Par Christ Zorro Afriquematin.net
Dans son éditorial du lundi 05 septembre 2016, Mr Venance Konan, directeur général du groupe de presse gouvernemental ‘’Fraternité Matin’’, poursuivait le débat sur le projet de nouvelle constitution entamé par le confrère K.K.Mansu de ‘’Notre Voie’’ l’avant-veille. Dans cet article, nous lui emboitons le pas dans ce qui constitue en réalité la dynamique du débat démocratique.
« Combien de guerres nous faut-il pour comprendre que cet article (l’article 35) est mauvais, a divisé notre pays et nous a conduit déjà à une guerre?». Voici comment Mr Venance Konan justifie les atrocités qui ont été commis ces 15 dernières années. Nul, s’il n’a un minimum de bon sens, ne saurait rester muet face à ce qui saute aux yeux comme étant une dérive verbale. Les ivoiriens sont-ils si xénophobes au point que mettre des garde-fous quant aux conditions d’accession à la plus haute fonction de l’Etat leur ait été si préjudiciable ? Felix Houphouët Boigny ne s’était nullement obstiné, lorsque les ivoiriens lui avaient en son temps refusé le projet de double nationalité, malgré son aura d’antan, à imposer son point de vue à la majorité, laissant le temps avoir raison des réticences des uns et des autres. Le brassage entre les peuples vivant en Côte d’Ivoire est réel et le métissage résultant de ce fait est un atout indiscutable. Les raisons de la guerre imposée à ce pays est à rechercher ailleurs.
« A Linas-Marcoussis, tous les acteurs politiques avaient retenu que cet article était dangereux et devait être ôté de nos textes ». Sont-ce le M.J.P, le M.P.I.G.O, le M.P.C.I que Mr Venance Konan considère comme acteurs politiques ? Aujourd’hui, les masques sont tombés et l’on constate à regret que ces hordes de tueurs n’étaient que le démembrement des principales forces politiques qui composent le R.H.D.P. Est-cela faire de la politique ?
« Alors parce que la paix est revenue et que le pays est devenu normal ». De quelle paix et de quelle normalité parle Mr Venance Konan ? La fracture sociale qui s’intensifie de jour en jour, la chasse aux sorcières initiée après le 07 avril 2011 et l’embastillement des leaders de l’opposition : Voici la normalité selon le confrère. Que Mr Konan fasse un inventaire des patronymes des dirigeants des sociétés d’Etat, des admis aux différents concours d’Etat et il se rendra compte que sa vision de la normalité est sujette à caution. Quant à la paix à laquelle il fait allusion, qu’il réponde lui-même à cette interrogation de Rousseau : « on vit tranquille aussi dans les cachots, en est-ce assez pour s’y trouver bien ? » le Contrat Social, livre premier, chap. I.V, de l’esclavage.
« Il n’y a pas une méthode universelle que tous les pays se doivent de suivre. Chaque pays adopte la méthode qui lui sied en fonction de ses réalités». Bien dit. Si la méthode utilisée en 2000 est si décriée, qu’en sera-t-il de celle dont le projet d’élaboration peine visiblement à être accepté par une franche importante de la population : 23 partis d’opposition, le F.P.I version Aboudramane Sangaré et des voix représentatives de la société civile sont d’ores et déjà opposés à ce projet. La coalition au pouvoir veut-elle mettre sur la table ce qu’elle a tant combattu hier ? Vraisemblablement, nos dirigeants naviguent en eau trouble.
