Aboisso/Que de mauvaise foi entretenue par certaines autorités pour nuire….
Par Keren Bossouma/afriquematin.net
Située à 115 Km d’Abidjan, Aboisso est la locomotive de la région du Sud-Comoé. L’émulation et l’enthousiasme suscités jadis entre les fils et filles du Sanwi ont pris du plomb dans l’aile. Cette ville, où il faisait bon vivre est devenue depuis quelques années, une localité sans âme à cause de la politique. Lors d’une récente visite dans ladite localité, des natifs épris de paix ont dénoncé les attitudes et comportements de certaines autorités qui n’honorent pas leurs auteurs.
Aboisso, une agglomération au mélange de charme, de modernité et de valeurs sûres, où manger, boire et faire la fête étaient un rêve pour le citoyen, est devenue depuis quelques années, une localité où la méfiance est entretenue. A l’évidence, ce climat de suspicion qui plane comme un spectre de la mort sur la ville constitue un obstacle à son développement.
« A l’époque, Aboisso plaisait, Aboisso donnait envie d’y habiter, mais depuis presque dix ans, il n’y a pas de sérénité au sein des populations. L’entente et la cohésion ont été remplacées par des suspicions à tout venant », s’est confié sous le sceau de l’anonymat un habitant du quartier ‘’La rive gauche’’.
Ibrahim, habitant du quartier Sokoura ne dit pas le contraire. « Nous vivions en paix depuis des lustres ici à Aboisso, mais à cause de la politique, nous nous regardons presque tous en chien de faïence. Récemment, il y a eu des actes d’une autre nature qui ont été perpétrés à la mairie, j’ai condamné ce comportement de nos amis et frères… », regrette-t-il.
Kouaho E., rencontré à la place Elleingand Etché livre l’origine de ce climat de méfiance. Il pointe du doigt la politique. « Depuis, cette affaire de Rhdp est venue, nous sommes divisés. Des gens profèrent des menaces à peine voilées contre le premier responsable de la commune, Jérémie Alfred N’gouan, alors que nous sommes tous des frères et sœurs », explique le jeune natif d’Aboisso.
A quelques mètres de cet espace gastronomique, se trouve l’hôpital général, en face de la gare routière. Nous nous rendons dans cette station sanitaire pour vérifier une information que mon compagnon du jour a pu me transmettre. « Vous voyez, l’ambulance qui est garée là, elle est médicalisée, c’est le maire qui l’a offerte à la population en reconnaissance de son soutien à sa candidature pour avoir été élu. Et cela fait presque trois ans qu’elle est immobilisée, sous prétexte que l’Etat a offert des ambulances à l’hôpital. Le projet de bitumage de la voirie de la ville entamé depuis 2019 est arrêté, parce que certaines indiscrétions font savoir à l’opinion que c’est un maire d’obédience Pdci qui est là donc, sous son mandat, ces travaux ne doivent pas être réalisés pour qu’on dise qu’il a réussi » révèle Kouaho E,
Que de mauvaise foi
Toute administration est appelée à poursuivre « la continuité », dit-on, malheureusement à Aboisso, certaines autorités n’épousent pas le sens de ce mot. Sous le mandat de l’ancien maire Mamadou Kano, (2013-2018) des travaux de développement ont été entrepris à l’effet de réhabiliter, et la voirie et les trois centres de santé, mais jusqu’à ce jour il n’y a pas de résultats escomptés.
« Des travaux ont été entrepris pour la réhabilitation des centres de santé et le bitumage de la voirie, mais des mains obscures freinent leur avancement. Par exemple, au niveau des centres de santé, une équipe de la direction des infrastructures et de la maintenance du ministère est venue plusieurs fois nous visiter pour inspecter par rapport à ces travaux, ils ont demandé un certain nombre de documents relatifs à ce dossier, que nous leur avons fourni. Et à chaque fois, nous répondons à leur attente et priorité, mais nous ne maitrisons pas cet acharnement auquel nous sommes soumis. Et pire, ils nous demandent des éléments qui n’ont rien en commun avec les dossiers des travaux qui doivent être effectués. Et nous savons que toutes ces manœuvres sont orchestrées contre le mandat de l’actuel maire », dénonce Aka B, la mauvaise foi et les manœuvres de quelques autorités tapies dans l’ombre pour nuire au mandat de l’actuel maire.
Une information de taille nous apprend que, le nouveau ministre de la Santé, de l’Hygiène publique et de Couverture maladie universelle Pierre N’gou Demba a, lors de sa récente visite dans cette ville, donné des instructions fermes à l’effet d’ouvrir les centres de santé de Sokoura, du quartier TP et celui de la Rive gauche afin de soulager les populations et sauver des vies humaines.
Rappelons que la création de la ville d’Aboisso remonte dans les années 1700 et le peuple dominant et propriétaire coutumier des terres est l’ethnie Agni Sanwi appartenant au groupe Akan venu de l’actuel Ghana. Faisant partie du Royaume du Sanwi cette ville est sur le cours inférieur du fleuve Bia.
Erigée en commune de plein exercice depuis 1980, elle a connu jusqu’à ce jour quatre maires. Konan Kramo (1980-1985), Elleingand Etché (1990- 2001), Kadja N’zoré (2006), Mamadou Kano (2013-2018) et enfin depuis les dernières élections municipales Alfred Jérémie N’gouan préside aux destinées de la commune d’Aboisso.
Encadré
Il faut changer de paradigme
Les divergences politiques créent des tensions en Côte d’Ivoire depuis l’avènement du multipartisme. Les populations attendent avec désespoir le miracle qu’est la paix pour espérer le développement. La capitale du Sud Comoé refuse de prendre son envol à cause de ce fléau. Cette belle ville, jadis réputée pour son ambiance et la joie de vivre de ses populations, fait désormais peur, la mauvaise foi prend de l’ampleur, sous le regard complice de certaines autorités locales.
Nous pensons qu’il est temps que chacun prenne ses responsabilités. Il est temps que l’Etat joue son rôle. Il est temps que les autorités administratives se remettent en cause. Il n’est pas normal que la politique divise la population. Il faut changer de paradigme dans la commune d’Aboisso et même dans tout le pays avant qu’il ne soit trop tard.