Position du RHDP à propos de l’amnistie à accorder au Président Laurent Gbagbo/La Côte d’Ivoire présente tous les ingrédients d’une situation socio-politique explosive
Par Séraphin Prao*
Le mercredi 29 mai 2029, plusieurs journaux locaux, relayant une interview accordée à la radio française RFI, ont rapporté à leur Une et dans leurs colonnes, le point de vue du RHDP porté par son porte-parole sur l’amnistie à accorder au Président Laurent Gbagbo. Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » a été ahuri et profondément attristé de lire, de l’avis du RHDP, que « le Président Alassane Ouattara n’a aucun moyen d’amnistier Laurent Gbagbo ».
Pour le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire », cet avis n’est pas constitutionnellement tenable. Nous n’entrerons pas dans les détails des pouvoirs que la Constitution confère au Président de la République. Mais, une seule question mérite d’être posée au RHDP : est-ce du même Président Alassane Ouattara qui a signé, le 6 août 2018, une ordonnance pour amnistier Simone Gbagbo dont parle le RHDP ou s’agit-il d’une autre personne ?
Entre ce qui peut garantir la paix sociale et permettre aux indicateurs économiques de fonctionner dans un cadre de stabilité et toujours au vert et une posture qui est susceptible de provoquer de profondes fractures dans la société ivoirienne et de la pousser sur des entiers malheureux déjà expérimentés et que le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » ne voudrait, pour rien au monde, voir les ivoiriens en faire à nouveau l’expérience, quelle est la décision la plus sage et la plus pertinente à prendre ? Le RHDP aurait-il déjà oublié la propre histoire nationale du Président Alassane Ouattara ?
Le passé doit nous inspirer
La gestion du pouvoir ne doit pas faire oublier que les Ivoiriens reviennent de très loin, que des efforts conséquents ont été faits par le Président Alassane Ouattara pour panser les plaies, reconstruire la Côte d’Ivoire et lui redonner le sourire après les destructions et les pertes en vies humaines de la crise postélectorale de 2010-2011. Aucun ivoirien n’a le droit d’oublier cela sur l’autel des intérêts politiques et partisans. Si notre passé commun n’est pas capable de nous inspirer de la circonspection dans les décisions prises aujourd’hui et les postures adoptées, il y a vraiment de quoi désespérer de la classe politique ivoirienne et de l’élite dirigeante.
Il n’est ni juste, ni humain, ni bienséant, du point de vue de l’éthique de la gouvernance, d’offrir aux ivoiriens la seule alternative de la confrontation. La Côte d’Ivoire est notre bien à tous et non la propriété de quelques-uns. Et, nul ne doit s’arroger le droit de la tirer vers les puanteurs nauséeuses des intérêts bassement claniques, vers les tréfonds fétides de la division et vers les crispations politiques, sources de stress pour tout le monde et qui en rajoutent au stress ambiant provoqué par la cherté de la vie.
Nul n’a le droit, pour finir, d’en faire ce qu’il veut. Le moral du peuple est, dans les démocraties, un indicateur important à prendre en compte dans les décisions politiques et les prises de position publiques touchant aux sujets sensibles.
Il n’existe qu’une seule Côte d’Ivoire, pas deux et, cette seule Côte d’Ivoire a besoin de paix, d’un cadre électoral concerté et inclusif. Si la Côte d’Ivoire venait à nouveau à sombrer, le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » conjure cette funeste perspective de toutes ses forces, ce serait parce que le RHDP, plus que tout autre parti ou mouvement politique, aura choisi de tirer le glaive au lieu d’offrir un rameau d’olivier.
Alassane Ouattara, le choix de la paix sociale avec sa signature.
Pour le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire », au nom de la paix et de la réconciliation nationale et vu les sommets où il a propulsé la Côte d’Ivoire en termes d’indicateurs macroéconomiques et au regard des pouvoirs que lui confère la Constitution, le Président Alassane Ouattara peut beaucoup. Et personne, encore moins le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire », ne souhaite qu’il entre et reste dans l’histoire par la mauvaise porte vers laquelle veut le conduire le RHDP.
Il est donc appelé à ne point écouter les gens de l’intérieur comme ceux de l’extérieur qui ont choisi le statu quo parce qu’il serait le meilleur garant, pour eux, de leurs intérêts claniques, tribaux, politiques, économiques et stratégiques. L’histoire le regarde ; les ivoiriens le regardent ; le monde entier le regarde. Il a le choix de la paix sociale avec sa signature.
Le Président Laurent Gbagbo doit être amnistié. Le Premier ministre Soro Guillaume doit être amnistié. Le ministre Charles Blé Goudé doit être amnistié. C’est la position depuis longtemps connue du mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » parce que la Côte d’Ivoire a besoin d’une réconciliation vraie.
Il ne faut pas revenir sur des questions et des problématiques que les ivoiriens, par le dialogue, ont résolues entre 2002 et 2008. Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » ne saurait accepter la marche à reculons forcée imposée à l’histoire sur la base d’arguties juridiques répondant à des calculs politiciens.
Malgré le calme apparent, la Côte d’Ivoire présente tous les ingrédients d’une situation socio-politique explosive. Il ne tient qu’à nous et à nous seuls de prendre les bonnes décisions qui sauvent des vies et préservent la paix sociale et la stabilité politique. L’avenir sera ce que nous voulons qu’il soit, sombre ou éclairé. Ainsi soit-il.
*Président Pour « Les Démocrates de Côte d’Ivoire ».