Kla Noman Paul, Président de BLOWA-TORO : « il y a d’énormes choses à corriger à San-Pedro »

Par Léon SAKI – Afrique Matin.Net

Après plus de 40 années bien comptées passées dans l’Hexagone, M. Kla Noman Paul qui fait partie des tous premiers mathématiciens ivoiriens, a choisi de retourner sur le sol natal pour partager avec les siens toute l’expérience acquise. Son arrivée a fortement contribué à renforcer la confiance entre l’administration publique et les pouvoirs coutumiers. Son expérience est aujourd’hui le levain d’un avenir promoteur avec l’acquisition par ses services de plusieurs infrastructures de développement pour la seule ville de San-Pedro. Mais l’emploi jeune, le développement économique et culturel et les questions liées au plein épanouissement de la femme sont également autant de préoccupations auxquelles il reste attaché. Dans cet entretien, l’acteur infatigable au développement, sort de sa discrétion. 

Pouvez-vous vous présenter à nos internautes ?

Je suis Mr Kla Noman Paul. Pour être bref, sachez que j’ai fais  les études primaires et secondaires en Cote d’Ivoire. De 1968 à 2008, j’ai été en France. Mes études supérieures ont été couronnées par l’obtention d’un D.E.A en mathématique et d’un master en informatique. J’ai fréquenté les Universités de Paris 5, 6 et 8. J’ai enseigné les Mathématiques pendant vingt-trois ans dans des écoles supérieures.

 Que voulez-vous qu’on retienne de vous au plan professionnel ?

 Mon parcours professionnel s’est déroulé dans l’enseignement. Je suis donc un enseignant à la retraite.

Natif de San-Pedro, quel est votre regard personnel sur cette ville?

La ville de San-Pedro ne reflète pas la dimension qui devrait être la sienne. Même si des usines se créent dans la zone portuaire, il y a d’énormes choses à corriger.

 Quel a été le problème selon vous ?

Au port de San-Pedro n’ont pas précédé les infrastructures et services administratifs adéquats. Le programme d’aménagement du Sud-ouest n’a pas été a la hauteur de l’implantation d’un tel outil de développement. Nous ne voulons pas trop incriminer l’Etat mais

 Sachez que notre mission est aussi de révéler aux  pouvoirs publics les disfonctionnements qui minent le bon fonctionnement de l’appareil étatique en vue de leur correction.

Outre les problèmes administratifs, les querelles politiques locales ne sont-elles pas aussi  la cause de cela ?

 C’est possible. Dans bien de cas, c’est certain.

Quelles sont les possibilités de transformer les atouts de cette ville balnéaire en pôle stratégique de développement économique ?

Tout le temps de mon séjour dans l’hexagone, j’ai constaté que les parents qui étaient en situation de précarité avaient besoin de rentrer dans leur dignité. Après ma retraite en 2002, je suis venu m’installer avec eux car ils avaient besoin d’un leader. C’est ainsi que j’ai créé l’association BLOWA-TORO  qui signifie littéralement  en langue locale la terre des ancêtres, du peuple. Et depuis lors, nous avons été impliqués dans la gestion du foncier urbain qui a été longtemps bradé et spolié. Notre association a rencontré des oppositions des autorités administratives et politiques surtout nos élus locaux qui devraient nous appuyer dans notre combat pour la gestion du patrimoine foncier urbain.

A vous entendre, nous avons l’impression que vous avez des ambitions politiques ?

Officiellement, je ne suis candidat à aucune élection mais si les gens portent leur choix sur  ma modeste personne, j’aviserai.

Pouvez-vous énumérer quelques actions que vous avez réalisées en tant que cadre de la région ?

C’est Grâce à notre concours que l’Etat a obtenu l’espace pour la construction l’Université de San-Pedro. Il faut dire que nous les Kroumen depuis Tabou jusqu’à Nigré, rêvions de cela. Aussi par notre canal,  les espaces appropriés ont été trouvés pour le C.A.F.O.P, la prison civile  régionale, un lycée moderne pour jeunes filles avec internat pouvant héberger 1500 personnes, un palais régional de justice. Tout ceci a pu se faire parce que nous avons convaincu les autorités que nous avions notre place dans la commission d’attribution et de retrait des terrains. En outre, nous avons pu installer des poteaux électriques notamment au quartier Zimbabwe, près du marché où nuitamment des agressions physiques étaient récurrentes.

