24 février 2018- 24 février 2019: Le petit Bouba, un an déjà !
Par LEON SAKI – Journaliste Professionnel
La quête effrénée de gloire pousse des hommes et des femmes de peu de foi et avides d’argent à commettre des crimes crapuleux voire rituels. Que devient notre monde ?
Au regard de l’actualité, notre monde n’est qu’un lamentable martyrologe dans lequel la recherche immodérée du gain, des richesses et la cupidité marchent la main dans la main.
En effet, ce samedi 24 matin du mois de février 2018, la Côte d’Ivoire est alertée par des réseaux sociaux de la disparition du petit Traoré Aboubakar Sidick dit BOUBA.
La beauté du garçonnet, son innocence mais surtout l’Aura très captivante qui se dégage de sa petite personnalité sont autant de faveurs, d’atouts et d’éléments qui ont charmé les internautes et attiré toute l’attention des abonnés du net pour engager une campagne de recherche extraordinaire. De partage en partage, la disparition du petit BOUBA est devenue l’un des événements les plus médiatisés du web de ce début d’année 2018.
Après quelques heures d’investigation, le monde entier est sous le choc : le corps sans vie du petit BOUBA, enseveli dans les décombres des environs du CHU d’Angré, est découvert.
Hanté par l’âme sagace et perspicace du petit ange, l’assassin passe aux aveux et conduit la police sur les lieux de son forfait. Quelle méchanceté ! Quelle horreur ! Parfaite illustration du degré de cruauté de l’espèce humaine.
Les images en présence sont insoutenables. Les mains ligotées en arrière comme un vulgaire bandit, le corps de BOUBA englué de sable présentait des points de torture. Le sadisme, l’atrocité et la bestialité humaine avaient poussé l’assassin jusqu’à trancher la gorge de son immaculé et candide victime. Quelle cruauté !
Comment l’homme peut-il se présenter sous la forme d’un saint pour soustraire un innocent des mains de ses géniteurs et puis se métamorphoser en un monstre sans cœur et sans âme pour lui ôter la vie?
Comment peut-on cohabiter ici-bas avec des gens par qui peuvent venir nos propres douleurs ? Les images mêlées aux aveux du criminel créent la consternation générale. Le monde entier est secoué par cette tragédie relayée par les plus grandes chaines de radio et télévision mondiales. La Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan (MACA), l’antre prestigieux des criminels notoires refuse de recevoir l’assassin du petit ange. Pour ainsi montrer que cet individu n’a pas sa place même à l’enfer.
Pour la première fois, la Côte d’Ivoire dans sa diversité tant socioculturelle que politico-économique parle d’une même voix, dans un élan unique de solidarité et de compassion. Institutions nationales, Associations, ONG, groupements politiques et religieux, rivalisent de déclarations et défilent au domicile familial pour manifester leur solidarité et leur commisération à la famille éplorée.
Face à cette douloureuse épreuve, la Première Dame de la République n’a pu retenir ses larmes en présence des géniteurs du Petit BOUBA. L’acte de Madame Dominique Ouattara à l’égard de la famille Traoré, déprimée, déboussolée, désarticulée, est le reflet d’un instinct maternel, couplé d’une générosité condescendante.
La Première Dame de Côte d’Ivoire, a bravé des contraintes sociétales, pour traduire de vive voix sa compassion, et montrer que le cœur d’une maman, fût elle Première Dame, n’a pas de limite et de préférence sociale, voire clanique.
Il faut souligner que la Côte d’Ivoire politique, des Arts et Culture, la nation toute entière a larmoyé le petit ange, en témoignent les pleurs de Maman Henriette Bédié, l’affliction de la ministre de la Ministre de la Solidarité, de la femme et de la Protection de l’Enfant. Et surtout l’adresse pathétique du chef de l’Etat. Profondément bouleversé par cette tragédie, le Président de la République s’est exceptionnellement adressé à la Côte d’Ivoire, après un conseil des ministres.
Les journalistes ont écrit, les artistes ont chanté, les populations ont marché pour rendre un hommage appuyé au petit ange. Oui l’hommage de la nation est manifeste et émouvant ! Une rue porte désormais le nom BOUBA et même un minibus de transport en commun est à l’effigie du petit BOUBA avec les inscriptions: Petit BOUBA, repose en paix.
Malgré la douleur et le cœur meurtri, la famille Traoré est restée digne parce qu’elle vient de se rendre enfin compte que l’enfant BOUBA, leur enfant n’était autre qu’un humain, mais un « agneau » dont le sang devait servir à réconcilier les Ivoiriens. Le sang du Petit BOUBA a eu le mérite de rapprocher les Ivoiriens dans leur diversité. Cette tragédie loin s’en faut invite le peuple ivoirien au pardon et au dialogue national.
BOUBA, l’étoile de la famille qui brillait si fort par sa joie de vivre, la chaleur qu’il dégageait et son aptitude à captiver, à se faire remarquer partout où il se trouvait malgré son jeune âge, doit continuer de briller dans les cœurs des Ivoiriens. Cette lumière, c’est l’amour.
Toutefois, une année après l’assassinat du petit Bouba, l’opinion est encore à s’interroger sur les commanditaires du meurtre. Où en est-on avec l’enquête?