de ciment. Si c’est le fournisseur, nous sommes à 95 000f or avant, c’était 80 000f. Et quand il y a par exemple une activité au-delà d’Abidjan, quand on calcule le facteur éloignement, pour un individu ou une mutuelle, quand elle est loin d’Abidjan, ça devient couteux. A un moment donné, ils ne peuvent pas tout payer et c’est bloqué. C’est cela le problème. Et pour une villa, on est obligé de la facturer par exemple à 10 millions. Même quand le matériel sort d’Abidjan, le cout du facteur éloignement joue sur le coût du matériel… Donc les deux difficultés majeures, c’est l’accompagnement bancaire, le financement et le cout du matériel de construction.
Un message à l’endroit des populations des Grands Ponts et d’autres partenaires éventuels…
Nous disons aux populations des Grands Ponts que le Groupe Céleste Ingénierie est déterminé à accompagner la région dans sa marche vers le développement. Parce que nous voulons faire de grands pas dans les Grands Ponts. Nous invitons toute personne résidant dans les Grands Ponts et qui possède une maison en construction et qu’il ne peut pas terminer, à venir nous voir. Nous allons nous asseoir pour voir dans quelle mesure on peut terminer la maison et comment il peut nous payer. Si une mutuelle ou un village veut amorcer son développement, tracer des rues ou alors construire une cité, des maisons, ils peuvent venir nous voir, on peut échanger pour voir dans quelle mesure on peut réaliser le projet. Au Conseil Régional des Grands Ponts, nous disons que nous sommes à l’écoute. Nous sommes disposés avec cette collectivité, à donner une nouvelle dynamique au développement des Grands Ponts. Et comme nous le disions tantôt, nous sommes à la disposition de toutes les collectivités locales dans la réalisation de leurs projets d’écoles, d’hôpitaux et autres infrastructures. Aux partenaires, nous souhaitons accroitre l’échange de technologies, s’entraider. Parce qu’à notre niveau aussi, nous avons de la technologie, nous ne voulons plus utiliser les briques …Pour nous, il faut développer de nouvelles technologies qui puissent permettre à l’ivoirien d’avoir des maisons pour lesquelles il n’a pas forcement besoin de climatiseur, de ventilateur…Il y a aujourd’hui de nouvelles technologies qui absorbent la chaleur et dont nous disposons.
Réalisée par Hervé GOBOU
rvgobou@yahoo.fr