Quelle communication en période de crise ? Cas du Covid-19. Par Léon SAKI.
Afrique Matin.Net
En période de crise, l’arme la plus puissante, plus puissante que toute autre arme, c’est la communication. Elle peut être un facteur de motivation ou de démotivation et faire s’écrouler toute une organisation, pourtant bien établie.
Une crise telle que celle du Covid-19, c’est une situation inattendue et imprévue caractérisée par son instabilité, qui oblige à adopter une gouvernance ou une gestion spécifique pour revenir à une situation stable.
Dans cette perspective, et à l’heure du digital marquée par l’avènement des réseaux sociaux, un phénomène de mode et de socialisation en pleine expansion dans la consommation d‘information qui contredit parfois l’art de l’écriture journalistique, et les techniques de collecte, de traitement et de diffusion de l’information, une crise mal gérée peut déstabiliser toute une organisation au point de donner l’impression que les gouvernants sont nuls et sans stratégie.
Pour s’en sortir sans trop de dégâts, il faut mettre en place une cellule de communication de crise composée de professionnels pour veiller au respect des règles de base suivantes : surveiller son écosystème et faire très attention à ce que la sphère digitale dit. Une rumeur ou une mauvaise information peut s’avérer catastrophique pour la réputation de ceux qui sont en charge de la gestion de la crise sanitaire, au plan politique, technique et médical.
L’incendie ou le sabotage des installations de la BAE par les riverains du quartier Toit-Rouge est la preuve de la défaillance du système de communication gouvernemental, s’il existe effectivement. Nous assistons, depuis le début de cette pandémie, à une pluie d’informations (vidéos et textes) dont les teneurs peuvent être parfois source de panique et de crise cardiaque.
« Les blancs ont conçu un plan d’extermination des Africains », « un vaccin mortel sera testé sur les Africains et les dirigeants des pays de l’Afrique de l’Ouest sont déjà d’accord », « Bill Gates veut réduire la population mondiale », « Le président ivoirien a abandonné ses concitoyens confrontés au coronavirus. Il est désormais confiné à Assinie », « les feuilles de Nîmes guérissent du coronavirus », « des enfants ont été vaccinés à Blockauss par des chinois », « le coronavirus est dans l’air. Il suffit de sortir dans la rue pour prendre le virus », « le gouvernement ivoirien veut construire un site de traitement des infectés à la base BAE pour tuer les populations de yopougon, favorables à Gbagbo alors que le Maire Cissé Bacongo a refusé qu’un tel site soit établi à Koumassi » etc.
Ces informations, vraies ou fausses, inondent les réseaux sociaux sans faire l’objet de démenti ou d’affirmation. La cellule de communication de crise qui fait une veille médiatique et constitue une courroie de transmission entre les populations et les autorités détentrices des informations vraies, si elle était créée, aurait réagi à tous ces événements pour éviter la panique, capable de tuer plus que le coronavirus lui-même. La vie est précieuse ; pour sa survie, l’homme est capable de tout.
A méditer !