Indénié-Duablin/Quand la lutte contre la fuite du Cacao fait rage

De notre envoyé spécial Haidmond Kaunan

La lutte contre la fuite du cacao ivoirien vers le Ghana, voisin  fait actuellement rage dans la région de l’Indénié-Djuablin. Les leaders des coopératives avec à leur tête  l’administration, se battent contre le trafic du cacao en direction de l’autre côté de  la frontière. Et ce en vue de sauvegarder et protéger l’image de la région quand certains de leurs frères estiment  « qu’on travaille pour de  l’argent ».

 

Décrétée et déclarée « zone rouge » par les multinationales, avec la chute brutale qu’avait connue le cours du cacao l’année dernière les producteurs de la région de l’Indénié-Djuablin  avaient vendu leur cacao aux trafiquants Ghanéens. Du coup une lutte épique oppose actuellement les partisans  de « nous travaillons pour manger » à leurs frères d’en face qui estiment pour leur part que « cette crise pénalise toute la région ». On livre donc cette guerre pour redonner de la confiance aux exportateurs qui refusent de finances les coopératives. La semaine dernière il y avait eu mort d’homme. Dans une communication produite par la direction régionale du conseil café-cacao d’Abengourou, il était libellé qu’un jeune qui tentait de sortir avec du cacao ivoirien à destination du  Ghana  a trouvé la mort des suites d’échanges de coup de feu   avec l’armée régulière, à Damé, dans le département d’Agnibilékrou. Information que nous n’avons pu  vérifier la véracité. Toujours est-il  que les avis sont diamétralement opposés sur le sujet. «  Il ya la réalité des terrains. Nous dépensons beaucoup en intrants, l’entretien des plantations et  surtout dans la main-d’œuvre. Dans un village comme Akati, vers Ebilassokro, c’est la route qui nous sépare. Quand vous ouvrez votre fenêtre vous voyez le cacao,qui se vend  entre 800 et 900 francs, vraiment ce n’est pas facile de résister. Il est vrai que l’Etat  fait des réalisations pour nous mais il devrait consentir un peu de sacrifice en améliorant un peu le revenu du producteur »,explique Guillaume Konian, Pca de la coopérative producteurs de l’Indénié. Justification qui n’est pas du goût de Camille Abou Oi Abou, Pca de la société coopérative Camayé d’Abengourou. »Les signaux montraient que le Ghana avait mieux acheté que la Côte d’Ivoire. Et ce mauvais  prix vient de pousser les exportateurs à dire que  la région de l’Indénié-Djuablin est une région à risque. Ils sont devenus méfiants au point que nous avons de maigre chance de bénéficier de financement avec eux. Moi j’ai mal quand j’entends ces raisonnements. Et si le Ghana n’existait pas? Ce n’est pas parce qu’il  ya problème chez toi qu’il faut démissionner. Le trafic du cacao vers le Ghana n’arrange personne mais au contraire elle dérange tout le monde. Qu’avons-nous réalisé pendant les cinq ans  où le prix était crescendo », rétorque-t-il. Même s’il reconnaît que ce combat n’est qu’un coup d’épée dans la mer, « le comité de suivi fait son travail qui porte ses fruits. Nous avons mis hors d’état de nuire neuf (9) motos à la frontière avec la sous-préfecture de Niablé. Il faut reconnaître que c’est une mesure de dissuasion face à la détermination des trafiquants », précise-t-il. Et Abel Patrick Koffi, le directeur de Scoopaza à Zaranou de montrer  la qualification de la région de zone à risque a fouetté l’orgueil  de sa coopérative. De sorte qu’il  a invité les producteurs à la fidélité et à la discipline » Ils ont laissé l’accès libre aux ghanéens et ils ont pris goût. Nous, nous avons donné une très bonne éducation à nos membres. Il n’a pas de fuite de produit. Nous livrons la totalité de nos produits en dépôt-vente sur Abidjan. Et nous avons regagné la confiance des exportateurs qui nous financent. » fait-il remarquer. Mais toutes ces tentations, faut-il le reconnaître, sont liées au mauvais prix fixé en Côte d’Ivoire. Voilà qui fait réagir Camille Abou. « Qu’est ce qui se passe? Qu’ont-ils fait avec les cinq ans de stabilisation ? Moi, j’ai peur. Une seule chose m’inquiète. Même si le prix est bas je demande à la Côte d’Ivoire de ne pas de ne pas nous envoyer dans un blocage comme nous l’avons vécu l’année dernière. Tout le monde va vendre le cacao au Ghana et  c’est toute la région  qui va en pâtir », s’inquiète-t-il.

Maurice Sawadogo, Pca de la société coopérative Agnitiè d’Abengourou ne va pas  avec le dos de la cuillère. « C’est la méchanceté des hommes. Il suffisait de donner 750 à 850 francs aux producteurs pour éviter toute cette histoire. On  ne fait rien pour le producteur. C’est lui même qui paye depuis la collecte au champ jusqu’au magasin », soutient-il très amer.