Politique/ Assahourè Konan Jacques enfonce davantage le Rhdp
Par Pr. Séraphin Prao*
« La victoire d’un parti politique à une élection peut être mesurée à la qualité de ses préparatifs », dit-on. C’est dire que les préparatifs de cette victoire donnent une idée sur le déroulé de cet événement politique et les scrutins électoraux n’échappent pas à cette règle. Les indices d’une élection réussie sont perceptibles dans la période pré-électorale. Et le moins qu’on puisse dire certains ivoiriens, novices dans le paysage politique ne donnent pas les gages d’une campagne normale dans leur langage. Et c’est le cas d’un cadre de l’administration ivoirienne qui s’est « mélangé » les pédales lors d’une sortie qualifiée de petitesse, voire scandaleux. Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » s’insurge contre cette envolée lyrique, inopportune d’Assahourè Konan Jacques et condamne ce genre de propos qui met en émoi la quasi-totalité du peuple Ivoirien.
Lors d’une rencontre publique dans la région de l’Iffou (Daoukro) rapportée par différents journaux en ligne, monsieur Assahouré Konan Jacques aurait tenu des propos dont la gravité impose au mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » de réagir. Le Directeur général du Trésor et de la Comptabilité publique aurait déclaré ce qui suit en réponse aux populations qui se plaignaient de l’état de dégradation avancée des routes et infrastructures de leurs localités qui n’ont pas bénéficié de travaux de rénovation depuis des années :
« Ce que vous constatez, c’est la façon dont vous avez voté il y a cinq ans, dix ans en arrière. Aujourd’hui, on vous donne l’opportunité de faire des choix judicieux. Faites ces choix et vous verrez ces cinq ans que les choses vont changer. C’est ça le sens du vote de cette année. Celui qui fait le bitume, celui qui construit les écoles dit : « voici mes soldats ; faites leur confiance » et vous dites : « non. Nous avons nos propres soldats ; c’est à eux que nous allons faire confiance ». Mais quand vous finissez de dire cela, vous allez vous-mêmes chercher les moyens pour construire vos routes ou vos écoles ».
Pour le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire », ce type de discours est susceptible de porter atteinte à la paix et à la cohésion nationale. L’argument brandi par le Directeur général du Trésor et de la Comptabilité publique pour motiver les populations à voter pour les candidats du Rhdp lors des prochaines élections municipales et régionales est un argument détestable, politiquement dangereux et humainement malveillant. Ces propos sont gravissimes et, le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » qui en est profondément scandalisé les dénonce avec force.
Jusqu’à ce que la preuve du contraire lui soit rapportée, le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » n’a pas surpris le président Alassane Ouattara dire aux Ivoiriens que leur pays était dirigé par un tyran qui fait voter le budget du pays et ordonne l’exécution des dépenses inscrites à ce budget pour satisfaire aux seuls besoins des localités qui lui sont politiquement fidèles et ethniquement proches.
Des déclarations et des actes en faux….
-Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » n’a pas non plus surpris le Premier ministre Patrick Achi dire que le portefeuille de l’Etat est le portefeuille du Rhdp et que des instructions ont été données pour que les décaissements en faveur des communes soient accélérés pour les communes aux mains du Rhdp et qu’ils soient entravés pour celles qui sont tenues par l’opposition.
Ce constat est aussi valable pour le ministre du Budget et du Portefeuille de l’Etat monsieur Moussa Sanogo. Les déclarations et les actes de ces trois personnalités citées s’inscrivent totalement en faux contre ce qu’avance le Directeur général du Trésor et de la Comptabilité publique.
Dans la pratique, différents maires ont dénoncé des manœuvres sournoises et malveillantes visant à priver de ressources les communes dirigées par des maires de l’opposition. Les propos du Directeur général du Trésor et de la Comptabilité publique viennent ainsi confirmer ce qui se murmurait tout bas. L’on en déduit alors que l’échec de ces maires est le fait du pouvoir Rhdp qui les a privés exprès de moyens afin de les empêcher de travailler en faveur des populations qui leur ont fait confiance et utiliser cet échec contre eux en période de campagne. Les maires de l’opposition sont édifiés, eux à qui monsieur Assahourè Konan Jacques vient de donner un argument de campagne imparable : ils n’ont pas eu les moyens pour travailler parce que le pouvoir Rhdp voulait punir les populations qui ont voté en faveur de leur programme de développement, dixit monsieur Assahourè Konan Jacques.
