Visite de Drogba à Ouattara/ Quand la politique s’invite dans les rapports citoyens

Par Brou François – Afrique Matin.Net

Star du football ivoirien depuis près de deux décennies, Didier Drogba semblait compter parmi les personnalités qui échappaient aux querelles politiques en Côte d’Ivoire.  Mais, il a fallu que le meilleur buteur de l’histoire de l’équipe nationale ivoirienne rende visite au couple Ouattara en visite au Canada pour comprendre que dans la bataille entre ‘’pro-pro’’ en Côte d’Ivoire, nul n’est épargné.

En effet, quelques heures après la publication des photos de l’entrevue entre le couple Ouattara et la star du football, Serges Kassy, artiste reggae engagé aux côtés de Laurent Gbagbo a vivement critiqué Didier Drogba pour sa visite avec des propos à la limite du tribalisme. « Donc Drogba Didier, l’icône, la star du football mondial, super star du foot ivoirien, toi, tu peux aller rendre visite au couple Dramane en visite au Canada, mais tu ne peux pas rendre visite au président Laurent Gbagbo et à ton propre cousin, Charles Blé Goudé quand tu es en Europe ? », a posté l’artiste sur les réseaux sociaux. Si pour les défenseurs de Serges Kassy, la liberté d’expression est consacrée en Côte d’Ivoire, il est également clair qu’il y a lieu de s’inquiéter véritablement pour la cohésion sociale dans le pays.

Plus de six années après la guerre, la Côte d’Ivoire peine à tourner la page de la confrontation. Pro-Gbagbo et pro-Ouattara comme aux heures chaudes de 2011 juge chaque action posée par les Ivoiriens en fonction de leur appartenance politique, voire ethnique. Comme si le monde tournait autour de ces deux leaders, les extrémistes des deux camps n’hésitent pas à vouer aux gémonies toute personne qui choisirait de marcher loin du schéma qu’ils ont défini comme étant celui « du vrai ivoirien » ou encore de « l’Ivoirien digne », expression utilisée à outrance par les pro-Gbagbo en exil.

Alpha Blondy qui affirmait en 2011 que « la politique a rendu les Ivoiriens très bêtes » est assurément conforté par ce type de réactions. Tant que les Ivoiriens ne parviendront pas à s’entendre sur un minimum commun, la crise perdurera dans le pays. Et, ce consensus ne semble pas prêt d’arriver. Car, à l’état actuel des choses, même le bon Dieu n’échappera pas aux critiques les plus acerbes s’il décidait de s’afficher aux côtés de X ou Y