Contribution/ « Candidat dérivé ou éligibilité dérivée » : Où nous mènent nos magistrats et hommes de droit?

 

Le débat sur la délibération du Conseil Constitutionnel portant les candidatures des prétendants au fauteuil présidentiel est loin d’être terminé. Après la sortie musclée du gendarme-candidat Adama Traoré, c’est au tour d’un intellectuel ivoirien résident aux Etat-Unis, Nguessan Francklin,  de fustiger le Conseil Constitutionnel.

Contribution

L’Arrêt rendu par le Conseil Constitutionnel de la Cote d’Ivoire le 09 septembre à la suite de l’examen de l’éligibilité des 33 candidats à l’élection présidentielle du 25 octobre 2015 va être inscrit dans le Livre de Guinness du Droit Constitutionnel Contemporain de la Cote d’Ivoire pour toutes  les générations  d’étudiants qui vont s’inscrire à l’UFR de Droit et de Sciences Juridiques et Politiques de toutes nos universités.

Nous sommes certains que tous les enseignants de ces UFR vont en faire des sujets de travaux dirigés. Ils vont demander à leurs étudiants de commenter le sujet suivant : « Candidat Dérivé – Eligibilité Dérivée Selon le Droit Constitutionnel Ivoirien du Conseil Constitutionnel Ivoirien ».

Il serait intéressant alors de savoir le lexique du droit constitutionnel que les étudiants vont utiliser pour traiter ce sujet. Il est fort à parier que nos pauvres étudiants ne trouveront dans aucun lexique de droit constitutionnel les termes de « candidat dérivé ou éligibilité dérivée ».

Devant cette difficulté ils vont se tourner vers nos Hauts Magistrats et Eminents Juristes Emérites qui composent ou composaient le Conseil Constitutionnel du 09 septembre 2015 de leur venir en aide. Il va être difficile à ces Magistrats et Juristes Hors Pair de pouvoir leur venir en aide sur des termes qu’ils ont purement et simplement inventés au détriment de leur profession.

Quelle honte alors ils auront fait à leur profession et comment ils auront ridiculisé tous leurs compères qui n’auront qu’à raser les murs dans le ridicule. Eh bien, c’est ce qui s’est effectivement passé le mercredi 09 septembre 2015 à la délibération du Conseil Constitutionnel version Mamadou Koné.

Voici des Hauts Magistrats et Juristes Emérites qui ont décidé de tourner complètement le dos à leur profession « Le Droit » et ont sorti de leur chapeau un joker pour se tirer d’affaire avec leurs termes inventés de « dérivée et de candidat dérivé » rendant les magistrats et juristes ivoiriens ridicules aux yeux de leurs homologues du monde entier.

En même temps ils rendent tous ces ivoiriens qui vivent dans tous ces pays africains, européens, américains, et asiatiques ridicules quand il va leur êtredemandé si leur président  a été «  candidat dérivé » ou candidat constitutionnel.

Il est indéniable que nos Hauts Magistrats et Juristes Emérites qui ont refusé de lire le droit n’ont en aucun moment pensé à l’honneur et la dignité de tous ces ivoiriens. Pour eux l’honneur et la dignité des ivoiriens ou de la Cote d’Ivoire passent bien après le plaisir qu’on doit faire à un individu malgré les serments qu’ils ont faits la main sur la Constitution de leur pays.

Bien sûr que les toges qu’ils ont portées le 09 septembre 2015 et qui sont le symbole de la consécration d’une carrière professionnelle bien remplie n’ont éveillé en eux aucun  une conscience professionnelle. Ils ont oublié le sens de toutes ces toges qu’ils ont eu à porter pendant les cérémonies solennelles tels que les soutenances de thèses, la proclamation des résultats des concours d’agrégation, les cérémonies nationales.

Rien n’y fit. Ils ont tout simplement enterré leur profession pour laquelle ils ont « buché » pendant des nuits entières pour parvenir là ils sont maintenant. Tout le droit s’est évaporé de leurs têtes. Ils ont perdu tout ce qu’ils ont eu à enseigner à leurs étudiants en droit, tout ce qu’ils ont professé autour eux pendantdes années et qui leur a valu de l’admiration et respect.

Ils se sont simplement rebellés contre le droit qui était pourtant toute leur raison d’être au plan professionnel. Ils se sont livrés à une acrobatie intellectuelle, nulle ailleurs égalée et sont arrivés à déchirer des pages du droit constitutionnel ou du droit tout court pour les remplacer par des pages qui feront pendant des décennies la honte de leur profession.

Parce qu’aucun professionnel du droit dans le monde entier ne va tomber, en feuilletant un livre de droit, sur les termes « candidat dérivé ou éligibilité dérivée ». Ces concepts inventés vont coller à la peau de tous ces Hauts Magistrats et Juristes Emérites ivoiriens partout ils iront dans le monde entier et leurs hôtes vont, après leur avoir serré la main, se ruer dans leurs chambres ou salles de soulagement pour éclater de rire.

Certes, Ils feront la risée de leurs homologues pour de nombreuses années parce qu’ils ont refusé de dire le droit qui est la boussole de toute société qui aspire à la stabilité et auront invité les troubles, le malheur et éventuellement la guerre dans leur pays.

Subsidiairement, on peut se demander la question de savoir si Monsieur Ouattara ne sent pas que son orgueil a été fouetté et que son image en Côte d’Ivoire et dans le reste du monde a pris un sérieux coup quand partout dans le pays et à l’étranger il est présenté comme « candidat dérivé » ou que « son éligibilité est une éligibilité dérivée ». Peut-on vraiment dire que ceux qui l’ont mis au pouvoir sont fiers et à l’aise avec cette délibération du Conseil Constitutionnel qui fait de leur « champion » un « candidat dérivé »? Et voilà que le refus du Conseil Constitutionnel de lire le droit entraine déjà des morts d’hommes.

Les soutiens de Monsieur Ouattara vont-ils faire ce qu’il convient de faire pour éviter le pire à la Cote d’Ivoire ? Quels intérêts économiques et financiers  stables vont-ils préserver si la Cote d’Ivoire plonge encore dans la violence par leur silence coupable devant ce qui est vraiment une forfaiture ?

Le droit n’est pas dit alors que tout a été produit pour dire le droit. Ceux qui ont installé Monsieur Ouattara à la tête de la Cote d’Ivoire vont-ils continuer à cautionner le déni du droit synonyme de violence ou vont-ils œuvrer pour contribuer à sauver la Cote d’Ivoire de la violence devant toute cette évidence dont ils ont été témoins le 09 septembre 2015 ?

Ils sont conscients et savent que le droit n’a pas été dit le 09 septembre en dépit de toutes les preuves irréfutables documentées et mises à la disposition du Conseil Constitutionnel de Monsieur Mamadou Koné.  Il n’est pas encore tard pour agir afin de stopper la tempête qui s’apprête à s’abattre sur la Cote d’Ivoire.

Monsieur N’GUESSAN Francklin