RDC/Aubin Minaku, président de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie, « Pour ces élections, nous allons agir autrement »
Source : rfi.fr
Le président de l’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo (RDC), Aubin Minaku récemment élu président de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie, actuellement en France, de donner sa position sur le calendrier électoral de son pays.
Nous sommes à une semaine de la rentrée parlementaire en RDC, quels sont les principaux enjeux de cette rentrée ?
La prochaine session parlementaire est budgétaire. Une session budgétaire en pareille période est capitale dans la mesure où nous devons prévoir ce qui convient comme fonds pour les prochaines élections.
Comment se fait-il que, à un mois et demi de la tenue des élections locales, le plan de décaissement pour financer ce scrutin n’ait pas encore été annoncé par le gouvernement ?
Il faut savoir que nous n’avons pas non plus un budget de 100 milliards ou 50 milliards de dollars et les élections vont nous coûter une bagatelle de plus de 800 millions de dollars. Donc nous allons interroger le gouvernement. Mais ce que je peux vous certifier, c’est qu’i n’y a pas mauvaise foi. Quand vous parlez élections en République démocratique du Congo, c’est plus de 30 millions d’électeurs, sur une étendue de 2,355 millions de kilomètres carrés. Ça signifie que nous ne devons pas avoir un blocage sur les dates qui pourrait paraître même stupide à certains égards. Il faut évaluer en tenant compte notamment des aspects budgétaires.
Ça signifie que le calendrier actuel n’est pas tenable ?
La Commission électorale nationale indépendante devra nous répondre. Mais si elle estime qu’il y a des contraintes notamment d’ordre financier, ça ne doit pas bloquer la République.
Vous ne pouvez pas garantir que l’élection présidentielle aura lieu à la date prévue par le calendrier ?
En 2011, nous avions organisé les élections avant le 5 décembre parce qu’il y avait une sorte de fixisme encore. Après le 5, c’est le déluge. Et les élections étaient organisées dans des conditions logistiques assez difficiles. Puis il y a eu critiques. Nous allons, forts de l’expérience passée, agir autrement.
Pourquoi dans ce cas-là, ne pas décaler les locales pour garantir, comme le réclame la communauté internationale, que les législatives et la présidentielle soient organisées à une date prévue, ça ne pourrait pas être une solution ?
C’est une des hypothèses proposées par certains. Laissez les Congolais dialoguer pour lever une option.
Vous pensez comme le ministre des Relations avec le Parlement qu’une prolongation du mandat de Joseph Kabila permettrait de garantir cette stabilité ?
Ici, on n’en est pas à citer des noms. Actuellement, il y a un président de la République qui va remettre le tablier à un autre président de la République, élu.
En décembre 2016 ?
Un autre président de la République élu, c’est cela qu’il faut retenir. S’il arrive que les élections soient organisées en décembre 2016 et qu’un autre président est élu, ça va de soi puisque nous sommes dans un Etat de droit. Mais l’essentiel, c’est de savoir dialoguer pour le bien-être de nos populations. C’est là le pourquoi même des consultations que le président de la République est en train de mener et qui pourraient nous conduire à un dialogue.
Mais pourquoi faire un dialogue alors qu’il y a déjà eu des concertations nationales. Ça veut dire qu’elles ont été un échec ?
La situation est très dynamique. Puis les concertations nationales, ce n’est pas toute l’opposition qui a pris part à ces travaux.
Mais cette fois-ci non plus, il n’y aura pas toute l’opposition s’il y a dialogue ?
C’est vous qui le dites.
C’est l’opposition qui le dit.
On verra bien le jour où le dialogue sera convoqué, s’il est convoqué parce que ce n’est pas à moi de le convoquer.
Que répondez-vous à ceux qui, au sein de l’opposition, craignent que ce dialogue ne serve en fait qu’à retarder les élections et maintenir Joseph Kabila au pouvoir. Est-ce que ces craintes sont justifiées ?
Non chacun est libre, chacun s’exprime dans les couloirs, les salons, mais nous allons nous retrouver pour aboutir à une solution raisonnable. C’est cela l’essentiel.
Quelle est la priorité que vous vous êtes fixée en tant que nouveau président de l’Assemblée des parlementaires francophones ?
C’est d’abord d’affiner les relations entre tous les Etats membres, de sorte que tous ceux qui sont un peu à l’écart puissent effectivement réintégrer la grande famille des parlementaires de la Francophonie.
Vous pensez à qui en particulier ?
Déjà, la Tunisie est de retour. Nous avons aussi d’autres Etats qui sont sous observation, notamment le Burundi, le Burkina Faso.
Le Burundi en ce moment, compte tenu de la crise politique que connaît le pays est en mesure de revenir pleinement dans les travaux ?
Personnellement, je suis convaincu qu’il en sera ainsi très rapidement. D’ailleurs au niveau de l’union interparlementaire à New York, il y a eu aussi une délégation burundaise.
A cette occasion, vous avez tenu un discours au cours duquel vous avez au nom de la Francophonie affirmé votre attachement aux valeurs de la démocratie, et la défense des droits de l’homme également. De ce point de vue-là, que pensez-vous de la censure qui frappe le film de Thierry Michel, « L’homme qui répare les femmes » sur le docteur Mukwege. Soutenez-vous cette décision ?
Il faut exiger la correction des inexactitudes de ce film. Une partie de ce film concerne le témoignage des femmes qui en langue swahili sont en train de remercier les troupes des forces armées de la République parce que ces troupes les ont sorties des mains des rebelles. Mais la traduction en français est telle que ces femmes seraient en train de condamner les troupes congolaises pour viols. Nous ne pouvons pas laisser passer les contre-vérités. Je souhaite d’abord qu’il y ait une correction claire pour que l’armée ne soit pas dérangée dans sa dignité, violentée même dans sa dignité. Une fois corrigé, personne n’empêchera la diffusion de n’importe quel film, notamment celui-là.