Catalogne: les indépendantistes ont-ils vraiment gagné?
Victoire en demi-teinte pour certains, lourde défaite pour d’autres. La presse était divisée lundi entre Barcelone et Madrid quant au résultat des indépendantistes aux élections catalanes, mais pas sur les difficiles défis posés par ce résultat.
«Le Oui s’impose», affirme en une le journal conservateur catalan La Vanguardia, au-dessus d’une grande photo des leaders de la coalition séparatiste du président catalan sortant Artur Mas, Junts pel Sí (Ensemble pour le oui, JXS).
«La majorité des Catalans dit non à l’indépendance», répond à Madrid le journal El Mundo, également conservateur, soulignant que bien qu’ils aient obtenu une majorité absolue de sièges au Parlement régional, JXS et l’autre liste indépendantiste, la CUP (gauche radicale), n’ont obtenu que 47,8 % des voix.
Pour le journal catalan de gauche El Periódico, c’est une «victoire», quoiqu’«amère», alors que le journal de centre gauche El País, le plus vendu au niveau national, considère que «les indépendantistes gagnent les élections et perdent leur plébiscite».
«La Catalogne ne veut pas partir», interprète pour sa part le très conservateur ABC, à Madrid.
Tous étaient en revanche d’accord sur une chose: qu’un pacte entre JXS et la CUP va être difficile à sceller, et que pour sortir de l’impasse, le gouvernement conservateur espagnol de Mariano Rajoy va devoir réagir.
«Mas et (son allié de JXS Oriol) Junqueras veulent-ils proclamer l’indépendance avec un parti d’extrême gauche (CUP) qui remet en cause la propriété privée des moyens de production?», se demande El Mundo.
«Pas besoin d’être devin pour supposer que la base de Convergència (le parti d’Artur Mas) doit être effrayée par la possibilité de cette alliance», ajoute le journal de droite.
La CUP «a répété jusqu’à satiété qu’elle ne soutiendrait pas Artur Mas comme président», souligne La Vanguardia, rappelant que cette formation anticapitaliste veut proclamer l’indépendance immédiatement, et non au bout d’un processus de 18 mois que soutient JXS.
Malgré tout, avec ce résultat, «les Catalans ont rappelé à Rajoy qu’on ne pouvait pas continuer ainsi», selon El Periódico.
«Raison de plus pour qu’à partir d’aujourd’hui, le premier ministre comprenne que le problème catalan ne se règlera pas avec le temps», ajoute le quotidien.
Madrid «doit réagir dans l’urgence et ouvrir une voie pour le dialogue», écrit El País. Ou «surveiller les avancées du nationalisme pour faire respecter l’État de droit sans atermoiements», selon ABC.
Source : lapresse.ca