Liban : le Premier ministre désigné Saad Hariri jette l’éponge

Le Premier ministre désigné Saad Hariri a annoncé jeudi qu’il renonçait à former un gouvernement près de neuf mois après avoir été nommé et au moment où le Liban est confronté à la pire crise socio-économique de son histoire.

Saad Hariri avait été désigné Premier ministre en octobre 2020 et devait mettre en place une équipe censée lancer des réformes indispensables pour débloquer notamment des aides internationales cruciales. Il a indiqué jeudi à la presse avoir rencontré le président Michel Aoun qui avait réclamé des amendements à la liste du gouvernement, changements auxquels il était opposé.

« Il est clair que la position (de Michel Aoun) n’a pas changé sur le sujet et que nous ne serons pas en mesure de nous mettre d’accord », a-t-il indiqué. « Je lui ai proposé plus de temps pour réfléchir et il a dit « Nous ne pourrons pas nous mettre d’accord ». C’est pourquoi je me suis excusé de ne pas pouvoir former le gouvernement, que Dieu aide le pays. »

Michel Aoun et Saad Hariri ont plusieurs fois affiché leurs désaccords ces derniers mois, notamment au cours d’une passe d’armes publique en mars dernier après une énième rencontre qui avait viré aux accusations acerbes.

Saad Hariri reprochait au président d’entraver la formation du gouvernement en insistant sur une « minorité de blocage » au sein de la prochaine équipe ministérielle et en cherchant à imposer une répartition « confessionnelle et partisane » des portefeuilles. Saad Hariri, lui, réitérait son attachement à un gouvernement de technocrates, réclamé à l’international. La présidence avait démenti toute velléité de « minorité de blocage » et exprimé son « étonnement » quant aux « propos » de Saad Hariri.

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Trois fois Premier ministre

Trois fois Premier ministre, Saad Hariri, avait été nommé Premier ministre le 22 octobre 2020, un an après sa chute sous la pression de la rue. Le gouvernement actuel, chargé des affaires courantes, avait démissionné après l’explosion dévastatrice du port de Beyrouth qui avait fait plus de 200 morts et des milliers de blessés, le 4 août 2020, un coup de grâce pour une population déjà à genoux.

Près d’un an plus tard, les partis restent absorbés par leurs habituels marchandages dans un pays multiconfessionnel mis en coupes réglées par les barons des diverses communautés.

Avant Saad Hariri, Moustapha Adib, un diplomate peu connu du grand public nommé fin août pour former un gouvernement, avait lui aussi échoué face à la résistance des partis à sa proposition de cabinet.

La France dénonce un « épisode dramatique de plus »

Le ministre français des Affaires étrangères a estimé que le retrait de Saad Hariri est un « épisode dramatique de plus dans l’incapacité des responsables libanais à trouver une issue à la crise (…) par rapport à la réalité économique et sociale » du pays.

Les responsables politiques libanais font preuve d’autisme, regrette Jean-Yves Le Drian. « Cette autodestruction cynique qui est en cours vient d’enregistrer un nouvel épisode mais il est encore temps de se ressaisir », a déclaré le chef de la diplomatie française. « Cela ramène les responsables politiques libanais devant leurs responsabilités », a ajouté Jean-Yves Le Drian, en déplorant que ce retrait intervienne à quelques jours de l’anniversaire de la tragédie du port de Beyrouth

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L’ONU a aussi déploré le renoncement de Saad Hariri. « Nous regrettons que les dirigeants libanais n’aient pu parvenir à un accord sur la formation d’un nouveau gouvernement. Nous réitérons notre appel aux dirigeants politiques du pays à s’entendre rapidement sur la formation d’un nouveau gouvernement capable de relever les nombreux défis du pays », a déclaré une porte-parole de l’Organisation.

Source/RFI