CÔTE D’IVOIRE : EN FINIR AVEC LA CULTURE DE LA MÉDIOCRITÉ

Par NAZAIRE KADIA, Analyste politique

Assurément, l’Incréé est entrain d’opérer un véritable miracle dans notre pays ; et ce pays ne finira pas d’étonner le monde comme l’avaient prédit les oracles. Il a réussi à rendre le peuple et les dirigeants de notre pays moins ambitieux, et moins exigeants mais surtout leur a donné le pouvoir et la force de se contenter et de se satisfaire de peu, surtout si ce peu est soutenu par une communication vuvuzela.

 Ainsi :

– La Banque Mondiale et le FMI annoncent-ils que le pays a une croissance à deux chiffres, que le pays dispose de la 5ème économie du monde ? Voilà l’ivoirien aux anges alors qu’il lui est difficile de s’offrir deux (2) repas par jour ou de se soigner correctement. Mais la Banque Mondiale et le FMI l’ont dit, même s’il ne peut l’observer dans son assiette, cela suffit à son bonheur. Il pourra brandir ces performances à la figure des frères africains lors des débats sur les réseaux sociaux.

– L’équipe nationale de football est-elle éliminée en quart de finale de la Coupe d’Afrique des Nations ? Voilà le ministère des sports qui demande aux populations de sortir tam-tams, tambours et grelots pour réserver un accueil chaleureux et enthousiaste à la dimension de la belle performance d’une équipe déjà vainqueur à deux (2) reprises du trophée et plusieurs fois finaliste de ladite compétition.

Quelle vision ! Mais cela se comprend, nous sommes dans la droite ligne de la nouvelle donne qui est de se contenter de peu, de s’enorgueillir et de faire sans doute inconsciemment l’apologie de la médiocrité.

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– Après la proclamation des résultats des examens à grand tirage, on se satisfait du taux de réussite élevé, on congratule le ministère en charge de ces examens, alors qu’en âme et conscience, maintes fois, instruction a été donnée aux jurys de revoir à la baisse la moyenne d’admission. On a souvenance qu’il est arrivé que des jurys aient été rappelés à l’effet de reprendre des délibérations déjà faites, aux fins de faire admettre beaucoup plus de candidats, de soigner ainsi les statistiques et de montrer à l’opinion publique qu’on travaille bien ! si ce n’est pas l’apologie de la médiocrité, ça y ressemble fort !

Mais tout le monde pourra se plaindre après du niveau des élèves, incapables d’aligner deux phrases correctes. A qui la faute ?

Aujourd’hui, les jeunes ivoiriens n’ont plus de repères, plus de référents, plus de modèles à même de fouetter leur orgueil et les conduire à une saine émulation aux fins de s’améliorer. Ils ne peuvent copier que ce qu’il leur est donné de voir.

Avec l’avènement des réseaux sociaux, tout leur est servi, et toutes sortes de modèles se présentent à eux, modèles auxquels ils s’identifient. Mais ces modèles sont-ils vraiment des modèles ? Peu importe, ils s’en contenteront. Sur ces mêmes réseaux sociaux, les débats entre ivoiriens donnent la nausée, non seulement ce sont des foires aux injures, mais le fond et la forme des interventions laissent dubitatif au point où on en vient à désespérer de ces concitoyens.

L’annonce des états généraux de l’éducation, sous la houlette de la ministre Mariatou Kone est source de beaucoup d’espoirs. Souhaitons que de bons diagnostics soient posés et que les conclusions et recommandations ne finissent pas au fond du tiroir. Ce sera le signe annonciateur d’un départ nouveau pour le système éducatif ivoirien et partant pour la société ivoirienne, où on pourra retrouver des enseignants qui savent lire et écrire.

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A ces états généraux, s’ajoute l’audit de certaines entreprises publiques où il est déjà fait mention de plusieurs milliards détournés. Il serait intéressant que ces audits soient élargis à toutes les entreprises publiques ou parapubliques mais aussi aux différents ministères.

Ces pas posés sont à encourager mais il faut aller plus loin pour redonner confiance aux ivoiriens et sortir de cette impression de prime à la médiocrité qui semble s’être installée chez nous.

En propriétaires prudents, faisons-le pour demain. Demain est certes un autre jour, mais demain arrive toujours. Et s’il y a eu un matin en Eburnie, il y aura assurément un soir et l’ivraie sera séparée du vrai.