Procès du coup d’Etat : « Mourir pour mourir, vaux mieux mourir le plus tard possible », dixit le colonel Mamadou Bamba

LEFASO.NET | Dimitri Ouédraogo • samedi 29 septembre 2018 à 00h47min

L’audition du colonel Mamadou Bamba s’est poursuivie ce vendredi 28 septembre 2018. Poursuivi pour des faits d’attentat à la sûreté de l’Etat et de meurtres de treize personnes, l’homme avait commencé à donner sa part de vérité le mercredi dernier. Aujourd’hui encore, le lecteur des communiqués du coup d’Etat est resté droit dans ses bottes. Il dit ne pas reconnaître les meurtres, car il ne pouvait pas les prévoir.

Avant la suspension du mercredi 26 septembre 2018, la parole était donnée à la partie civile. A la reprise aujourd’hui, Me Ali Neya a voulu savoir si le général Diendéré a demandé au colonel Bamba d’intervenir auprès de l’ambassadeur des Etats-Unis en sa faveur. L’accusé répondra que c’est de sa propre initiative qu’il est intervenu. Des échanges, il est ressorti que le colonel plaidait sa propre cause et celle du Régiment de sécurité présidentielle (RSP). « Est-ce normal qu’un militaire burkinabè puisse entrer en contact avec des puissances étrangères pour discuter d’une situation nationale ? », a demandé l’avocat. L’inculpé rétorquera qu’il n’a pas croisé l’ambassadeur dans la rue, encore moins dans son bureau. Ce sont juste des échanges par SMS.Peu importe, Me Séraphin Somé de la partie civile a tenu à saluer l’attitude du colonel Bamba. Pour lui, l’accusé a reconnu sa part de responsabilité. C’est donc à son honneur. Il a aussi salué le fait que l’accusé n’ait pas remis en cause les résultats de l’expertise sur les échanges téléphoniques.
Mais Me Oumarou a bien voulu savoir qui du colonel Bamba et du capitaine Dao dit la vérité. Selon le capitaine, c’est le colonel qui s’est proposé de lire les déclarations à la télévision. Selon le colonel, c’est le capitaine qui l’a appelé pour venir faire ce travail. A cette question, l’accusé a martelé que c’est ce genre de situation qui amenait les ancêtres à recourir à des potions pour détecter les personnes qui mentaient.

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Mais pourquoi le colonel Bamba a accepté de lire les communiqués finalement ? A cette question, il dit avoir pesé le pour et le contre. Au finish, c’est le pour qui l’a emporté. Il ne savait pas à quelle sauce il serait mangé s’il refusait l’offre. Donc « mourir pour mourir, vaut mieux mourir le plus tard possible », a-t-il martelé.
Pour le parquet, le fait que le colonel dise qu’il ne pouvait pas prévoir les conséquences ne tient pas la route. Pour le parquet, le fait que l’accusé ait éprouvé de la peur signifie qu’« il a commencé à prévoir les conséquences. »

Me Sombié, son avocat, n’est pas du même avis. Il estime que son client a été assez clair. En plus, il est un spécialiste de la médecine de guerre. Il est donc utile pour la population civile et pour l’armée, surtout en cette période. Il demande donc qu’à défaut de l’acquittement, son client puisse obtenir un sursis. Sur ce, l’accusé a passé le témoin au sergent Issa Yago.

Dimitri Ouédraogo
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