 Vous impliquez-vous au niveau culturel ?

Je lie la culture au tourisme ici à San-Pedro. Il aurait été judicieux que les jeunes bénéficient de formations pour embrasser des carrières touristiques vu les énormes potentialités de la région.

L’on vous a vu tout dernièrement avec le ministre Hamed Bakayoko dans le cadre de l’enrôlement. Quel en était les objectifs ?

 Mobiliser les populations, leur redonner espoir quant à la capacité de l’Etat à faire face à leur  besoins. En outre pour remédier à l’incapacité des élus locaux face à la précarité grandissante de nos parents, remobiliser tous ceux qui ont perdu espoir. De par ma position de conseiller régional au sein du conseil régional, il fallait que j’invite les populations et surtout les jeunes à sortir afin qu’au travers de l’enrôlement, ils puissent  bénéficier des premiers documents administratifs  essentiels à la vie courante.

La rumeur coure que vous seriez candidat aux prochaines élections municipales. Puisque vous êtes en face de nous, donnez à Afriquematin.net la primeur de l’information afin que tout doute soit levé sur ce sujet.

 Eu égard à mon investissement à San-Pedro, c’est à vous de  décider si à cette étape je peux être candidat. Pour le moment, ce ne sont que des rumeurs et cela pourrait être vrai dans le futur mais pour l’instant, cela n’est pas le cas.

Je n’arrive pas à m’expliquer que mon village, qui est un quartier de la ville de San-Pedro ne puisse bénéficier d’adduction en eau courante et électricité qui sont essentielles à la vie en ville. Les jeunes du village sont désœuvrés, les rues des quartiers ne sont pas entretenues par les services des voiries. Mon souhait est que les jeunes qui sont laissés pour compte trouvent du travail car à la longue ceux-ci pourraient se révolter alors qu’il y a des possibilités réelles de leur créer des emplois. Ce sont là quelques préoccupations qui me tiennent à cœur.

On ne peut réellement régler ces problèmes sans être à la tête de la municipalité.

 Pour l’instant je suis un peu réticent. Je ne voudrais pas précipiter les choses. J’attends une occasion pour dire le fond de mes pensées et cela viendra au moment opportun.

Devons-nous considérer que les élus locaux ont démissionné ?Les élus locaux doivent redoubler d’efforts.Les jeunes sont laissés pour compte or, je le répète, les potentialités existent pour créer des richesses à San-Pedro et occuper les jeunes. Si ceux-ci pensent que je peux leur être utile, il leur revient le dernier mot quant à l’opportunité d’une candidature.

En tant que président des propriétaires terriens comment pouvez-vous motiver les cadres de la diaspora à rentrer au bercail ?

J’ai reçu tout dernièrement la visite de jeunes Krou : des bétés, des kroumens et des didasqui m’ont approché dans ce sens. Tout est prêt pour que ceux qui le désirent puissent s’installer pour investir et créer beaucoup d’emplois pour les jeunes. C’est ensemble qu’on va œuvrer pour le développement de San-Pedro.

Avez-vous un message à l’endroit des cadres ?

 Nos cadres (Kroumen) sont beaucoup dispersés de par le monde. Ceux qui sont en Cote d’Ivoire sont loin de la région. En général, ils investissent hors de leur région d’origine. Qu’ils fassent comme moi et viennent s’investir afin qu’ensemble nous puissions faire émerger la région. L’Etat ne peut tout faire.

 

Aux femmes ?

En effet, vous l’aurez remarqué. Ce sont des femmes dynamiques, motivées, travailleuses et réfléchies. Seulement il leur manque la motivation. Lorsqu’elles viennent à moi, je ne peux que les inciter à réfléchir sur les opportunités d’affaire dans lesquelles elles peuvent entreprendre. A part les maigres moyens financiers que je donne à quelques unes, je ne peux faire plus. La mairie de San-Pedro qui est la deuxième en Côte d’Ivoire en termes de budget, est mieux placée que moi pour les aider  car elle est plus habilitée à le faire. C’est son devoir. Je leur dit cependant que, m’ayant vu à l’œuvre et sachant ce que je peux leur apporter, qu’elles m’élisent à la mairie et elles verront que cette fois-ci le budget de la mairie sera distribué équitablement. Enfin je les encourage.