Bassam : 2 mois après les attaques djihadistes, les hôtels sont vides
Par Marcel Hollay-afriquematin.net
Ce samedi 21 mai, régnait une atmosphère de deuil dans les hôtels du littoral de Bassam sis au quartier France. L’on croirait à un jour ouvrable quant à un manque criard de clients pourtant on était bel et bien samedi, un week-end. Margouillats et scinques occupaient les tables et chaises de la Taverne Bassamoise, de l’Etoile du Sud ou encore de Jah Live hôtel (hôtels où il y a eu des morts).
Ce beau temps qu’offraient les rayons du soleil à 09h 30 mettait en exergue les espaces féériques du prestigieux hôtel étoile du sud, rien de plus merveilleux qu’à venir y prendre un peu d’air frais pour ces deux couples que nous avons trouvé esseulé en ces lieux. A la taverne Bassamoise (hôtel où trois européens ont péri), le gestionnaire de cet hôtel que nous avons trouvé devant un verre de boisson alcoolisée, la chemise entrebâillée de par la poitrine affichait un visage accablé.
A la question de savoir comment évolue son hôtel, il nous répond ceci : « je n’ai rien à vous dire monsieur, vous faites le constat, depuis cette attaque diabolique nous n’enregistrons aucun client depuis 2 mois. Plus rien ne marche », s’est-il exprimé avec amertume. L’un des responsables de la piscine de l’hôtel qui a requis l’anonymat donne la même version : « les gens ont peur de venir, surtout nos frères africains. Ce sont les européens qui viennent souvent ».
A l’espace Blakson, espace de détente situé en face de l’étoile du sud, là aussi c’est le désert, les employés qui s’activent à rendre propre ce lieu par des coups de balai et le nettoyage des tables, chaises et couverts espèrent accueillir des clients en ce jour. C’est le même constat au Jah live Village, un autre espace de détente décoré aux couleurs du rastafarisme. En ce lieu nous avons rencontré le copropriétaire, Miss Ebirim, occupée à mettre de la glace sur la boisson. « Comme vous le constatez, j’ai sorti un peu de boissons pour ce samedi espérant recevoir de la clientèle. Allez dire aux gens que rien ne marche ici, c’est dure depuis deux mois maintenant. C’est devant moi en ce lieu qu’un jeune a été tué avec sa petite amie le 13 mars. Mes enfants étaient présents ce jour-là et ils ont vécu l’effroyable scène. J’ai rendez-vous tout à l’heure avec le médecin pour les enfants ». a-t-elle confié.
- Ouattara Isaac, gérant du Wharf hôtel est quant à lui optimiste pour les jours à venir : « à notre niveau tout commence à renaître, par la grâce de DIEU les séminaires se tiennent au sein de notre hôtel, les gens commencent à venir même si ce n’est pas comme avant l’attaque djihadiste. Pendant les attaques, le wharf hôtel a servi de refuge pour les blessés, pour ceux qui fuyaient les tirs au niveau de l’étoile du sud et la taverne Bassamoise puisque ici, on n’a pas été attaqué. Nous avons donné à manger et à boire gratuitement.
C’est même dans l’une de nos chambres que la vidéo diffusée sur France 24 a été prise et non à l’hôtel du sud comme le font croire les média français », clarifie Ouattara. Par contre à l’étoile du sud, personne n’a voulu s’exprimer sur la question.
‘’ Affaire sur les 200 millions offert par l’Etat ivoirien’’
Tous les hôteliers que nous avons rencontrés au sujet de la somme que l’Etat ivoirien leur a offert en guise de dommage, ont affirmé avoir perçu leur part. Mais le hic, c’est qu’il y a eu frustration dans le partage de cette somme selon certains hôteliers. L’un des responsables de la piscine de la Taverne Bassamoise a affiché son mécontentement quant à la manière dont l’argent a été partagé : « nos patrons ont reçu l’argent, et les employés qui étaient sur les lieux le jour de l’attaque ont été oubliés. J’ai vécu cette horrible scène ce dimanche 13 mars. J’ai vu ces djihadistes abattre des gens. Malheureusement ceux qui ont risqué leur vie ont été oubliés, l’Etat aurait dû offrir une somme aux employés pour se remonter le moral », s’est-il indigné.
Miss Ebirim, copropriétaire de Jah live village a affirmé avoir perçu une somme d’1 million 100 milles francs avant de renchérir : « ceux qui étaient chargés du partage de l’argent ont inscrit leur connaissance à la liste pour récupérer l’argent, pourtant leur proche n’avait rien avoir avec cette compensation. C’est méchant de faire ça ».
‘’ La sécurité en permanence’’
Dans toutes les ruelles du quartier France, sur les plages et hôtels, les forces de sécurité étaient présentes. D’autres sur des motos sillonnaient la plage Bassamoise. Les hôteliers que nous avons interrogés sont satisfaits du travail qu’abattent les forces de sécurité. « Ils sont là en permanence » affirme Miss Ebirim
Jusqu’à 12 heures ou nous quittions les lieux, ces hôtels victimes du mémorable 13 mars 2016 étaient toujours déserts, sauf la plage qui était occupée par des élèves et étudiants venus se baigner dans l’océan.