Syrie, Ukraine, Afghanistan…:quel est le vrai visage du terrorisme ?

Par Léon SAKI – Afrique Main.Net 

Alors que les démocrates sont en guerre contre Assad en Syrie, le terrorisme bat son plein en Ukraine (????)

Le terme terrorisme est aujourd’hui très fréquemment employé en droit international et par les institutions internationales, mais on a fini par se rendre compte qu’il ne donne pas lieu à une définition unique et universelle. Parce que la définition du terrorisme dépend aujourd’hui des enjeux politiques et géostratégiques. Si au départ, avec l’avènement de l’Al-Qaïda et des mouvements ultranationalistes, il nous a semblé que le terrorisme était l’ensemble d’actes de violence (attentats, prises d’otages, etc.) commis par une organisation pour créer un climat d’insécurité, pour exercer un chantage sur un gouvernement, pour satisfaire une haine à l’égard d’une communauté, d’un pays, d’un système, aujourd’hui c’est tout le contraire. Ou du moins, la compréhension du terme terrorisme, vu l’usage qui en est fait et qui varie selon les intérêts en présence, devient de plus en plus absurde. Dans tous les cas, l’appréciation subjective des événements dans le monde nous perturbe au point de ne plus connaitre le vrai visage du terrorisme.

L’Afghanistan, l’Irak et l’ambiguïté des cas Syriens et Ukrainiens

Depuis le 11 septembre, le terrorisme est devenu un prétexte, pour les occidentaux appuyés par les médias, pour intervenir partout où le besoin leur parait nécessaire. Ce fut le cas de l’Afghanistan et du Pakistan où les américains soutenus par l’OTAN sont en poste, mènent des actions militaires de grande envergure depuis plusieurs années pour, prétendent-ils, protéger les gouvernements en place, les personnes contre les activistes islamistes considérés comme terroristes. C’est un contexte légitimé par des textes conçus sous le manteau des nations unies et qui donne droit de mener des « guerres préventives » contre les états accusés d’abriter des groupes terroristes. Au nom du terrorisme, Georges Bush a fait la guerre à l’Irak. Dans ce cas précis, le prétexte tout était simple : Eviter que des armes de destruction massives passent aux mains de Saddam Hussein traité de dictateur et de base arrière aux groupes terroristes. Après le passage du gendarme mondial sensé apporter la stabilité, l’Irak reste toujours dans l’impasse. Et pourtant aucune arme nucléaire n’a été découverte – sinon elle aurait été brandie comme la grande barbe de Ben Laden. Toujours est-il que les populations et l’état irakien vivent un drame sans précédent imprimé à longueur de journée par des attentats meurtriers. Quant aux soldats de la paix (Les américains). Ils ont depuis longtemps regagné leur base. La grande Amérique a-t-elle honte de reconnaitre sa défaite face au terrorisme ? En Afghanistan où ils ont déposé les valises pour mener la chasse aux terroristes, les choses ne se passent pas non plus à leur plaisir. Des dizaines de soldats y ont perdu la vie, d’où l’intention très prononcée aujourd’hui de se retirer de ce bourbier vietnamien. Et pourtant, les terroristes en question sont loin d’être vaincus. Ce sont les Afghans qui en pâtiront énormément face au fauve blessé par les porteurs du drapeau blanc…ensanglanté.

Le drame syrien
Alors que les expériences Irakiennes, Yéménites, Libyennes, Tunisiennes, Égyptiennes, Afghanes etc. restent encore toutes fraîches dans les mémoires, les occidentaux décident d’orienter leur canons vers la Syrienne dont le président Bachar-El-Assad est traité de dictateur : « Le dictateur Syrien ». Dans ce nouveau conflit dictateur contre groupes terroristes, les occidentaux porteront leur choix sur les derniers. Il n’en fallait pas plus pour faire soupirer une proche du régime syrien Mme. Boutheïna Chaaban conseillère politique et médiatique du président Assad : « Pourquoi préférez-vous Al-Qaïda au gouvernement Syrien ? ». Hélas, le choix est déjà fait, aussi ridicule qu’il soit ! Les occidentaux choisissent alors de faire partir Bachar, quel qu’en soit le prix.

Les groupes rebelles, on n’en compte pas moins de mille en Syrie. Les salafistes, Les groupes jihadistes : Jabhat al-Nosra, et l’Etat islamique d’Irak du Levant (EIIL), L’Alliance islamique, le Front islamique syrien, Liwa al-Tawhid, Liwa al-Islam, Les Kurdes sont les principaux groupements armés extrêmement imbus de sang qui vont recevoir des armements et des financements de tous ordres des occidentaux sous le couvert de l’Arabie Saoudite, du Qatar, de la Turquie ainsi que de fondations privées du golfe arabo-persique. Toutes les formes de violence sont utilisées pour combattre Bachar : armes chimiques, guérilla, attentats, massacres, utilisation de roquettes sur les quartiers civiles. Des prisonniers de guerre sont engenoués et froidement exécutés devant les projecteurs.

Dans le même esprit, Al-Duvair, Un village chrétien a été entièrement massacré par les rebelles syriens dans leur fuite, à la périphérie de Homs avec en majorité de nombreux enfants. Les images sur les atrocités des rebelles syriens circulent partout dans les médias et sur les réseaux sociaux, mais jamais ces derniers n’ont été sanctionnés encore moins interpelés dans la guerre à Bachar, cette guerre de la démocratie ( ?) où les terroristes considérés comme démocrates sont joviaux et font l’objet d’un paternalisme condescendant. Mais réalisent-ils, ces occidentaux, ce que serait la Syrie avec son millier de groupes terroristes si Bachar venait à tomber ? C’est un adieu définitif à la paix et un cas bien pire que l’Irak. A ce propos, parfois on est à se demander si la stabilité du monde pose véritablement problème au pays de l’oncle Sam.

L’Ukraine ou le terrorisme à l’occidentale

Si les rebelles Syriens, vilipendés et détestés par les populations qu’ils prétendent défendre pour les pillages et les exactions qu’ils exercent quotidiennement sur elles sont considérés par les occidentaux comme des démocraties, ce n’est malheureusement pas le cas pour ceux de l’Ukraine.

Pour les gendarmes de la planète, les évènements survenus en Crimée où 97% des habitants ont choisi de prendre leur autonomie vis-à-vis de l’Ukraine et de son nouveau gouvernement considéré illégal, est un coup de force orchestré par des terroristes à la solde de la Russie. Idem pour les régions de l’Ukraine frappées par les vents d’autonomie. Les populations de ces grandes agglomérations que sont Donetsk, Kharkov, Lougansk, Slaviansk et Odessa qui réclament leur autonomie sont désignées comme des terroristes et donc traités comme tels, d’où les massacre d’Odessa avec la mort d’une centaine de personnes en quelques heures. A ce niveau de la crise, les ordres ne viennent plus de Kiev mais de Washington et de l’OTAN.

Au demeurant la mission d’intervention et de massacre à l’est aurait été extrêmement difficile voire impossible si les ordres étaient venus directement de Kiev car au tout début de la crise, nous avons pu voir des militaires Ukrainiens rebrousser chemin face au bouclier humain dressé par les populations. C’est en Ukraine que nous avons pour la première fois vu des populations composées de jeunes, femmes, enfants et vieillards barrer la route à son armée. C’est en Ukraine nous avons pu voir une armée se démotiver et fléchir sous la sensibilité des citoyens. Mais hélas ! Dans le seul but de justifier les massacres, les indépendantistes ukrainiens ont été baptisés terroristes.

Alors, Américains et Français, quel est enfin le vrai visage du terrorisme ?