Clash Bédié-Ouattara : le tableau des alliances se redessine pour l’horizon 2020.

Par Vouzo Zaba, Afriquematin.net

L’effritement actuel de la coalition gouvernementale au pouvoir depuis bientôt une décennie en Côte d’Ivoire laisse obligatoirement présager un redécoupage du paysage des alliances politiques en vue des élections de 2020. Et ce ne sont pas les nombreux mouvements des leaders des partis de l’opposition ces derniers jours qui attesteront du contraire.

 S’il est quasiment certains qu’aucune formation politique Ivoirienne n’est à même de remporter à elle seule une élection présidentielle à ce jour, il est tout aussi vrai que le jeu des alliances constitue la meilleure des trames qui puisse faire accéder un candidat au palais présidentiel. Avec la « majorité présidentielle », coalition menée alors par le Front Populaire Ivoirien(FPI) de l’ex-président, Laurent Gbagbo, et le Rassemblement des Houphouetistes pour la Démocratie et la Paix(RHDP) conduit par l’actuel chef de l’Etat, Alassane Ouattara, les coalitions à l’approche des joutes électorales sont devenues depuis une tradition.

Pour l’avoir si bien compris, La mouvance du Front Populaire Ivoirien conduite par Aboudramane Sangaré, a mis en place la plateforme EDS (Ensemble pour la Démocratie et la Souveraineté), une coalition de partis politiques et d’organisations de la société civile. La proximité affichée par le président du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Henri Konan Bédié, et le président par intérim du FPI lors des obsèques du doyen Jean Konan Banny, le 16 juillet dernier à Yamoussoukro, laisse-t-elle envisager un rapprochement des deux formations ? Cette option n’est pas à écarter. Le mentor du parti sexagénaire, depuis qu’il a décidé de jouer carte sur table après avoir compris qu’il était le dindon de la farce du jeu de dupe dans lequel il a été entrainé depuis son ‘’appel de Daoukro’’, ne semble plus prêt à faire dans la dentelle. Le ‘’retroussement de ses manches’’ dans le renouvellement des membres du secrétariat exécutif du PDCI en dit long sur les nouvelles intentions de sa formation politique pour la présidentielle de 2020.

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 Le FPI (les deux tendances confondues) doit surement se réjouir de ce désamour des frères ennemis du RHDP. La présence, le 22 juillet 2018 au ‘’sénat’’ de yopougon d’une délégation du parti de Bédié lors du meeting d’Affi N’guessan est la preuve d’une possible nouvelle cartographie de l’échiquier national politique. L’émissaire du ‘’sphinx’’ de Daoukro n’a-t-il pas laissé entendre qu’«il faut que là où on ne mettait pas les pieds, nous les mettions et faire en sorte que la Côte d’Ivoire se retrouve » ?

Le président de l’assemblée nationale, Guillaume Soro Kigbafori, n’est pas en reste. Depuis quelques années, il multiplie les appels du pied à l’endroit des Ivoiriens. Sa dernière sortie, le 20 juillet dernier, où il demande pardon aux ivoiriens et particulièrement à son ancien adversaire politique, le président Laurent Gbagbo, incarcéré à la prison de Scheveningen à la Haye depuis décembre 2011, est révélatrice de la nouvelle image qu’il veut se donner. Traité d’opportuniste par ceux qui pensent qu’il veut s’offrir une nouvelle virginité politique en vue de la future présidentielle, l’ex patron de la rébellion armée de 2002 n’en est pas moins conscient des enjeux des futures joutes électorales. Lui qui voit de plus en plus son sérail se dégarnir de ses plus fidèles lieutenants que sont l’actuel ministre de l’artisanat Sidiki Konaté et le préfet Messamba Koné, qui, dit-on, lui aurait tourné le dos au profit du clan Ouattara, ne serait pas hostile à une alliance qui conforterait son assise.

Enfin, Le Rassemblement des Républicains (RDR) d’Alassane Ouattara, l’Union pour la Démocratie et la Paix en Côte d’Ivoire (UDPCI) d’Albert Mabri Toikeusse, kobenan Louassi Adjoumani accompagné des frondeurs du PDCI et les autres formations satellites signataires du très controversé parti unifié RHDP sont, à travers le gouvernement « GON2 », visiblement en orbite pour la future présidentielle d’octobre 2020.

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Comme on le voit, les lignes politiques bougent sur tous les fronts et ces mouvements ne semblent pas prêt à s’estomper, loin s’en faut.