Découverte/Le Bollo, la danse des esclaves affranchis
Par Edmond Khaunan/afriquematin.net
Qui ne connaît pas le Bollo Super de l’artiste musicien Kané Sondé ? Rythme très prisé de la région Krou, district du Bas-Sassandra. Cette danse de réjouissance vient de la République voisine du Libéria. A l’origine c’était une danse d’esclaves qui avaient débarqué dans ce pays après l’abolition de l’esclavage. Ces anciens esclaves, au clair de lune, se mettaient à danser. Les pas de cette danse traduisent la souffrance endurée pendant la journée au temps de la captivité et la bravoure avec laquelle elles sont surmontées. C’est également une danse de séduction où les acteurs épris d’une femme la lui témoignent à travers des pas endiablés. Quitte à cette dernière d’accepter en mettant le pagne sur les épaules d’un soupirant. Le Bollo n’est pas une danse sacrée. Elle est pratiquée par tout le monde, vieux et jeunes, hommes et femmes. Elle se danse aussi au cours des funérailles pendant les moments de deuil. « Au cours d’une course de pirogues lorsque les femmes vont accueillir les compétiteurs, celle qui ne voit pas son mari déduit immédiatement que la pagaie de ce dernier a dû se caser ou il est tombé à la renverse dans l’eau. A cette triste occasion on danse le Bollo pour marquer le deuil », nous a confiés le frère de l’autre, Kané François, à Tabou. Les instruments utilisés pour donner le son, sont pour la plupart des instruments à vent, composés d’ un accordéon, d’une bouteille vide, d’une castagnette et d’un sifflet, tenu par celui qu’on appelle le commissaire du groupe. Celui-là même qui est chargé de mettre de l’ordre…. « Aucun danseur n’a le droit de quitter le cercle pendant l’exécution des pas de danse », précise-t-il.Le Bollo a vite franchi les frontières du fleuve Cavally pour se retrouver dans la tribu Bapo de Tabou qui fait frontière avec la République du Libéria. Les peuples Godié et Néyo de Sassandra sont également des adeptes pour y avoir été introduits par des(Crewmen), entendez des navigateurs Kroumen. Cette danse traditionnelle à l’état pur a évolué un peu plus tard pour devenir le Bollo moderne qui se fait aujourd’hui avec des instruments modernes. Il est reconnu par le Masa (marché des arts et des spectacles africains) puis à l’échiquier international