Henri Konan Bédié – PDCI RDA : les signes du début de la fin?
Par Christ Zorro, Afriquematin.net
La guerre ouverte entre les deux poids lourds de la coalition au pouvoir (PDCI et RDR) et qui bat son plein à l’approche des élections régionales du 13 octobre 2018 est-elle en train de se faire au dépend de la carrière politique du président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire ? Tout Porte à le croire.
Le président du PDCI-RDA, Henri Konan Bédié, peine à retrouver son aura d’antan aussi bien aux yeux de ses propres troupes que de l’Opinion nationale et internationale. La posture dans laquelle la crise qui l’oppose à son ex-allié, Alassane Ouattara, le met, n’est pas pour le rassurer quand à une issue favorable à ce bras de fer qu’il a engagé avec ses amis d’hier. Lâché (Ce n’est pas un euphémisme) par ses plus proches collaborateurs et non des moindres, le chef de file des militants du plus vieux parti de l’échiquier national politique de Côte d’Ivoire voit, au fur et à mesure que les jours passent, l’étau se restreindre autour de la main mise qu’il a sur son parti. Aurait-il un jour imaginé que des personnalités de la trempe du vice-président de la République, Daniel Kablan Duncan, du Premier ministre, Ahoussou Kouadio Jeannot, Des ministres Patrick Achi, Kobenan Kouassi Adjoumani et de bien d’autres barons du parti sexagénaire qui sont arrivés là où ils sont à force de travail, de ténacité et de persévérance (il faut bien le reconnaitre) lui tourneraient le dos comme ils le font en ce moment ? Henri Konan Bédié n’a vraisemblablement pas fait preuve de lucidité dans cette bataille pour certaines raisons : ces personnalités qui sont, pour la plupart, au faîte de leur carrière politique et qui ont eu accès aux plus hauts postes politiques sauf le plus important (la présidence de la république) pouvaient-elles aussi facilement lâcher du lest lorsqu’elles se trouvent plus proche que jamais du sommet de la pyramide comme elles le sont actuellement ? Le président du PDCI, avant toute décision, a-t-il mesuré l’impact de sa démarche et ses répercussions sur toutes ces populations qui profitent de l’aura de ces leaders régionaux ? Affirmer tout de go que des personnalités telles Aka Aouelé, président du conseil régional du sud Comoé qui a une assise certaine dans sa circonscription et Patrick Achi qui a eu le toupet de damer le pion en son temps au candidat du Front Populaire Ivoirien(FPI), Léon Monnet, sont ce qu’ils sont par la baguette magique du président Bédié, c’est se construire un lit de fange.
Celui qui, il n’y a pas bien longtemps, restait sourd aux revendications de la base de son parti et qui s’est obstiné à parachuter des candidats (il faut le souligner) aux dernières législatives et qui étaient sitôt battus par les plus téméraires d’entre ceux qui ont osé porté le masque de candidat indépendant (Yasmina Ouegnin et bien d’autres), se voit aujourd’hui contraint de se replier sur cette base. L’accolade entre le président du PDCI et Kouadio Konan Bertin dit KKB ce jeudi 20 juin 2018 porte à croire que Bédié aurait dû écouter les appels du pied de celui qui, lors de la transition militaire de 2000, lui a témoigné toute sa fidélité, à l’instars de ses nombreux militants qui ont suivi à la lettres les nombreux mots d’ordre de leur parti et qui sont las de ce qu’ils considèrent aujourd’hui comme des sauts d’humeur. La question essentielle que se pose nombre de militants du PDCI qui se la coulent douce dans le RHDP unifié pourrait se traduire ainsi : Henri Konan Bédié a-t-il jamais joué la carte d’opposant ? S’il a bien saisi la main tendue du président Gbagbo durant tout le mandat de celui-ci malgré leur opposition idéologique, pourquoi voudrait-il se détourner de celui qu’il a aidé porté au pouvoir ? Comme on le voit, les griefs portés à l’encontre du chef du PDCI sont nombreux et ne sont pas prêts de s’estomper.
Le président Bédié semble atteint par l’usure du gouvernail de sa case politique et les ambitions des uns et des autres pourraient, s’il n’y prend garde, sonner le glas de sa vie politique. Il se murmure qu’un congrès se prépare afin de l’éjecter de son fauteuil. Cela est à prendre au sérieux et ses adversaires (aussi bien interne qu’externes) ne lésineront sûrement pas sur les moyens pour le mettre sous l’éteignoir. A-t-il les ressources suffisantes pour contrer le rouleau compresseur qui sera enclenché à son encontre ? Nul autre que lui n’est mieux placé pour savoir qu’on ne trahit pas impunément un égrégore.