Sassandra/ Le laboratoire des grands cerveaux plongé dans la désolation

Enquête réalisée par Haidmond Kaunan / afriquematin.net, envoyé spécial dans le Bas-Sassandra

Les vielles bâtisses de la CFAO, CFCI…le warf qui est en état de détérioration très avancé rappellent les bons moments qu’a connus Sassandra. Car cette ville était une référence pour la région du Sud-Ouest. On l’appellait affectueusement « le laboratoire des grands cerveaux » pour avoir  formé plusieurs grands  cadres de ce pays. Notamment ceux de Sud-Ouest et du Centre-Ouest à travers son lycée régional. C’était là que  que les bateaux accostaient pour charger  les billes de bois, la banane Poyo… pour les exporter  vers l’Europe.

 Comme noms de référence on cite entre autres le conseiller général Raymond Goffri,le sénateur Etienne Djaument, progressiste opposé à Feu Félix Houphouet-Boigny avant de se convertir en PDCI-RDA, le député-maire Dablé Raymond, le député Toussagnon Bénoît,le banquier Auguste Daubrey…qui avaient mis en place une dizaine d’années après l’indépendance la  Mutuelle de développement des ressortissants du département de Sassandra (Mudersa). Malheureusement  en dehors en dehors des hôtels de luxe qui étaient sortis de terre au cours de ces deux dernières décennies  et qui attitraient les touristes étrangers dont ne parle plus  depuis les évènements 2004, Sassandra est restée ce qu’elle était. Mais pourquoi? La réponse est plurielle, parce qu’un aucun opérateur industriel n’a pu poser un acte en faveur de cette population. Le port ayant été transféré en 1970 à San Pedro, actuel chef-lieu du district du Bas-Sassandra. Conséquences, les opérateurs économiques  s’étaient déportés à San Pedro. Désolation et tristesse. Ce sont ces deux sentiments qui se dégagent lorsque vous échangez avec les autochtones de Sassandra. « Le transfert du port de Sassandra est certes une raison de son avancement à pas de tortue mais ce n’est pas l’unique raison. C’est surtout parce que la philosophie de chaque fils était de se croire plus intelligent que l’autre. C’était le «ôte-toi que je m’y mette » » .Continuer de pleurer le port n’est pas la solution. Nous sommes entourés de fleuve, de mer et de forêts. Mais qui plante? Qui pêche? », révèle une autorité coutumière qui a requis l’anonymat. Au delà donc l’aspect économique on ajoute que le marasme dont souffre Sassandra est le conflit de leadership. « Tous se croyaient intelligents », ajoute-t-il.  « Avec le transfert de notre port à San Pedro nous avons tout perdu. Les exploitants forestiers et agricoles blancs avaient tous quitté la ville pour s’installer à San Pedro. La majeure partie du personnel avait été licenciée. Le manque d’industrie continue de jouer sur nous ». Se rappelant de la belle époque vécue par cette ville, Beugré Gilles, chef de Groudou,village-quartier de la commune soutient que « la ville de Sassandra est morte dans son âme,  où à partir du warf on pouvait exporter des produits industriels  vers l’occident ».

Fonctionnaire à la retraite, une sexagénaire qui passe ses vieux jours dans la ville en gérant un petit réceptif hôtelier dit être nostalgique. Elle se souvient que c’était merveilleux de voir des bateaux accostés au large de Sassandra. Cela donnait du travail à toute la région forestière qui venait s’y inscrire pour aller en mer. La présence des vielles bâtisses de la CFAO, CFCI, BNDA…selon elle démontre que Sassandra était un comptoir économique qui a tout perdu. Après ces activités défuntes, dit-on,on ne s’était pas découragé. En ce sens qu’avec la politique du gouvernement d’alors qui était d’encourager le développement rural, des européens et certains autochtones s’étaient adonné à la culture du citronnier. Culture qui malheureusement avait connu des difficultés. Depuis plus d’une quinzaine d’années le consortium de Côte d’Ivoire (COCI), frappé par une crise financière exploitait les plantations sans verser de l’argent aux planteurs. D’où l’abandon de ces plantations ou la reconversion des parcelles pour ceux qui avaient les moyens en palmiers à huile. Tous ces faits amènent Beugré Gilles, le chef de Groudou à affirmer  que le sort que connait la région du  Gboklè  vient du fait qu’aucune activité économique génératrice de revenus n’existe pas.

L’une des doléances qui constitue même un espoir pour les fils de cette nouvelle région du Gboklè;c’est la construction d’un port artisanal pour donner du travail pour occuper sainement la jeunesse.