Filières bois, volaille, tôles/Le monopole de la galaxie étrangère

Enquête réalisée par Haidmond Kaunan/Afriquematin.net 

Outre la vente de l’attiéké de qualité peu recommandable au poisson thon appelé communément chez nous « Garba » personne ne tient devant le  peuple Haoussa venu de la République du Niger  dans les filières de bois d’ébénisterie, la volaille et des tôles. Plus d’un observateur le savent. Tous ceux qui donnent une forme  aux bois d’œuvre boudent sans pouvoir lever le ton. Mais comment  est-on arrivé là ? Enquête !

  « Les scieries ne sont plus accessibles. La communauté étrangère Haoussa a une main mise sur elles. L’accès au bois est devenu compliqué au point qu’on ne peut pas satisfaire la clientèle ». Ce cri de désolation vient de  Traoré Damas, charpentier-ébéniste de son état  exerçant dans la commune d’Abobo. Ce qui est à déplorer  à vue d’œil par le citoyen lambda,  c’est  la qualité de l’étal qui se présente en face de lui.  « En côte d’Ivoire nous avons l’impression que les nationaux n’ont pas besoin de bois de qualité pour travailler. La qualité des  essences est exportée et ce sont les bois de chute ou de  qualité inférieure qu’on retrouve sur ce marché », dénonce-t-il.

 Le matériel est cher, notamment les machines sans oublier la fiscalité et au manque de matière première. Kodjovi qui travaille sur le nouveau site à Adjamé-Macaci, en qualité de charpentier, explique la main mise de la communauté Haoussa sur le bois d’ébénisterie. « Nous, les menuisiers, charpentiers et ébénistes, sommes le corps le plus désorganisé dans la société moderne ivoirienne. Nous n’avons aucune association, digne, encore moins un syndicat qui peut défendre la corporation. Nous dirons toujours très bas ce que nous pensons. Les Haoussa sont plus nantis que nous et organisés. Ils payent le stock de bois à terme. C’est à dire ils déposent des millions de francs en guise de grosses cautions dans des scieries. Le bois auquel ils ont accès est  de mauvaise qualité. Mais ils viennent pour lui donner une forme commerciale avant de nous le proposer  à des prix exorbitants. Nous pouvions nous aussi le faire si nous étions bien organisés », déplore-t-il.  Koffi Cyprien, ébéniste dans la commune de Koumassi pense que cette communauté profite du profond sommeil  des menuisiers et des autorités. « Savez- vous que le sciage artisanal est interdit ? Mais je vous apprends qu’aujourd’hui la communauté Haoussa corrompt les services des Eaux et forêts et se rend dans des plantations villageoises pour couper les bois en plots, pour les  commercialiser. Pire, les Haoussa sont devenus nos concurrents. Ils ne s’arrêtent plus à ce niveau. Ils sont maintenant entrés  dans la confection des meubles sous le regard silencieux des autorités et  des pauvres travailleurs de bois désorganisés. Avant de se demander ce que  deviendra cette jeunesse attirée par ce métier noble  et qui a été  formée dans des écoles nationales. Cissé Rapha renchérit quant à ce débordement et nous rappelle la grève observée par les  Haoussa pendant plus d’un mois contre l’Etat de Côte d’Ivoire pour avoir augmenté la fiscalité. « Mon frère, vers la fin du mois de  juillet et durant tout le mois d’août  on ne trouvait pas un morceau de bois  sur le marché. Parce que les détenteurs exclusifs du marché, ceux qui sont reconnus par l’Etat et les scieries étaient en grève pour augmentation de fiscalité. Vous voyez comment un peuple étranger peut nous dominer sur notre propre terre. Cette communauté refuse de s’ouvrir à quiconque. Quand vous les rencontrez dans les différentes  communes   elles vous recommandent à quelqu’un ailleurs. Les mêmes constats ! Ils ont aussi le monopole sur les tôles et la volaille. Un opérateur économique nous confie.« J’avais besoin de dix feuilles de tôles. Et je m’étais donc rendu dans la commune de Treichville pour  en acheter. J’avais été tout simplement recommandé au détaillant Haoussa à Koumassi et je m’étais écrié « Mais où allons nous? « Et j’avais été contraint d’aller négocier avec le commerçant Haoussa », constate-t-il. Même son de cloche dans la volaille. Les tenancières de maquis  attestent qu’elles ne sont pas habiletés à faire des commandes  de poulets dans des fermes. Il faut se référer aux grossistes de cette communauté. Ne dit-on pas que  La critique est aisée mais la tâche difficile?  Nationaux qui pleurez sans pouvoir lever la voix, à quand la naissance de votre organisation pour bénéficier des marchés dans les filières bois, volaille, tôles, atchèkè?