Conflit en Ukraine/Un écrivain ivoirien s’adresse au président Volodymyr Zelensky.

Par Sylvain Takoué*

 Un sommet de l’Organisation du traité de l’atlantique nord (Otan), s’est tenu les 11 et 12 juillet 2023, à Vilnius, dans la capitale de la Lituanie, ne pouvait pas donner des lauriers de gloire à la grecque ancienne. Il ne pouvait pas non plus attribuer des « lettres de créances » sûres, qui feraient accepter de plain-pied l’Ukraine parmi plus d’une trentaine de pays-membres. L’écrivain africain Sylvain Takoué adresse une correspondance à Volodymyr Zelensky.

 Monsieur le président,

 « Ce sommet nourrissait de vrais faux espoirs pour vous, et vous le savez au fond de vous-même. L’Otan vous pose la suicidaire condition de gagner d’abord votre « guerre » contre la Russie, avant d’espérer faire entrer l’Ukraine en son sein. Gagner la guerre contre la Russie ? Sans être d’office membre de cette organisation ?

Cette équation, qui ne vous laisse aucune lisibilité réelle sur votre demande d’adhésion, vous a tellement interloqué, que vous l’avez qualifiée d’« absurde ». Et ce Sommet de Vilnius était pour vous incontestablement comme une douche froide, que l’on vous a fait prendre comme en un temps d’hiver.

Sylvain Takoué

 Vous reconnaissez vous-même ce fait par vos propres propos, puisque vous avez aussi rappeler « qu’il semble qu’il n’y ait aucune volonté d’inviter l’Ukraine à adhérer à l’OTAN, ou à devenir membre de l’alliance ».  Ce fait est totalement vrai, car l’entrée de l’Ukraine à l’Otan pousserait, selon l’article 5 de cette vieille organisation militaire, les 31 pays membres à entrer tous ensemble en guerre contre la seule Russie.

 Or, « la Russie est une superpuissance atomique, qui possède le plus grand nombre d’ogives nucléaires au monde, soit environ 6 000, dont plus de 1 600 seraient déployées et prêtes à l’emploi. Une confrontation militaire directe avec elle est un scénario que tous les alliés veulent éviter à tout prix, étant donné le risque élevé d’escalade et les conséquences catastrophiques d’une éventuelle guerre nucléaire » (BBC News Afrique).

« Nous serions en guerre avec la Russie, si tel était le cas » a même déclaré le président américain Joe Biden, interrogé, la veille du début du Sommet de Vilnius, sur l’éventuelle adhésion de l’Ukraine à l’alliance » (CNN), lui qui voulait pourtant approvisionner l’Ukraine en armes à sous-munitions, avant de se raviser ipso-facto en se heurtant à l’opposition des Nations-Unies et de la Grande-Bretagne, à ces armes non-conventionnelles et interdites, dangereusement utilisées par l’Amérique au Cambodge en 1970, et dont les effets pervers sont encore visibles.

 D’ailleurs, le Premier ministre du Cambodge, Hun Sun, a prévenu en ces termes : « Ce serait le plus grand danger pour les Ukrainiens, pendant de nombreuses années, voire jusqu’à 100 ans, si des bombes à fragmentation étaient utilisées dans les zones occupées par la Russie sur le territoire ukrainien. Par pitié pour le peuple ukrainien, j’appelle le président américain, en tant que fournisseur, et le président ukrainien, en tant que destinataire, à ne pas utiliser de bombes à fragmentation dans la guerre, car les vraies victimes seront les Ukrainiens ». (Nouvelle Aube).

 En effet, « après 30 ans d’une guerre civile qui a pris fin en 1998, le Cambodge reste l’un des pays les plus minés au monde. Environ 20 000 Cambodgiens ont été tués au cours des 4 dernières décennies, après avoir marché sur des mines ou munitions non explosées.  Les travaux de déminage se poursuivent à ce jour, le gouvernement s’engageant à éliminer toutes les mines et munitions non explosées, d’ici 2025.

Au mois de janvier dernier, un groupe d’Ukrainiens ont visité des champs de mines au Cambodge, dans e cadre d’une formation. Les armes à sous-munitions sont interdites dans nombre de pays, notamment européens, signataires de la Convention d’Oslo de 2008. Leur usage est très controversé, car les charges qu’elles dispersent sont accusées de faire beaucoup de victimes civiles collatérales ». (Nouvelle Aube).

 Oui, les Grandes Têtes de l’Otan s’avouent elles-mêmes impuissantes et vaincues devant le problème de l’entrée de l’Ukraine parmi elles, nonobstant la France qui a livré à l’Ukraine des armes à longue portée, comme si elle n’avait jamais gagné par elle-même une guerre, par le passé.

Ses Grandes Têtes hésitent à vous faire passer la porte d’entrée, si elles ne sont pas déjà en train de vous montrer la porte de sortie. Bientôt, vous paraîtrez comme un homme indésirable à leurs yeux, et vous estampillant « persona non grata », vous serrer même la main en public sera la chose que chacun des Grands de l’Otan voudra faire le moins possible avec vous.

