Paris-JO 2024/Françoise Mbango Etone: »Les athlètes africains ont des chances de pouvoir réitérer de grosses performances »

Première à pratiquer le triple saut au plus haut niveau, Françoise Mbango Etone, du Cameroun a obtenu une médaille olympique dans cette discipline. Pour les jeux Olympiques du mois de juillet prochain, comment se dessinent les chances d’obtenir des médailles pour les africains à ces compétitions à Paris ? Avec deux médailles d’or au triple-saut, à son actif, en 2004 et en 2008, elle projette des perspectives en vue de glaner des lauriers au cours de ce championnat.  

Trois ans plus tard, aux Jeux Olympiques de Tokyo, l’athlétisme africain s’est tiré avec vingt (trois (23) médailles, pensez-vous que le contingent africain pourrait-il faire encore mieux ?

…C‘est mon souhait, vous savez, en courses de fond et demi-fond, les Africains ont toujours su se démarquer. Nous avons par exemple au marathon, dans la course de fond, le Kényan Eliud Kipchoge, l’Éthiopien Selemon Barega au 10 000 mètres et le Marocain Soufiane el-Bakkali, au 3000 mètres steeple. Pour les femmes dans les courses de fond, effectivement, il y aura la Kényane Faith Kipyegon au 5000 mètres et 1500 mètres et la Kényane Mary Moraa au 800 mètres.

Bien entendu, au sprint masculin, je ne peux pas ignorer la performance de mon compatriote Emmanuel Eseme qui a fait de très bonnes performances. Et évidemment le Botswanais Letsile Tebogo, le Sud-Aricain Akani Simbine et le Kényan Ferdinand Omanyala.

Vous parliez de votre compatriote Emmanuel Essemé, qui est arrivé 2ème sur 100 mètres derrière le Libérien Joseph Fahnbulleh lors du sprint du samedi dernier à Douala. Malheureusement le sprint féminin a été absent. Qu’en est-il exactement ?

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Dans le sprint féminin, je suis totalement avec Marie-Josée Ta Lou et  Maboundou Koné qui ont les capacités de faire quelque chose de bien et capables de réaliser de belles performances. Maintenant, la capacité est d’aligner à chaque fois des courses pour donner le meilleur en finale. Il y a bien sûr la Gambienne Gina Bass et la Libérienne Maia McCoy qui ont aussi leurs places en finale. Maintenant, la transmission du témoin, les réglages, ça, ce sera leur premier adversaire qu’il va falloir véritablement gérer au millimètre, au centimètre près.

 Pour Françoise Mbango Etone « les athlètes africains ont toutes les chances de pouvoir réitérer ses grosses performances lors de ces Jeux olympiques et s’adjuger le titre olympique ».

Vous avez donné au Cameroun deux médailles d’or olympiques en triple saut. Quelles sont les chances aujourd’hui de votre jeune héritier burkinabè Hugues Fabrice Zango ?

Alors, il a toutes les chances, vraiment, de pouvoir réitérer ses grosses performances lors de ces Jeux olympiques et s’adjuger le titre olympique. Il a ça dans ses jambes, il a tout simplement besoin d’arriver à cette compétition-là frais, reposé, pas stressé, totalement en forme. Parce que, pour moi, physiquement, il est prêt. Il a juste besoin vraiment de maintenir cette force-là et d’arriver avec cette hargne et peut-être pourquoi pas titiller le record. C’est un champion.

Les Championnats d’Afrique d’athlétisme qui viennent de se tenir à Douala n’ont pas été le tremplin espéré pour les athlètes africains pour les JO de Paris. Pourquoi cette défaillance ?

C’est vraiment dommage que quand on parle d’athlétisme au Cameroun, que ce soit aussi négatif. Personnellement, ça ne me surprend pas. Tout simplement parce que les organisateurs, tout le monde a du mal à accepter qu’ils n’ont pas toujours la compétence pour faire ce genre d’organisation.

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C’était si mal organisé que le sprinter botswanais Letsile Tebogo et la grande sprinteuse ivoirienne Marie-Josée Ta Lou ont renoncé à courir la demi-finale et bien sûr la finale, de peur de se blesser. Ils sont rentrés chez eux. C’est quand même incroyable ça !

Non, mais le Cameroun a le matériel, l’infrastructure pour organiser. Mais, maintenant, il manque peut-être la compétence, l’expertise, les ressources humaines pour bien planifier, organiser cela.

 Le ministre Narcisse Mouelle Kombi, en charges du Sport dans votre pays a été en conflit permanent avec le président de la Fédération camerounaise de football, Samuel Eto’o. Cette déconvenue n’a-t-elle pas effrité du coup, les préparatifs de ces Championnats d’Afrique d’athlétisme ?

Alors, personnellement, j’ai un peu mal au cœur de voir que les acteurs du sport, ceux qui ont vraiment travaillé sur le terrain et qui ont apporté des choses exceptionnelles, en l’occurrence, je parle de ma personne, ne puissent intégrer ou contribuer au développement du sport au Cameroun. Alors quand je vois le ministre des Sports, le président de la Fédération, moi j’ai envie de dire : c’est dommage. Parce qu’ils ont tout pour éviter ce genre d’attitude. Alors, pour le bien commun, il faut trouver une possibilité de ce que l’image du sport camerounais ne soit pas ternie par ceux-là même qui devraient la porter.

 Source : rfi.fr avec afriquematin.net