Parc National de Taî/Le syndrome de forêt vide est à craindre
Enquête réalisée par Haidmond Kaunan/afriquematin.net
Bloc forestier de plus de 5.360 km2, le plus important de l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest, le parc national de Taî (PNT) situé dans le Sud-ouest de la Côte d’Ivoire, entre les régions du Moyen-Cavally, de la Nawa et de San Pedro avec une couverture végétale intacte et stable. Pour n’avoir pas connu de nouveaux défrichements au cours de ces deux dernières décennies. Cependant en dépit des efforts de l’Office ivoirien des parcs et réserves(OIPR) et ses partenaires à la conservation, il court le risque de tomber dans un isolement écologique si les forêts situées à ses alentours disparaissent. Pire le braconnage dont les acteurs et vecteurs sont difficilement cernés constitue « un syndrome de forêt vide » qui guette le parc.
La GIZ, agence de coopération allemande qui appuie depuis plus de deux décennies le gouvernement ivoirien dans la conservation des aires protégées a donné une nouvelle impulsion au volet « Mesures riveraines » du projet pour la conservation du parc national de Taî (PCPNT).C’est une initiative conjointe de la Côte d’Ivoire et de l’Allemagne. Ce projet exécuté depuis 1995 par la GIZ et le KFW a pour objectif la conservation à long terme du PNT.
Les mesures riveraines sont un ensemble d’actions à mener dans la zone périphérique ou zone riveraine en vue de réduire les pressions et menaces sur la flore et la faune. Actions qui visent à soutenir et/ou susciter des initiatives mutuellement bénéfiques à l’aire protégée et à sa zone périphérique. A savoir la création des activités génératrices de revenus comme des boutiques et des étangs, la restauration des infrastructures socio-économiques telles les pistes rurales, des écoles et des dispensaires et des renforcements de capacité à travers des formations des capacités et des appuis logistiques.
L’ensemble des partenaires travaillant dans le PNT, l’OIPR, la GIZ, le KFW, le WWF et WCF ont jugé indispensable de développer un outil performant permettant de suivre à intervalle régulier la situation dans le parc concernant la faune ainsi que les incursions humaines. De Guiglo à Tabou en passant par Buyo et Méagui la couverture végétale est restée intacte. Et ce à cause de » l’arrêt de tout défrichement. Cependant dans le parc les espèces phares tels les chimpanzés et les éléphants montrent une situation préoccupante nécessitant un effort pour garantir la survie de ces espèces. Il est dénombré moins de 500 chimpanzés, soit une densité de 0,1 individu au km2 et 200 éléphants, soit une densité 0,03 individu au km2, dans le parc.
On y assiste à deux types de chasse. Celle dite de subsistance dont le produit est destiné à la consommation locale et celle dite professionnelle dont les produits alimentent un commerce florissant. Cette dernière relève du braconnage qui constitue une menace sérieuse pour l’avenir du parc. Telle une épée de Damoclès qui plane sur la tête de ce patrimoine mondial pour l’humanité. Ou encore un syndrome de forêt de vide dans la mesure il est en train de réduire une à une la population des grands mammifères à densité si faible que les espèces peuvent se retrouver dans un état d’extinction écologique c’est à dire une population non viable. Et ce braconnage à des fins commerciales enfreint lourdement aux textes pertinents internationaux auxquels la Côte d’Ivoire a adhéré qui est la convention sur la diversité biologique ratifiée en novembre 1994.
Plus d’un observateur reconnait les efforts de l’OIPR et ses partenaires à la conservation. Cependant les plus grandes menaces proviennent des zones éloignées au point qu’elles échappent à leur contrôle et demeurent difficiles à cerner les contours et le combat n’est pas encore terminé.