Turquie: l’ambassadeur de Russie tué à Ankara

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L’ambassadeur de Russie en Turquie a été tué lundi 19 décembre dans un attentat « terroriste » à Ankara, perpétré par un homme armé, qui a évoqué « une vengeance » pour la ville syrienne d’Alep. L’assaillant a été neutralisé.

L’homme qui a ouvert le feu sur le diplomate, Andreï Karlov, dans une galerie d’art à Ankara, était « de la police », a déclaré le maire d’Ankara, Melih Gökçek. Une information également relayée par le quotidien progouvernemental Yeni Safak, qui identifie le tireur présumé comme un membre des forces antiémeutes.

« Pendant que l’ambassadeur faisait un discours, un homme grand, portant un costume, a tiré d’abord en l’air, puis a visé l’ambassadeur », a raconté à l’AFP Hasim Kiliç, correspondant du quotidien Hürriyet dans la capitale turque présent sur les lieux au moment de l’attaque.

Une « vengeance » pour Alep

Sur des images postées par des médias turcs, on voit l’ambassadeur allongé à terre et un homme armé d’un pistolet se tenir près de lui. On y entend très clairement l’assaillant évoquer la situation en Syrie et une vengeance, « nous avons été tués à Alep, vous allez mourir pour Alep », a-t-il dit en turc avant d’ouvrir le feu, rapporte notre correspondant à Istanbul, Alexandre Billette.

Le tireur a également été tué lors de l’opération des forces spéciales. C’est la raison pour laquelle l’ambassadeur n’avait toujours pas été évacué vers un hôpital, puisque la zone n’était pas sécurisée et que l’individu se trouvait toujours à intérieur. L’homme de 22 ans a ouvert le feu à cinq reprises sur l’ambassadeur russe Andrei Karlov, en poste à Ankara depuis trois ans et particulièrement impliqué dans le dossier syrien. Trois autres personnes ont été blessées dans l’attaque, ont annoncé les médias turcs.

Le réseau guléniste en ligne de mire

L’enquête se focalise pour le moment sur les liens du tueur avec le réseau guléniste, a
déclaré un haut responsable des services de sécurité, précisant que « indices très probants » indiquent que l’agresseur appartenait au réseau du prédicateur turc exilé aux Etats-Unis Fethullah Gülen, que le pouvoir turc accuse d’avoir fomenté une tentative de putsch le 15 juillet.

Selon le président Recep Tayyip Erdogan, le tireur se nommait Mevlut Mert Aydintas et travaillait dans la police anti-émeute depuis deux ans et demi. Le chef de l’Etat turc a par ailleurs dénoncé une « provocation » contre la « normalisation » turco-russe. « Nous ne laisserons pas cette attaque jeter une ombre sur l’amitié entre la Turquie et la Russie », a déclaré le ministère turc des Affaires étrangères.

« Provocation » et « acte terroriste »

La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova a dénoncé « un acte terroriste ». Pour Vladimir Poutine, cet assassinat « vise les liens russo-turcs et les efforts de paix en Syrie ». La seule réponse, a-t-il ajouté, « est le renforcement de la lutte contre le terrorisme ». Le numéro un russe a tenu une réunion avec le chef de la diplomatie Serguei Lavrov, celui du renseignement extérieur, Serguei Narychkine, et le chef du FSB Alexandre Bordnikov.

La rencontre prévue ce mardi à Moscou sur la Syrie, entre les ministres des Affaires étrangères et de la Défense de Turquie, d’Iran et de Russie, a été maintenue. La porte-parole du ministère des Affaires étrangères a dénoncé un acte terroriste et a souligné le rôle positif qu’avait eu l’ambassadeur Andrei Karlov, dans le rapprochement entre Ankara et Moscou, rapporte notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne.

Pour l’éditorialiste du journal Kommercant, il peut s’agir d’un acte d’un radical sunnite destiné à punir Moscou pour son soutien à Bachar al-Assad, qui vise aussi la Turquie, car c’est le rapprochement entre Ankara et Moscou qui a scellé le sort d’Alep, où l’opposition a connu sa plus grande défaite.

RFI