Attentat en France : au moins 84 morts à Nice, l’état d’urgence prolongé de 3 mois
Un camion a foncé ce jeudi 14 juillet au soir dans la foule sur la promenade des Anglais à Nice pendant le feu d’artifice de la Fête nationale, faisant au moins 84 morts, des dizaines de blessés, et laissant 18 personnes dans un état d’« urgence absolue », selon le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve. Le président Hollande a parlé d’« une attaque dont le caractère terroriste ne peut être nié ». La section antiterroriste du parquet de Paris s’est saisie de l’enquête. L’état d’urgence va être prolongé.
■ Que s’est-il passé ?
Vers 23 h, la foule est massée sur la très touristique promenade des Anglais pour les traditionnelles festivités du 14-Juillet. Le feu d’artifice vient de s’achever quand un camion blanc fonce dans la foule. Il écrase sur une distance de deux kilomètres les personnes se trouvant sur son chemin.
Le chauffeur du camion de 19 tonnes a été abattu par la police. « Au moment où il a été abattu par les policiers, il avait fait feu plusieurs fois », a souligné vendredi le premier adjoint Les Républicains de la ville de Nice et président de la région PACA, Christian Estrosi.
Vers 23h20, un important périmètre de sécurité a immédiatement été mis en place à proximité de la promenade des Anglais totalement bouclée. De nombreuses ambulances et des membres des forces de l’ordre et des militaires se sont ensuite déployés en nombre, notamment autour de la place Masséna.
L’attaque a suscité un mouvement de panique. Un journaliste du quotidien Nice-Matin, qui se trouvait sur place, décrit une scène de panique au moment de l’incident, quand un journaliste de l’AFP parle d’un « chaos absolu ». « Des gens hurlaient. […] Nous avons vu des gens touchés et des débris voler partout », a-t-il encore raconté, ajoutant qu’il avait très vite compris, « qu’un camion de cette taille avec une trajectoire en ligne droite » ne pouvait être qu’un « acte totalement délibéré ».
TEMOIGNAGE
■ Quel sont les premiers élements de l’enquête ?
La section antiterroriste du parquet de Paris s’est saisie de l’enquête. « La piste terroriste est privilégiée », a déclaré une source proche de l’enquête citée par l’AFP. Le sous-préfet évoque une « attaque criminelle de grande ampleur ».
« La détermination du tueur ne fait pas de doute mais il est encore trop tôt pour savoir si c’est un terroriste ou non », a expliqué une source policière.
Une « grenade inopérante » a été retrouvée dans le camion ainsi que « des armes longues factices », selon une source policière. Avant de trouver la mort, le forcené a tiré à l’aide d’un pistolet.
■ Qui est le chauffeur ?
« L’identification du chauffeur du camion est encore en cours », a déclaré vers 3h20 une source policière. Des papiers d’identité au nom d’un Franco-Tunisien ont été retrouvés dans le camion, selon cette même source. Selon ces papiers d’identité, l’homme est âgé de 31 ans et domicilié à Nice, relate la même source citée par l’AFP.
Ce dernier était-il seul ? « Des investigations sont menées pour savoir si l’individu a agi seul ou s’il a bénéficié de complices qui auraient pris la fuite », a affirmé le porte-parole du ministère de l’Intérieur.
■ Comment ont réagi les autorités ?
Le président François Hollande a parlé d’« une attaque dont le caractère terroriste ne peut être nié ». « C’est toute la France qui est sous la menace du terrorisme islamiste », a affirmé le chef de l’Etat lors d’une allocution télévisée prononcée en pleine nuit depuis le palais de l’Elysée. L’attentat n’a pas encore été revendiqué.
Au cours de cette intervention, le président de la République a annoncé la prolongation de trois mois de l’état d’urgence, qui devait s’achever le 26 juillet. De même, il a annoncé qu’il ferait « appel à la réserve opérationnelle », c’est-à-dire à tous ceux qui à un moment ont été sous les drapeaux ou dans les effectifs de la gendarmerie pour venir soulager les effectifs de policiers et de gendarmes.
■ Des réactions politiques
Depuis l’annonce de l’attaque, les réactions des politiques se multiplient, essentiellement sur Twitter, pour exprimer leur effroi et leur soutien à la population niçoise. Le président du parti Les Républicains Nicolas Sarkozy a ainsi exprimé sur le réseau social son « émotion profonde » et sa « solidarité à l’égard des Niçois ». Un sentiment partagé par la maire PS de Paris Anne Hidalgo. « Nos villes sont unies », a-t-elle twitté.
Outre-Atlantique, Barack Obama a condamné « ce qui semble être un odieux attentat terroriste », commis à Nice, et a promis l’aide des Etats-Unis aux autorités françaises, indique la Maison Blanche dans un communiqué.
■ Une mobilsation sur les réseaux sociaux
La mobilisation est de mise sur les réseaux sociaux. Facebook a lancé son outil Safety Check pour permettre aux usagers de signaler à leurs proches qu’ils sont en sécurité. Sur Twitter, les utilisateurs lancent le hashtag #PortesOuvertesNice pour permettre aux personnes ne pouvant rentrer chez elles de trouver un endroit où se réfugier.
Sur Twitter, le CHU de Nice a annoncé le déclenchement du « plan blanc ». Mis en place depuis 2004, ce système implique la mise en alerte des hôpitaux, des services d’urgence et de tout le dispositif de santé publique. Les « plans blancs » prévoient notamment la coordination entre les services d’urgence et la réquisition des personnels médicaux et hospitaliers.
Le « plan blanc » a été déclenché, une cellule d’information du public activée à la préfecture des Alpes-Maritimes (04.93.72.22.22). Une cellule d’aide aux victimes est par ailleurs joignable au 01.43.17.56.46.
■ Une menace maximale
Depuis les attentats du 13 novembre, les forces de sécurité redoutaient un nouveau passage à l’acte. Elles ont été particulièrement sur les dents pendant l’Euro de football. Mais le gouvernement n’a eu de cesse de le répéter depuis le mois de novembre, et même avant : la menace est maximale, et ce de manière structurelle. Depuis le 13 novembre, la France vit sous état d’urgence.
Source: Rfi