Miss CI 2018/ Suy Fatem se dévoile
La participation de Suy Fatem à Miss Côte d’Ivoire 2018 est une série de pures coïncidences et prises de risques qui ont aidé à son couronnement. On aurait dit que la nature conspirait contre elle pour ne pas en faire une reine de beauté. A travers ce sacre, cette jeune femme de 19 ans, qui veut faire carrière dans la communication politique, a brisé bien de codes. Ses 1m68 et ses cheveux courts ne l’ont point défavorisée. Ils ont plutôt fait d’elle une Miss unique qui entend bien donner le meilleur pour faire de son mandant un des plus mémorables depuis l’établissement du Comici.
Suy Fatem, un rêve d’enfant ou une ambition que vous avez nourrie avec le temps ?
C’est une ambition que j’ai nourrie avec le temps parce que plus jeune, j’étais un garçon manqué. C’est en grandissant que j’ai appris à m’affirmer, à avoir confiance en moi. C’est à une semaine des présélections à Bouaké que je me suis inscrite. C’est avec l’encouragement de ma famille et surtout de ma mère que j’ai pu me présenter au concours. Elle a insisté. Et je me souviens, le jour de l’inscription, elle a débarqué dans mon établissement pour me récupérer. C’est ainsi que je suis partie m’inscrire. Je n’envisageais même pas de me présenter. Tout s’est fait en deux semaines, grâce à l’instance de ma mère.
Dans la nuit du 02 juin avant la proclamation, comment est-ce que vous vous sentiez ?
Pendant ce concours, j’ai fait beaucoup d’efforts, beaucoup de travail sur moi. Ce que je n’avais jamais fait auparavant. Donc je me disais que peu importe l’issue de la soirée, vis-à-vis de moi-même, je l’aurais emporté. Alors, j’étais détendue.
Sur une échelle de 10, pouvez-vous noter votre stress ?
1,03 sur 10 ! Je n’étais pas du tout stressée.
Quelles sont les raisons de votre candidature au concours Miss CI 2018 ?
Je n’étais pas focus sur le concours jusqu’à ma victoire à Bouaké. J’ai voulu accentuer mon combat sur les grossesses en milieu scolaire. C’est ce qui m’a motivée à continuer et à donner le meilleur de moi.
Pourquoi avez-vous décidé d’être la candidate de Bouaké ?
Bouaké parce qu’après la longue crise qui a secoué la ville, j’ai appris que la ville était en train de se reconstituer. Ma mère m’avait aussi appris qu’au cours des dernières décennies, Bouaké n’avait pas eu de couronne. J’ai décidé d’y aller, heureusement, j’ai pu le faire.
Suy Fatem porte-t-elle des mèches dans la vie quotidienne ?
Plus jeune, j’étais un garçon manqué. J’avais les cheveux courts jusqu’à l’âge de 16 ans. A l’adolescence, j’avais envie d’exprimer une certaine féminité. Je voulais garder les cheveux comme les filles de mon âge. Avec le temps, j’ai compris que ça ne me correspondait pas vraiment, j’ai coupé de nouveau les cheveux, puis j’ai teint mes cheveux dans une couleur châtain. Malheureusement, mon établissement ne me permettait pas d’avoir la couleur dans les cheveux. Alors, quand je suis à l’école, je mets des postiches, et quand je passe la porte, j’ai les cheveux naturels.
Quelle cause aimeriez-vous défendre pendant votre mandat ?
Les grossesses en milieu scolaire.
Selon vous, qu’est-ce qui a joué en votre faveur durant le concours ?
L’originalité !
Vous êtes la première à avoir gagné le concours de beauté en gardant les cheveux courts à la finale. Pourquoi avez-vous fait ce choix ?
Après ma victoire à Bouaké avec cheveux courts, je suis rentrée à la maison. J’ai dit à ma mère que j’allais poursuivre le reste du concours avec la même coiffure. Ma mère a refusé parce qu’elle estimait que c’était un grand risque. Pour la mise au vert, je portais les mèches pour faire croire que j’allais les porter toute la compétition. Pendant ce temps, je réfléchissais au risque que je prenais. Le jour de la réunion des parents pour la mise au vert, il y avait ma tante qui était là, elle me soutenait dans mon choix de garder les cheveux courts. Elle est arrivée, elle m’a demandé de me coiffer les cheveux et de la rejoindre ensuite pour la rencontre. Quand elle m’a vu arriver, elle a dit : « C’est bon, tu feras la finale avec les cheveux courts ». Je lui ai dit à elle, de retenir ma mère dans la salle pendant la finale pour ne pas qu’elle me tombe dessus en me voyant défiler avec la coupe garçonne (rires). Le jour de la finale, j’ai porté la perruque jusque dans les loges, quand c’était à mon tour de me faire coiffer, j’ai retiré la perruque et je leur ai dit que j’étais déjà coiffée. J’avais pris le soin de me coiffer moi-même avant de rejoindre la salle de maquillage. Quand j’ai retiré la perruque, elles se sont retournées pour me regarder, j’avais peur des réactions du public, mais j’ai pris le risque. On m’a expliqué plus tard que lorsque ma mère m’a vu défiler sans la perruque, elle a hurlé et à menacer ma tante de la tuer si je ne remportais pas. (Rires). Comme je le disais, j’ai pris le risque. Je me suis dit, c’est quelque chose qu’ils n’ont jamais vu par ici. Donc si je ne remporte pas la couronne, je resterai au moins dans les annales.