Malheureuse apologie
Pour le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire », les propos du Directeur général du Trésor et de la Comptabilité publique font une malheureuse apologie de l’arbitraire, de l’injustice, de la discrimination dans la répartition des fonds aux collectivités territoriales, du patrimonialisme et de l’instrumentalisation politique de la péréquation des ressources entre les collectivités territoriales ; ce qui contrevient à deux principes intangibles et fondamentaux de l’éthique républicaine que sont la justice et l’égalité.
Un responsable de l’administration publique du statut de monsieur Assahourè Konan Jacques ne devrait pas dire ce qu’il a dit ce week-end dans la région de l’Iffou et qui a été rapporté par la presse. Il confond dangereusement les caisses de l’Etat, et donc le domaine public, aux caisses d’un parti politique qui relève du domaine privé. Il révèle à l’opinion publique nationale et internationale que le pouvoir Rhdp s’est approprié les moyens de l’Etat au seul bénéfice de ses militants ou des populations et des zones qui acceptent de voter pour ses candidats aux élections et fait du chantage à l’endroit de celles et de ceux qui croient encore aux vertus de la démocratie et veulent en observer les règles. C’est du clientélisme qui nie le droit à la différence en démocratie. Et pourtant, la diversité organique est la sève nourricière de la cohésion sociale et de la démocratie.
L’argent de l’Etat de Côte d’Ivoire n’est pas l’argent du Rhdp
Le Directeur général du Trésor et de la Comptabilité publique qu’est monsieur Assahourè Konan Jacques sait pourtant que les taxes, droits d’assise, impôts et autres ne sont pas payés par les seules populations militantes du Rhdp. Il sait aussi que les 3, 5 milliards de dollar de prêt que la Côte d’Ivoire vient de contracter auprès du Fonds monétaire international et pour lesquels elle s’est accordée avec cette institution de supprimer les subventions généralisées aux carburants et aux denrées alimentaires ne vont pas entraîner un renchérissement des prix pour les seuls militants du Rhdp mais pour tous les ivoiriens et les populations étrangères qui ont choisi de vivre dans notre pays.
Parce que l’argent de l’Etat de Côte d’Ivoire n’est pas l’argent du Rhdp même si, par le jeu démocratique, ce parti gère temporellement les caisses de l’Etat, le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » demande des excuses nationales au Directeur général du Trésor et de la Comptabilité publique. Le Directeur général du Trésor et de la Comptabilité publique doit aussi des excuses publiques aux maires qui ont été victimes de ces pratiques malveillantes dont il vante les mérites si humains et si républicains.
Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » appelle également les dirigeants du Rhdp à former leurs militants, quels qu’ils soient, à l’éthique républicaine qui impose de respecter et de garantir les droits et les libertés individuelles, une gestion des finances publiques non patrimoniale et de penser à l’intérêt et au bien communs et non à ceux d’un clan, d’un camp ou d’une tribu. Ils bénéficient de nominations en tant que militants du Rhdp mais ils travaillent pour le compte de la Côte d’Ivoire, de toute la Nation et de tous les ivoiriens.
La morale politique ne peut contribuer à construction de la Nation que si elle s’adjoint l’éthique républicaine. Dans le cas contraire où cette morale politique semble ou pense se suffire à elle-même, c’est la ruine de la Nation et la porte ouverte à toutes les dérives autocratiques et aux rebellions. Nous avons tous, Ivoiriens et Ivoiriennes que nous sommes, le devoir de construire une Nation bénéficiant de la générosité équitable de l’Etat et non des enclos de tribus et de clans à qui il faut distribuer des subsides. Les politiques de développement d’un Etat ne se mènent pas à la tête du client. Jamais.
*Président du Mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire ».
N.B : Le titre , les intertitres et le chapeau sont de la Rédaction