Cpi : Probable libération de Laurent Gbagbo : Les révélations d’un expatrié.

Par Serikpa Djeckou De Sylva-Afriquematin.net

Les lampions se sont éteints depuis quelques semaines à la Haye. Et tous, Pro ou anti-Gbagbo, attendent le verdict des juges. Si du côté des Pro-Gbagbo, c’est l’espoir, d’une libération totale et l’arrivée de Gbagbo et de son « fils » Blé Goudé en terre ivoirienne, c’est la panique pour le pouvoir Ouattara.

C’est la panique pour le pouvoir Ouattara. Selon un expatrié politologue dans « les grandes affaires » à Abidjan : « C’est vrai. Ce qui se passe à la Haye nous préoccupe beaucoup. Si Gbagbo devait être libéré, nous souhaiterions qu’il ne revienne pas en Côte d’Ivoire », aurait affirmé un conseiller du président Ouattara.

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Dans les couloirs des ministères, des institutions, et même du Palais Présidentiel, l’on redoute avec force le retour de Gbagbo, insiste notre informateur. Et la panique s’intensifie quand l’on analyse les propos du juge. La parole a été certes refusée le jeudi 22 novembre à Blé Goudé à la CPI. Mais ce qui inquiète le pouvoir Ouattara, c’est la position du juge Président. Il a marqué son désaccord en déclarant que refuser la parole à Charles Blé Goudé :
« C’est une violation des droits de l’accusé ». Selon notre source bien introduite au cœur du pouvoir d’Abidjan, Ouattara exprime quelquefois ses inquiétudes à ses visiteurs. « En tout cas, la libération de Gbagbo, il ne la veut pas. Ses avocats Jean-Paul Benoît et Jean-Pierre Mignard suivent le dossier et rendent compte régulièrement à Ouattara en tenant compte des rapports de Mme le Procureur Bensouda ». Selon l’analyse de notre informateur, comment le ministère de la défense pourrait-il contenir la population ivoirienne, s’il était libéré ? Les services n’ont pas encore réfléchi à un dispositif qui pourrait s’appuyer à la fois sur la gendarmerie, l’armée et la police pour faire face au débordement de joie des populations de Yopougon et de l’intérieur du Pays.

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Selon l’expert, le camp Ouattara panique surtout avec la position de Soro Guillaume qui soutient de plus en plus qu’il faut libérer les prisonniers politiques. « Et sa dernière déclaration sur la libération de Blé Goudé amène le pouvoir Ouattara à s’engager dans les démarches et stratégies dans les grandes chancelleries pour retarder cette libération ». Le divorce Ouattara-Bédié n’est pas aussi négligé.  « Il faut coute que coute, qu’il ramène Bédié à la raison pour son soutien comme en 2010. Et Ouattara est prêt à tout faire », insiste l’expert.

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La panique du pouvoir est aussi selon lui, du fait surtout de la position de la communauté internationale qui de plus en plus donne de la voix. Nous étions déjà en 2013, et déjà, la presse internationale se cristallisait autour de « l’affaire Gbagbo ». Curieusement, l’ex-Président Ivoirien ne fait pas tant l’objet des attaques que la Cpi. Amnesty International, dans un rapport de 88 pages publié à cette époque et intitulé « Côte d’Ivoire – la loi des vainqueurs », jetait déjà de l’huile sur le feu. « La Côte d’Ivoire demeure le théâtre de violations graves des droits humains à l’encontre des partisans avérés ou supposés de l’ancien président Laurent Gbagbo », pouvait-on lire en introduction. Le journaliste Frédéric Taddeï s’en indignait également. Sur Newsring, il écrivait sur une tribune intitulée « Arrêtons les frais » : « Ne devient-il pas urgent de mettre un terme à cette parodie de justice internationale qui agit comme un instrument de domination supplémentaire au service des pouvoirs en place » ? Aujourd’hui, Médiapart, Rfi et des hommes politiques européens, des présidents africains font des critiques acerbes pour montrer le visage « hideux » de la Cpi.

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Dans cette bataille de communication pour la libération de Gbagbo, il ne faut pas non plus négliger les partisans de l’ancien président de Côte d’Ivoire, nous dit le politologue. « Spécialistes de lobbying intense sur Twitter, facebook et autres réseaux sociaux, ils commentent quotidiennement les audiences. Ils réclament à travers des concerts, des marches le « FreeGbagbo », tout en tournant en dérision, une justice internationale « partiale et hideuse », qui aurait fermé les yeux sur les exactions commises par le clan Ouattara ».  Voici, selon son analyse, autant de choses qui font paniquer Ouattara et son camp. Mais en entendant le verdict du Juge-Président et ses collaborateurs, chaque camp croise les doigts.

djeckoudesylva@gmail.com