En République du Congo, les déficients mentaux cherchent assistance

Dans la plupart des sociétés africaines, la déficience mentale est associée à la sorcellerie, le recours aux soins médicaux n’est pas toujours la première option.

Pointe-Noire, capitale économique de la République du Congo. C’est une journée normale, comme les autres avec des gens qui vaquent à leurs occupations quotidiennes. Mais dans une ruelle du quartier des affaires, un homme, assis, l’air hagard, ne sait probablement pas ce qui se passe autour de lui. Lui, ainsi que d’autres à la même allure que lui, sont traités de tous les noms, mais ils sont juste mentalement instables.

Mixiana Laba, une humoriste de 22 ans et réalisatrice en herbe a décidé de leur consacrer un spectacle de rue intitulé “réalité aveugle” et dans lequel elle se glisse dans la peau d’une “folle” dans l’espoir d’attirer l’attention sur le sort des malades mentaux de sa capitale.

Je n’ai pas envie d’échouer, je n’ai pas envie d’être négative, je me dis oui, ça ira, on va avoir une solution pour eux

Comme elle le souligne à souhait, ces individus abandonnés dans la rue sont aussi des êtres humains qui méritent d‘être bien traités et bien pris en charge.

Je suis très touchée par la vie des malades mentaux de Pointe-Noire. Du coup, j’ai décidé de faire une marche, pour essayer de réveiller les Congolais, pour la gestion, la sensibilisation, pour qu’on puisse trouver une solution pour eux”, explique la comédienne. “Pourquoi ne pas ouvrir un asile, parce que depuis 1996, il n’y a plus rien, personne ne fait attention alors qu’ils reviennent souvent au même endroit, en tant qu’artiste je représente ces gens, et j’espère qu’il y aura une évolution de leur cas, espère Mixiana Laba.

LIRE AUSSI :   Impossibilité d’effectuer des transactions monétaires/ A quel jeu se livre l’opérateur MOOV?

Mais que pensent les experts en santé de cette maladie qu’on appréhende peu, mais qui est dévastatrice ?

L’aide de l’Etat sollicitée

Selon Dr Dauphin Octave Michel Matemolo, “l’endroit où il faut aller, c’est à l’hôpital ; c’est à l’hôpital qu’on doit vous prendre en charge, pas ailleurs. Mais après, chacun est libre de voir ce qu’il veut. De façon générale, tous ces malades qui partent voir les guérisseurs, les hommes d‘église, ils finissent toujours par revenir vers nous et nous donner raison”.

Pour le psychiatre, le défi dans le traitement des malades mentaux dans la région est le ratio médecins-patients et l’insuffisance des services de santé mentale.

La prise en charge des malades mentaux est complexe, cela ne doit pas se limiter à la prise des médicaments, il y a beaucoup d’autres choix. S’il y a par exemple les psychothérapeutes, la thérapie, et pour faire tout cela, il faut avoir des structures adéquates. Un malade qui fait une psychose ou une dépression, parce qu’il a peut-être un problème, il faut le prendre en charge médicalement et psychologiquement, et même pour les malades hospitalisés, on fait des thérapies de groupe mais nous ne pouvons pas le faire aujourd’hui parce que les structures ne le permettent pas, regrette le spécialiste.

D’un autre côté, le gouvernement est conscient que des asiles de santé mentale doivent être construits. Avant de le faire, il faudrait du personnel qualifié pour s’occuper des patients, mais pour le moment, il n’y en a pas assez.

Sans aucune aide en vue pour les patients souffrant de troubles mentaux, Mixiana Laba soutient que le trajet de sensibilisation à la maladie mentale ne fait que commencer, car elle n’a pas l’intention d’abandonner ce combat de sitôt.

LIRE AUSSI :   Lôh-Djiboua/Développement économique et social : Me Paul-Armand Zéhouri situe l’enjeu

Comme le disent les experts médicaux, tant que vous avez un cerveau, vous aussi pouvez souffrir de maladie mentale, le cerveau est un organe de notre corps tout comme le cœur ou le rein. Et cette information est essentielle pour lutter contre la stigmatisation des personnes malades et leur apporter l’aide nécessaire.

Source:africanews.com