Parti unifié/Après le débat politique sur RFI, Barthelemy Inabo réagit: « la télévision ivoirienne est le miroir du pouvoir »
Un débat politique portant sur l’unification des partis issu de l’Alliance des Houphouëtistes a mis en discussion des hommes politiques issus du RHDP. Barthelemy, l’un des talentueux journalistes-producteurs qui a marqué son époque par son esprit d’initiative sans pareil ne s’invite pas au débat politique mais fait la jonction entre RFI et la RTI.
Bathelemy Inabo Zouzoua: « J’ai écouté l’émission inter-RHDP diffusée ce dimanche 8 avril sur les antennes de RFI. Je ne voulais pas parler. Mais mon inbox reçoit tant de messages que je me sens obligé de rompre une certaine ligne de conduite que je me suis imposée depuis ce fameux 12 mars 2012. Les initiés connaissent ce repère.
Je me suis en effet imposé de ne jamais critiquer ou de parler publiquement de mon ancienne maison. Oui, certains excités à la RTI m’ont manqué de respect mais la maison bleue m’a tout donné. Je ne cracherai jamais sur elle. Je ne la montrerai jamais de la main gauche.
Je parle aujourd’hui, -Je ne parlerai plus- parce que certains amis, journalistes, hommes et femmes politiques proches du groupement au pouvoir, des responsables actuels de la maison me posent les mêmes questions:
1- « as-tu suivi le débat sur la radio étrangère là? »
2- « Qu’est ce qui empêche la RTI de faire pareil? »
3- « Qui a peur des débats contradictoires en Côte d’Ivoire? »
4- « Trouve moi le lien de l’émission stp »
Mon expérience personnelle me fonde à dire que la RTI a de tout temps eu dans ses rangs, de bons, de très bons professionnels. Ils savent ce qu’il faut faire. Mais ils sont noyautés par l’environnement politique. La RTI a une mission de service public plombée par les tiraillements politiques. En vérité, ceux qui ont peur des débats, ce ne sont pas les journalistes. Ce sont les hommes politiques. Ce sont ces hommes politiques qui désignent des journalistes-militants aux postes stratégiques pour contrôler l’expression plurielle ou pour conforter l’information unijambiste dans la maison.
Cela ne date pas de maintenant. Cela date du temps où les journalistes à la RTI étaient considérés comme « des agents de développement ». Cela date du temps où des journalistes pouvaient s’autoriser de porter « l’uniforme du parti au pouvoir » pour présenter le journal télévisé. Cela date de l’époque de la pensée du jour. Cela date de l’époque de « une seule nation, un seul parti, un seul chef. »
Le Multipartisme a tenté de faire bouger les lignes. Mais très vite, les consciences inhibées sont demeurées très fortes. La RTI fait alors trois pas en avant, six pas en arrière.
L’enthousiasme et la passion des bons professionnels finissent par se diluer dans l’océan des mises en garde et des blocages divers.
Afficher sa liberté, son indépendance d’esprit et même simplement sa passion pour le travail dans ces conditions, c’est s’exposer aux yeux de l’opinion dominante, comme un opposant, un réfractaire à l’ordre établi. Donc, c’est mettre sa carrière en pointillés. Ça, quand on a la chance de demeurer dans la maison…
J’ai eu l’occasion de le dire aux plus hautes autorités de la Communication: la Côte d’Ivoire a les hommes et les femmes pour aborder tous les débats. L’université nationale, les centres de recherche, les cabinets ministériels et les cabinets privés, Les Organisations de la société civile regorgent d’intellectuels de haut niveau. Même au sein des partis politiques, il n’y a pas que des militants alimentaires. Il y a là bas, des universitaires, des hommes pragmatiques, capables d’exposer, soutenir et justifier une opinion.
En un mot comme en cent, la télévision ivoirienne est le miroir du pouvoir. Au lieu d’être le reflet de la société. La société bouillonne. Elle s’exprime sur les réseaux sociaux. Ça se voit.
Qui me parle de la libéralisation de l’espace audiovisuel? Il y croit lui-même? »