Congo : les conditions de détention sont « effroyables » dans les prisons congolaises (ONG)
Les conditions de détention sont “effroyables” dans les prisons du Congo-Brazzaville où la répression se déroule “à huis clos”, a dénoncé jeudi l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH) dans un rapport qui fait état de la mort d’une trentaine de détenus entre 2017 et 2018.
“Ces conditions sont difficiles et assimilables à des maltraitances. Il y a des décès en prison. Nous en avons enregistré une trentaine entre 2017 et 2018”, la période couverte par le rapport d’une centaine de pages, a indiqué Trésor Nzila, directeur exécutif de l’OCDH.
“L’exemple le plus récent, c’est la prison d’Ouesso (au nord) où nous avons enregistré 9 décès. Leur mort serait due à la malnutrition selon les responsables pénitentiaires”, a déploré M. Nzila.
“Quand les gens meurent de malnutrition en prison, (c’est) une illustration parfaite de la torture”, a-t-il poursuivi.
Le rapport souligne le “difficile accès aux prisonniers de haut profil”. L’ONG fait allusion au général Jean-Marie Michel Mokoko, chef d’état-major de l’armée entre 1987 et 1993. Cet officier de 72 ans a défié le président Denis Nguesso (76 ans en 2019 dont 35 à la tête du Congo) à la présidentielle contestée de 2016.
Le gouvernement refuse de commenter
En 2018 il a été jugé pour “atteinte à la sécurité intérieure de l’État” et condamné à 20 ans de prison.
“Nous avons eu des alertes inquiétantes : les conditions de détention du général Mokoko ont été durcies. Il est interdit aux ONG de le voir”, a dénoncé Trésor Nzila.
“Il faut craindre qu’on enregistre un drame en prison”, a-t-il lancé. Les avocats de M. Mokoko ont eux aussi interdiction de le voir sous prétexte qu’il a été “définitivement condamné”.
“La doctrine du gouvernement congolais sur la question des droits de l’homme se résume par la duplicité manipulatrice : d’un côté vous avez des discours d’un État promoteur des droits de l’homme, qui ratifie les traités”, a relevé M. Nzila. “De l’autre côté, la violation des droits fondamentaux est systématique, la terreur et la répression se poursuivent à huis clos”, a-t-il dénoncé.
Au ministère de la justice, des sources contactées par l’AFP n’ont pas souhaité commenter le rapport de l’OCDH. “L’OCDH voit du négatif partout et cherche simplement du sensationnel”, ont-elles dit.
AFP