« L’élection à la FIF pose la problématique de notre volonté d’émancipation » (par Léon SAKI)
Par Léon SAKI – Afrique Matin.Net
« Tout change, tout évolue, Seuls les imbéciles ne changent pas ;
Tout change tout évolue, seuls les imbéciles ne change ;
J’insiste, je persiste et je signe ;
Les ennemis de l’Afrique, ce sont les Africains ».
Ces vers d’anthologie de la chanson de la méga star du reggae nous semblaient viser les politiciens mais en réalité elle s’adresse à l’ensemble des secteurs de souveraineté de notre Afrique ; cette Afrique victime d’elle-même dans son refus de prendre le train de l’évolution et du changement.
Le débat enfanté par l’élection à la Fédération Ivoirienne de Football, nous laisse réaliser combien cette Afrique plongée dans l’illusion de la démocratie nous fait parfois perdre la raison.
Le combat pour le contrôle de la tour de verre de Treichville mettant aux prises Didier Drogba, l’ex-capitaine mythique des Eléphants de Côte d’Ivoire et Sory Diabaté, présenté comme
président de la Ligue Professionnelle de Football a fini par nous convaincre de l’intérêt que les Ivoiriens, dans leur mansuétude, portent au sport roi. Mais surtout, il nous donne de réaliser combien l’hypocrisie, la haine et la jalousie peuvent nous aveugler au point de fermer les yeux sur l’essentiel, sur le rêve et l’avenir.
« Didier Drogba n’a pas l’expérience nécessaire pour diriger la FIF » ; « Didier Drogba ne connait pas les réalités de chez nous » ; «Didier Drogba peut venir apprendre avec nous et avancer » ; « Avoir été un grand joueur ne fait pas forcément de vous un bon dirigeant », etc. Qu’est-ce que l’enfant terrible du football ivoirien a-t-il fait aux siens pour subir un tel courroux ?
Pour de simples observations, sans aucun fondement rationnel, on choisit de se désolidariser, comme le dirait le Président Eugène Diomandé, d’un « projet qui se distingue par un financement audacieux et une organisation professionnelle, débouchera inéluctablement sur le bond qualitatif qui permettra à notre Football de sortir de son confinement financier extrême ».
Comment est-il possible qu’un individu à la tête d’une fortune colossale et chef de plusieurs entreprises peut-il paraitre sans expérience en matière de gestion ?
Comment est-il possible qu’un individu qui occupe le poste de vice-président de la commission des acteurs du football à la FIFA, peut-il paraitre sans expérience en matière de gestion du football ?
Comment est-il possible qu’un individu qui occupe le poste de conseiller spécial du président de la CAF peut-il paraitre sans expérience en matière de fonctionnement du football?
Comment est-il possible qu’un individu qui se trouve être actionnaire dans plusieurs clubs dont le Phoenix Rising en Arizona aux Etats-Unis, peut-il méconnaitre l’administration du football ?
Arrêtez de faire comme ce maître, qui pour tuer son chien, pourtant bien portant, l’accuse de rage, pour assumer vos choix.
Rappelons comme Gaël Simon que Didier Drogba a une histoire, « c’est l’histoire d’un mec qui s’est battu contre les préjugés d’un milieu parfois dur, qui a affronté les épreuves et qui en a tiré les leçons qui lui ont permis de concrétiser son rêve et de devenir l’un des plus grands attaquants de l’histoire du football mondial».
Il s’agit de l’homme qui a dit non à la sélection française où un avenir radieux lui était promis dont celui de devenir Ballon d’or européen, au profit de la sélection nationale et au nom de l’amour pour sa partie. Son talent et sa popularité dans le monde a fait connaitre la Côte d’Ivoire partout et par tous. 10è personnalité la plus influente du monde en 2010 catégorie « héros » et publié dans le magazine américain Time, un classement dans lequel ne figurait même pas Messi et Ronaldo, ‘’Dahizoko’’ s’était même payé le luxe de figurer en couverture de la revue.
Le capitaine des Eléphants de Côte d’Ivoire n’avait pas été choisi seulement pour ses qualités sportives, mais aussi et surtout pour l’espoir qu’il suscitait envers tout le continent africain et la Côte d’Ivoire. Son seul nom a sorti de nombreux Ivoiriens et Africains de situations complexes dans des endroits parfois reculés du globe.
Un internaute a rendu le témoignage suivant: « C’est avec une légitime fierté que je voyais ces canettes (à l’effigie de Didier Drogba) vendues dans les rayons des supermarchés en Egypte.
Et partout où je suis allé jusqu’à la fermeture de notre aéroport suite au Covid 19, le simple nom de Didier Drogba déclenchait, tout de suite, une réelle sympathie. Peut-on raisonnablement rejeter un tel ambassadeur au profit d’une coterie bureaucratique? Quels sont les « rouages » qu’il ne maîtrise pas? Le copinage? Les coups bas? Les intrigues ».
« Quoi de mieux que cet Attaquant de rupture et dynamiteur des défenses pour faire sauter le verrou d’un système qui a fait du Football Ivoirien un mouroir ? », s’est interrogé le Président Eugène Diomandé, qui s’explique difficilement l’attitude de certains cadres du secteur passés aujourd’hui maitre dans l’art de la démagogie et de la complaisance face aux intentions de Didier Drogba de prendre la tête de la fédération.
Intentions révélatrices parce qu’elles posent aujourd’hui, selon mon oncle Ferro Bally, « la question générale de notre volonté d’émancipation. Veut-on nous émanciper ou persévérer dans la servitude du non-changement? Nous sommes à la croisée des chemins ».
C’est pourquoi, pour une fois, je suis d’accord avec Doumbia Major quand il dit : « Dans ce pays, les gens sont tellement malhonnêtes et corrompus dans l’âme qu’ils font passer leurs intérêts égocentriques avant la notoriété et les intérêts du pays. Sinon aucun président de club ou ancien joueur ne peut laisser Drogba de côté pour choisir un certain Sory ou Diallo, des illustres inconnus qui n’ont jamais rien apporté au football ivoirien ».
Quand un homme marche, il laisse des traces. A-t-on déjà oublié l’attitude de ce monsieur qui a traité Alain Gouamené, notre symbole national, héros de la Can 1992 de voleur et de malheureux ?
Ah, quelle curieuse façon d’aimer le football en détestant ses acteurs, les footballeurs !
Comment vouloir diriger une fédération et avoir de l’irrévérence vis-à-vis de ceux par qui cette institution existe ?
Quelle étrange manière de vouloir faire du bien au football en se rangeant du côté de ses pourfendeurs?