Côte d’Ivoire: Après la mort de Léon Konan Koffi, Ex-Préfet de Gagnoa (1970-1974), la famille de Cragbé Gnagbé appelle à l’apaisement.

Déclaration de la famille Cragbé Gnagbé, à la suite du décès de M. Léon Konan Koffi, Ex-Préfet de Gagnoa (1970-1974).

 

Monsieur Léon Konan Koffi, Administrateur Civil, Ex-Préfet et Ex-Ministre de la République de Côte d’Ivoire, est décédé le 29 août 2017 à Abidjan à l’âge de 89 ans. Préfet de Gagnoa, en 1970 au moment des événements dits du « Guébié », Monsieur Léon Konan Koffi a joué un rôle important dans le massacre des populations de Gagnoa et de Sassandra. Il a également contribué à l’arrestation de Jean Christophe Cragbé Gnagbé dit « Opadjèlè », leader du Parti Nationaliste (Pana), originaire de Gaba, village du département de Gagnoa. Depuis le 25 novembre 1970, après avoir fait sillonné le fils de Gaba à travers toute la région de Gagnoa, après humiliation et bastonnade, l’homme est porté disparu jusqu’à ce jour.

47 ans après ces tristes événements et ironie du sort, c’est le jour de la commémoration des personnes disparues célébrées dans le monde, que meurt Monsieur Léon Konan Koffi. Face au décès de l’Ex-Préfet de Gagnoa et bien que la famille de Jean Christophe Cragbé Gnagbé soit meurtrie dans sa chair pour n’avoir jamais vu le corps de son fils, père, neveu et oncle, elle éprouve une grande compassion à l’égard de la famille biologique de Monsieur Léon Konan Koffi, mais surtout une réelle commisération pour ses enfants. La famille de Jean Christophe Cragbé Gnagbé n’oublie pas, dans cette douleur, la famille politique, le PDCI-RDA et à sa tête, le Président Henri Konan Bédié.

Nombreuses sont les personnes éprises de paix et de justice en Côte d’Ivoire et dans le monde, qui ont toujours voulu savoir ce qu’est devenu Jean Christophe Cragbé Gnagbé. Depuis la disparition du leader du Pana, les populations de Gaba, du canton Guébié, de toute la région de Gagnoa et des journalistes, ont toujours regretté le silence de l’Etat de Côte d’Ivoire. Malgré les reportages de l’ensemble des organes de presse, des hommes politiques, l’Etat de Côte d’Ivoire est toujours resté muet et avec lui, les autorités impliquées dans ce massacre. C’est le lieu de remercier tous les journalistes et tous les anonymes qui ont été affectés et blessées dans leur amours propre. Jean Christophe Cragbé Gnagbé méritait comme tout être humain, des funérailles dignes de son rang, et le repos auprès des siens, sur la terre de ses ancêtres à Gaba.

Certes, la disparition d’un être dans, ce cas de figure, est toujours douloureuse, mais la famille de Jean Christophe Cragbé Gnagbé, voudrait rappeler à toute la classe politique, aux journalistes et à toute personne affectée par la disparition brutale du leader du PANA, d’utiliser le « bon ton », à l’endroit de feu Léon Konan Koffi et ses proches, malgré son implication réelle et avérée, dans le massacre des du peuple Guébié et la disparition du leader du Pana. La famille de Jean Christophe Cragbé Gnagbé comprend la douleur des populations de Gaba, du canton Guébié, du Département de Gagnoa et des ivoiriens. Mais elle voudrait rappeler que les ivoiriens doivent s’engager individuellement et collectivement à repenser les conditions de notre cohabitation pour rebâtir de manière plus solide, le tissu social fortement fragilisé.

Jean Christophe Cragbé Gnagbé est certainement mort, pour avoir eu raison très tôt. Il aimait la Côte d’Ivoire et voulait la penser autrement avec l’application de l’article 7 de notre constitution. Il voulait la démocratie pour un développement harmonieux de la Côte d’Ivoire.
Inscrit en 1959 au Centre des Hautes Etudes sur l’Afrique et l’Asie Modernes de Paris (Cheam), c’est dans cette prestigieuse université de Paris en France, que Cragbé Gnagbé soutiendra le 7 mai 1963, sa thèse de doctorat de 3 ème cycle en Sciences Politiques, sur le thème : « Tableau économique et social de la Cote d’Ivoire ». Une thèse que l’on peut consulter aujourd’hui à la bibliothèque Sainte Géneviève de Paris.

Un autre mémoire jamais soutenu que l’on peut également retrouver au Centre des Archives Contemporaines de Fontainebleau en France, sous le numéro microfilm 4110 avec la mention « Brevet 1967 Temporaire ». Le thème de ce mémoire : « Réflexion sur la colonisation française en Côte d’Ivoire ».

Étudiant, Jean Christophe Cragbé Gnagbé avait beaucoup milité dans les associations et organisations de défense des intérêts des africains. Il pensait que la colonisation n’avait pas disparu dans les états africains. Il disait toujours que le parti unique ne ferait que ralentir le développement de la Côte d’ivoire et était fort convaincu qu’il faillait recréer les conditions du multipartisme reconnu par notre constitution. Il déposa ainsi au Ministère de l’Intérieur d’alors, les statuts et règlements intérieurs de son parti politique jamais reconnu. La suite, on la connait.

Qu’en était-il de l’intellectuel engagé ? La célébrité de cet homme doit traverser le passé, le présent et le futur. De sa mort certaine et de celle de ses sympathisants, on peut dire que « mourir pour un idéal est d’une grandeur morale ». En Côte d’Ivoire, les Eburnéens doivent dédier leur liberté, leur indépendance à tous ces héros et héroïnes qui depuis plusieurs décennies et de plusieurs façons, ont sacrifié leur vie pour ne pas que le pays soit dominé et exploité.
Et Jean Christophe Cragbé Gnagbé était ce digne fils de la Côte d’Ivoire qui s’était distingué par ses qualités, par l’amour de son pays (patriote) en prophétisant que la démocratie est un vecteur de développement national. Il était d’une pauvre nation du Sud et cela ne l’a pas empêché de parler de démocratie pour son pays avant que les Occidentaux et le monde entier, vingt ans plus tard, ne suivent son chemin.

Au vu de tout ce qui précède, la famille de Jean Christophe Cragbé Gnagbé pendant 47 ans, a puisé sa véritable source de résistance dans sa foi en Dieu, incarnée par l’Esprit d’amour, d’unité, de vérité, mais surtout de pardon et de paix. La famille de Jean Christophe Cragbé Gnagbé fort de cette foi inébranlable, croit non à la justice des hommes, mais à la justice divine. C’est pourquoi, elle réitère encore le pardon et le bon ton à l’endroit de tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont contribué aux massacres des populations et à la disparition de Jean Christophe Cragbé Gnagbé.

Que Dieu nous pardonne nos iniquités, nos transgressions et nos péchés pour la manifestation de sa gloire pour une Côte d’Ivoire unie dans sa diversité pour son développement harmonieux, comme le souhaitait Jean Christophe Cragbé Gnagbé, le fils de la Côte d’Ivoire profonde.

Fait à Gaba le 30 août 2017.

Sérikpa Jean Sylvain Patrice Djeckou

Porte-parole de la famille Cragbé

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