En tête des classements avant même la grande finale. Est-ce que vous aviez le sentiment que c’était gagné d’avance ?
J’étais à la mise au vert quand je suis passée en tête dans les votes, je n’avais pas de téléphone portable pour pouvoir le voir. Le mercredi avant la finale, j’ai demandé des nouvelles des statistiques, c’est là qu’on m’a annoncé que j’étais en tête du classement. J’étais ravie d’avoir le soutien de la population. Mais je n’ai pas pris un excès de confiance parce que pour moi, ce n’était pas décisif.
Comment avez-vous réussi à réunir autant de gens autour de vous pour votre campagne ?
Je ne m’y attendais pas justement. Au départ, il y avait ma famille, mes amis. Mais avec le temps, le cercle s’est largement agrandi.
On a vu que avez organisé une caravane dans la ville de Bouaké pour la campagne, ce qui demande beaucoup de moyens. Qui a été votre plus grand soutien financier dans cette aventure ?
Ma mère a été mon plus grand soutien financier. C’est elle qui a tout organisé pour la campagne.
Si vous n’étiez pas parmi les finalistes, quelle candidate auriez-vous soutenu ?
Érika Kolia. C’est une belle personne que j’ai découverte à la mise au vert. Elle reste ma plus belle rencontre de la mise au vert.
Quand vous avez entendu votre numéro au micro, que ressentiez-vous à cet instant-là ?
(Rires)… Un soulagement, j’avais l’impression de voler dans les nuages. Mes efforts avaient porté leurs fruits. Tout le monde avait vu à quel point, j’avais donné de moi. Je ne le réalisais pas encore, jusqu’à ce que j’arrive dans les loges où j’ai reçu une standing ovation. Les gens se bousculaient pour prendre une photo avec moi. J’ai commencé à couler des larmes. Tout venait de changer pour moi. L’aiguille qui était à 1 est passée à 20 (rires).
Comment avez-vous été accueillie à la maison ?
Nous avons été tous submergées par l’émotion. Entre larmes et cris de joie.
Quel souvenir gardez-vous de la finale ?
Après le Titanic, nous sommes retournées dans les loges. J’ai commencé à chercher Kolia. Je demandais pourquoi elle n’était pas dans le top 12. Je suis partie la retrouver, je l’ai serrée fort dans mes bras, on a pleuré.
Vous bénéficiez de 10 millions offerts par la Première Dame. Que comptez-vous en faire ?
Une partie servira à mener des actions pour mon projet social et l’autre partie à me construire moi-même. Continuer mes études en communication au Canada.
Et justement pour les études ? Que devient leur place en ce moment-là ? Comment comptez-vous pallier les études et les exigences de la couronne ?
Mon établissement s’est montré jusque-là très compréhensible. J’ai un programme adapté à mon planning depuis les présélections. Je pense qu’on continuera dans cette lancée-là.
Qu’est-ce qu’il faut pour être une bonne Miss ?
L’humilité, la beauté, le sourire !
Participerez-vous à Miss Monde ?
Non, je ne pense pas. J’ai quatre dauphines, et chacune d’elles possèdent une qualité que je n’ai pas forcément. Comme je pense avoir quelque chose qu’elles n’ont pas. Pour Miss monde, si nous devons faire un grand pas cette année pour la couronne, je préfère laisser participer une de mes dauphines dont je pense qu’elle a toutes les chances.
Ce serait laquelle ?
Jemima Gbato, ma première dauphine.
Pourquoi ?
Il ne faut pas penser qu’à soi, il faut penser aux autres, penser stratégie et à l’image du pays. Alors, si j’avais le choix de proposer une candidate pour Miss Monde, je dirais Jemima. Je ne me vois pas participer à Miss Monde.
Qu’attendez-vous de ce mandat ?
J’attends de moi-même de donner le meilleur pour qu’il soit un des plus beaux mandats afin qu’à travers moi, certaines personnes s’identifient, se réfèrent. Qu’on se souvienne de cette fille de 1m68 aux cheveux courts qui s’est battue. C’est ce que je veux laisser après mon mandat.
Quel conseil pouvez-vous donner à celles qui envisagent de s’inscrire au concours Miss Côte d’Ivoire ?
Rester authentique, ne pas hésiter à participer, ignorer les rumeurs qui affirment que le concours est gagné d’avance. J’ai participé, j’ai remporté, je peux dire haut et fort : rien n’est gagné d’avance ! A Miss Côte d’Ivoire, seul le mérite l’emporte.
Source : linfodrome.com