 Vous vous verrez abandonné à votre sort, et le prochain Sommet de – pourrait se faire, porte close, refermée sur vos doigts, ou carrément sans vous. Pourquoi alors croire encore plus longtemps que l’Ukraine dicterait sa cause à des pseudo-alliés qui n’y croient même presque pas, et qui mesurent véritablement la puissance de feu de la Russie ? Les Grandes Têtes de l’Otan savent entre elles que votre cause est perdue, que votre sort est scellé, et que leur « amitié » avec vous les perdrait sans doute aussi.

 Non, renoncez-y : hissez le drapeau blanc, et allez voir Poutine en toute fraternité, pour mettre fin au péril en la demeure. Là, se trouve le salut pour vous et pour l’Ukraine. Vos alliés -, qui vous poussent dans le dos, par ruse, stratagème et calculs froids, en fournissant armes, munitions et financements pour vous maintenir encore en situation de guerre, vous conduisent tout droit au billot, tandis qu’ils portent entre eux le toast au champagne, contents de vous avoir pour le parfait bouc émissaire et la vraie tête de Turc dans cette affaire bizarre où vous avez été précipité par eux.

 Ce ne sont pas leurs 31 pays respectifs qui s’écroulent sur le champ de bataille, mais le vôtre : l’Ukraine. Combien de temps encore passerez-vous à écouter les délires de leurs généraux galonnés et surfaits, qui, du haut de leur tour vitrée, vous dictent des plans foireux de guerre, lisant des cartes erronées, et cela, pendant qu’ils savourent du café chaud au chocolat et des croissants croustillants, en passant le clair de leur temps à regarder aux jumelles se faire les affrontements suicidaires et apocalyptiques de Kiev contre Moscou ?

 Quittez cette situation incroyable, levez le drapeau blanc, et allez voir Poutine pour pacifier l’axe Kiev-Moscou. Ne vous endurcissez pas plus longtemps, car plus personne de dur de l’Otan, ne sera plus bientôt derrière vous pour vous aider à continuer cette inutile résistance.

 Le conflit coûte très cher financièrement à la structure, et il ne fait plus aucun doute que leurs ressources pour vous se raréfieront et cesseront, au risque de causer la ruine de leurs économies – même si le président français Emmanuel Macron se plaît tant à dire « qu’au-delà des efforts déjà faits et que nous renforçons, nous offrons aujourd’hui un signe clair de pérennité de notre soutien à l’Ukraine. Je pense que c’est un point extrêmement important. La Russie est fragile, militairement et politiquement, plus que d’aucuns ne le disaient. Et notre soutien à l’Ukraine est durable, plus que d’aucuns ne le pensaient » (TV Libertés).

 Ce n’est, ni plus ni moins, que du pur charlatanisme, de la poudre de perlimpinpin. Ce serait encore à vos risques et périls d’y croire. Aucun timing, aucun dead line ne vous été communiqué, de façon franche et sincère, quant à cette adhésion de l’Ukraine à l’Otan, qui cause tout ce cinéma de la propagande « Otanienne ». Cela signifie que vous serez dissuadé à l’usure, et que faute de pouvoir véritablement gagner aucune guerre face à la Russie, vous vous ramollirez progressivement de vous-même.

L’armée ukrainienne perd de jour en jour des combattants, d »où la nécessité d’arrêter ces combats.

Vous n’avez d’ailleurs qu’à regarder la situation de la Suède, pour vous en convaincre : « Si le processus d’intégration de la Suède – un pays sans conflit ouvert – a été bloqué pendant des mois par la réticence de la Turquie, on peut s’attendre à une résistance encore plus grande dans le cas de l’Ukraine.

D’ailleurs, lors du Sommet de Vilnius, il est apparu clairement que tous les membres de l’Otan ne sont pas également favorables à l’adhésion de l’Ukraine » (BBC News Afrique).  Car, « D’une part, les pays d’Europe de l’Est, soutenus par la France et le Royaume-Uni, se sont montrés plus favorables à l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan.

 Ce groupe a fait pression pour que le mot « invitation » soit inclus dans la déclaration, facilitant ainsi une adhésion rapide par le biais d’une décision politique. En revanche, les Etats-Unis et l’Allemagne se sont montrés prudents quant à l’accélération de l’adhésion. Joe Biden a été clair : « Je ne pense pas qu’il y ait unanimité au sein de l’Otan, sur la question de savoir s’il faut accepter ou non l’Ukraine dans la famille de l’alliance, maintenant, à ce moment-là, en pleine guerre » (BBC News Afrique).

 Vous l’aurez compris : acceptez les médiations initiées, et réconciliez l’Ukraine avec la Russie. L’une des solutions serait peut-être que vous fassiez à nouveau prendre à l’Ukraine la loi adoptée en 2010, qui lui interdisait tout simplement l’adhésion à tout bloc militaire, et qui fut abrogée ».

 *Ecrivain africain, Auteur du livre intitulé « Guerre en Ukraine :  Poutine n’est pas le Mal » (éd. Icône, juillet

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