Fraude sur la nationalité ivoirienne : Des Européens démasqués en Italie
Le Service des investigations du contentieux (Sic), la police de l’Office ivoirien de l’identification (Oni), en charge entre autres, de la lutte contre la fraude sur l’identité, contre toutes infractions dans le domaine de l’identification des personnes, de l’immigration et l’émigration, viennent de démasquer à l’Ambassade de Côte d’Ivoire en Italie, deux fraudeurs «blancs». Les faits étaient si coquasses, qu’ils n’ont pu échapper à la vigilance des diplomates ivoiriens. Après avoir usé d’escroquerie administrative en Côte d’Ivoire, pour se faire établir des documents à Bangolo, Danané et Mahapleu, trois localités de l’Ouest ivoirien, deux individus, de race blanche, se disant « Ivoiriens », se présentent à l’Ambassade de Côte d’Ivoire en Italie, pour solliciter l’établissement de Cartes nationales d’identité ivoiriennes (Cni). Ces deux « blancs » bon teint, dont le culot le dispute à l’outrecuidance, étaient munis des « extraits d’actes de naissance », des « attestations d’identité et des certificats de nationalité ». Or, pour obtenir ces documents, ils ont choisi, comme de nombreuses autres personnes, le mécanisme le plus rapide et le plus simple, mais qui nécessite une bonne connaissance des failles du système juridique et administratif ivoirien : la fraude…
L’Ambassade saisit alors le Sic qui ouvre une enquête. Les investigations menées par 2 officiers et 3 sous-officiers, dans les localités de Bangolo, Danané et Mahapleu, dans les régions du Tonpki et du Guémon, visant à vérifier l’authenticité des « extraits d’acte de naissance » de ces deux « blancs », font craqueler le vernis du faux. Le réseau est ainsi démasqué. Il ressort du bilan des activités du Sic, rendu public cette semaine, par son directeur, le commissaire divisionnaire Bakayoko Souhalio, qu’au moins 1 million de Cni, produites par l’Oni, n’ont toujours pas été retirées, du fait d’un « déficit de communication », mais aussi de « déperdition » de ces cartes qui se retrouvent dans des Centres autres que le « Centre d’enrôlement ». Ce bilan a fait également ressortir des zones de grandes fraudes sur la nationalité ivoirienne en Côte d’Ivoire, démasquées par les enquêteurs du Sic. Le Sic cite, dans le District d’Abidjan, les communes emblématiques d’Abobo, Yopougon, Attecoubé, Plateau, Koumassi, Cocody, Marcory, Adjamé, Bingerville, Dabou, Anyama … comme étant des plaques tournantes de la fraude sur la nationalité. Des villes de l’intérieur du pays, dont Odienné, Bouaké, Danané, Bangolo, Bieby, Mahapleu, Duékoué, Yakassé-Attobrou, ont également été épinglées par les limiers du Sic comme abritant des foyers de fraudeurs sur la nationalité ivoirienne. Un total de 556 dossiers passés à la loupe ont mis en lumière des irrégularités sur certains documents.
423 dossiers comportent « des anomalies relatives à la modification volontaire » d’un élément sur l’extrait d’acte de naissance. 133 dossiers comportent, selon le bilan, des « erreurs à l’enregistrement ». Le commissaire divisionnaire soutient, dans son document, que « le traitement de certains de ces dossiers à mis en évidence la fraude manifeste à l’état civil, notamment dans certains Centres d’état civil. Pour ce qui est des procédures judiciaires, ce sont 60 dossiers qui ont connu une instruction judiciaire, 53 missions sur le terrain qui ont conduit à l’interpellation de 46 personnes ». « 31 faussaires, démasqués, ont été arrêtés et déférés devant les Tribunaux. Il s’agit notamment de 3 agents d’état civil de Sous-préfecture, dont 2 de Bingerville et 1 de Bieby dans le département de Yakassé-Attobrou, 4 ressortissants Burkinabè, 2 Nigérians, 1 Malien et 21 Ivoiriens.