Présidentielles 2025/Pourquoi Thiam dérange-t-il tant la classe politique ivoirienne ?
Par Ablizangoh Wakatê/afriquematin.net
La Côte d’Ivoire a traversé plusieurs crises politiques, notamment celles de 2010-2011, 2020, qui ont profondément divisé et affaibli le pays et partant les populations avec son corollaire de tueries et de massacres. Le système politique ivoirien a été marqué par des clivages ethniques, régionaux et religieux qui ont été exploités par une certaine élite- pour conserver le pouvoir.
Le président du Pdci-Rda Tidjane Thiam semble être une figure politique ou un intellectuel dont les pensées et les actions suscitent des réactions contrastées au sein du Rhdp. Sa position, proposant des reformes visant à renforcer la transparence, à lutter contre la corruption ou à promouvoir une meilleure gouvernance, les actuels dirigeants trouvent en cela comme une menace pour leurs intérêts. De ceux qui tirent profit de ces pratiques, Thiam plaide pour une redistribution plus équitable des ressources pour des politiques sociales plus inclusives, et cela pourrait déranger ceux qui contrôlent une grande partie des richesses du pays.
Raisons pour lesquelles il dérange et il est l’objet de menaces verbales pour les intérêts établis du Rdr-Rhdp dont ses dirigeants craignent de perdre leur système. Et en proposant des changements, il est perçu comme un danger pour cette classe politique. Ces reformes font gagner Thiam en popularité auprès des populations ; en particulier parmi les jeunes ou groupes marginalisés et cela inquiète le pouvoir en place qui craint de perdre son influence.
Une insistance sur la transparence et la responsabilité pourrait exposer des pratiques de corrompues au sein du gouvernement ; ce qui mettrait en danger ceux qui sont impliqués dans de telles activités. Si le président du Pdci-Rda prône une vision de la Côte d’Ivoire qui transcende les divisions ethniques et régionales ; cela pourrait menacer le Rdr-Rhdp qui exploite ces divisions pour maintenir son pouvoir.
Ainsi la classe politique pourrait réagir de plusieurs manières à l’égard de Thiam. Soit par marginalisation, en voulant le discréditer publiquement, en éliminant son accès aux médias ou en sapant son influence. Dans les cas extrêmes, le président du Pdci-Rda pourrait faire face à des mesures répressives y compris des arrestations dans son cercle, des intimidations ou des campagnes de diffamation.
Depuis la capitale française, et face à la diaspora ivoirienne, n’affirmait-il pas que « depuis que je suis arrivé, j’ai toujours adopté un ton conciliant, poli, à tel point que certains m’ont traité de « trop mou-« , mais c’est délibéré. Comme tout le monde, moi aussi je peux être impoli. Être poli c’est un choix, ce n’est pas nécessairement de la faiblesse. Tout ce que j’ai eu en retour c’est des injures, des calomnies, on me traîne dans la boue. C’est malheureux, parce que j’ai l’impression qu’on a affaire à des gens qui ne savent que se comporter comme ça ! Même quand vous ne les agressez pas, eux ils vous agressent. C’est comme une machine qui a un seul mode de fonctionnement. C’est malheureux, quand ils nous ont envoyé trente-neuf (39) cargos de police pour empêcher la tenue du congrès le 15 décembre 2023 c’est ce que j’ai dit : dans la vie, on ne contrôle pas les évènements, mais ce qu’on contrôle toujours c’est comment on réagit aux évènements », rappelle-t-il lors de sa récente rencontre avec la diaspora ivoirienne.
Son parcours atypique, qu’il soit homme politique, un intellectuel, se distingue souvent par un itinéraire hors sentier battus. Contrairement à de nombreux politiciens ivoiriens formés dans le cercle traditionnel du pouvoir. Si l’actuel président du Pdci-Rda gagne en popularité auprès du public, c’est parce qu’il incarne une nouvelle génération de leaders ou une approche différentes de la gouvernance. Thiam dérange l’actuel classe politique ivoirienne, parce qu’il représente un défi aux pratiques établies et aux intérêts des élites. Que ce soit par ses idées réformatrices, sa critique du système ou son appel à la justice sociale, il incarne une menace pour ceux qui bénéficient de cet état de fait.
Oui Tidjane Thiam dérange cette classe politique ivoirienne, parce qu’il reflète une rupture avec les pratiques politiques traditionnelles. Son indépendance, son discours critique et sa cote de popularité croissante en font une figure à la fois admirée et crainte. Dans un pays en quête de stabilité et de renouveau, son ascension pose des questions sur l’avenir de la gouvernance en Côte d’Ivoire. Que l’on soit pour ou contre il semble être un acteur incontournable de la scène politique ivoirienne, capable de susciter des débats passionnés et de remettre en question les équilibres existants.
Dans un contexte politique aussi complexe et divisé que celui de la Côte d’Ivoire, toute figure qui cherche à changer les règles du jeu est susceptible de susciter des réactions fortes, voire hostiles de la part du Rdr-Rhdp en place. Et pour que cette Côte d’Ivoire puisse avancer vers une démocratie plus inclusive et transparente, il est essentiel que des figures comme Thiam s’expriment librement et que leurs idées soient discutées ouvertement.
Cependant, cela nécessite un engagement de la part de la classe politique à accepter les critiques et à travailler pour le bien commun plutôt que pour des intérêts personnels ou partisans. Et dans ce contexte, toute figure politique qui émet en question le statu quo ou qui propose des réformes profondes, le cas de Tidjane Thiam, est susceptible de déranger les intérêts établis.